Le Nouveau Voyage d’Ulysse se poursuit dans un deuxième épisode consacré à la question de l’eau en Méditerranée. Diffusé sur France 5, le jeudi 8 Août à partir de 13h40, L’eau en partage est une nouvelle occasion d’en apprendre plus sur l’interaction liant les hommes à la région de la « grande bleue ».
L’eau, au cœur des enjeux géopolitiques et sociaux de la Méditerranée
Ce deuxième volet d’un voyage télévisuel aussi étonnant qu’instructif s’intéresse à la gestion de l’eau dans le bassin méditerranéen. Le lieu de cette enquête se révèle être pertinent pour deux raisons.
La première tient dans le fait que ce carrefour de la biodiversité européenne est un des plus arides. La question de l’approvisionnement de cette ressource plus rare qu’à d’autres endroits du vieux continent est donc centrale et gérée de différentes manières en fonction des contextes géopolitiques, démographiques et sociaux des pays de la zone.
Deuxièmement, il faut savoir que ce lieu demeure, comme l’explique Hugues Ravenel, directeur du Plan Bleu(ou l’Observatoire Méditerranéen de l’Environnement et du Développement Durable), un véritable « Hotspot du réchauffement climatique ». La hausse des températures devient d’années en années de plus en plus significative, et le taux de précipitations déjà peu élevé en temps normal tend à reculer.
Entre constat et transformation, ce documentaire relève le défi de nous informer sur les enjeux sociopolitiques et écologiques que représente l’eau en Méditerranée.
L’eau méditerranéenne majoritairement accessible à tous
L’entrée en matière de ce reportage s’accompagne d’une bonne nouvelle. Elle concerne l’accès à l’eau dans l’ensemble des pays riverains de la « grande bleue ». Après des années d’efforts fournis par les pouvoirs publiques, 97.6% des habitants de la région ont accès à l’eau – soit environ 400 millions de personnes sur 430. Les 30 millions de personnes restantes habitent essentiellement dans des villages reculés où la construction de canaux d’induction en eau est difficile. Mais l’expert Hugues Ravenel se veut « optimiste » concernant la résolution de ce problème dans les délais les plus prompts.
Néanmoins, le vrai chantier actuel de l’eau en Méditerranée est lié à la question de son assainissement, encore bien inégal en fonction des localités de cette zone.
La bande de Gaza en situation de stress hydrique
L’exemple de la bande de Gaza illustre parfaitement cette problématique. Peuplé de 1.5 million d’habitants, cet Etat côtier dont la démographie augmente de manière exponentielle chaque année, connait une situation de plus en plus préoccupante en termes de gestion de l’eau. L’unique nappe phréatique dont elle bénéficie ne suffit plus à alimenter les besoins des Gazaouis. Ils consomment trois fois plus d’eau que la nappe peut en fournir. Elle n’a donc plus le temps de se recharger naturellement grâce à l’eau de pluie.
Pis, étant donné le manque prégnant de stations d’épuration dans le pays, les eaux usées non-traitées sont rejetées comme telles dans la nature, participant à la pollution de la nappe et de la mer. Une situation critique à laquelle il faut remédier le plus rapidement possible selon Robert Turner, directeur de l’unique agence des Nations-Unies consacrée à l’aide logistique et sociale du territoire enclavé : « Les dommages faits à la nappe phréatique de Gaza seront irréversibles à l’horizon 2020. Et elle sera inutilisable dès 2016. (…) Des solutions existent pour gérer le problème de l’eau à Gaza, mais la question est de savoir si on a la volonté politique de le faire et les moyens financiers. Car Gaza a des relations particulières avec ses protagonistes extérieurs. »
Quand la politique s’en mêle
Robert Turner insiste également sur l’incidence du contexte géopolitique dans la gestion de l’eau de la région gazaouie. Les tensions permanentes de Gaza avec son voisin israélien ne font tenir qu’à un fil les politiques de développement du pays.
Cette réalité, Omar I.Sahtat, directeur de la compagnie des eaux des municipalités côtières de Gaza, ne veut pas l’accepter : « Vous dites que l’eau à Gaza est un problème politique. Mais en fait c’est un problème de survie. Que cela plaise ou non, nous devons trouver un moyen de fournir à la population de l’eau propre et en abondance. Ce n’est pas une question politique, c’est une question de vie ou de mort ! »
On comprend quelque part l’émotion de cet homme. Heureusement, un signe positif semble pointer le bon de son nez. Plusieurs stations d’épuration vont voir le jour à l’horizon 2014, ce qui permettra de régénérer la nappe de Gaza. Aussi l’autorisation d’installer des stations de désalinisation de l’eau de mer est en cours de validation. Une solution « miracle » qui permettrait aux Gazaouis d’accéder chez eux à une eau du robinet potable. Enfin !
L’enjeu d’une meilleure gouvernance de l’eau en Méditerranée
Bien que l’exemple de la bande de Gaza ne soit pas le seul illustré dans ce documentaire, il semblerait qu’il met en exergue l’un des facteurs essentiels et nécessaires à la pérennité hydrique de la Méditerranée. Celle-ci tient en la capacité de chaque pays à mettre au centre de sa politique la préservation de l’eau, sa qualité et son accès. La coopération entre les nations semble être la pierre angulaire de cet enjeu.
Comme conclut le journaliste, Olivier Alleman, voix-off de ce documentaire, « Une meilleur gouvernance tant au niveau local que national se révélera bénéfique pour la gestion de l’eau des pays méditerranéens. Grâce à cela, l’eau ne sera plus ni convoitée, ni disputée, mais partagée. »
Une vision clairvoyante qui ne peut souffrir d’aucun retard dans sa mise en application. Car le temps presse.
Par Mathieu Viviani - Source de l'article Greenetvert
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