A l’heure où le débat sur l’imbroglio politique continue à occuper une large place en Tunisie, l’Agence Nationale pour la Maitrise de l’Energie (ANME) en collaboration avec l’association méditerranéenne des agences nationales de maîtrise de l’énergie (Medener), l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ont choisi de mieux sensibiliser les acteurs économiques au grand défi qu’est la transition énergétique.
Un défi de taille qui intervient au moment même où la région méditerranéenne connaît une hausse significative de sa demande en énergie primaire qui devrait atteindre 1,2 milliards de tonnes équivalent pétrole en 2020.
Face à un constat implacable de l’urgence économique et environnementale, la solution ne peut se faire qu’à travers la transition énergétique. D’ailleurs, plusieurs pays à l’instar de la France ont choisi de s’investir dans la transition énergétique en lançant un débat national sur cette question .
Il s’agit de trouver une politique commune entre les différents pays méditerranéens pour réaliser l’objectif escompté. La crise actuelle a rendu plus que nécessaire la réduction de la facture énergétique. Le dernier rapport sur le développement humain élaboré par le PNUD a démontré que plus de 80% de consommation de l’énergie est basé de fossiles, ce qui nécessite un véritable partenariat pour lutter contre cet effet néfaste.
Partant de cette vérité, une journée de réflexion s’est tenue, ce mercredi 18 septembre, à Tunis autour du thème « la région Méditerranée en route vers une transition énergétique ; Enjeux, Moyens et Perspectives ».
C’est une occasion propice pour l’ensemble des professionnels pour partager une vision commune sur les défis et les enjeux énergétiques de la région dans un monde marqué par la raréfaction des ressources et par une croissance inédite de la consommation énergétique.
La Méditerranée a besoin d’une vision partagée
Intervenant à cette rencontre, Nidhal Ouerfelli, secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’industrie chargé de l’Energie et des Mines, a fait savoir que la transition énergétique est avant tout une transition industrielle et sociale pour les pays développés et une nécessité immédiate pour les pays en développement y compris la Tunisie. En effet, le bilan énergétique de la Tunisie montre une évolution contrastée entre la stagnation des ressources énergétiques et l’augmentation de la demande. Chose qui a engendré un déficit énergétique qui ne cesse de s’aggraver en rendant la Tunisie plus dépendante en approvisionnement en énergie fossile. Pis, le coût du combustible pèse pour plus de 70% sur le coût de revient de l’électricité en Tunisie en enregistrant une augmentation en 2013 de 1$ sur le baril, ce qui a pour répercussion l’alourdissement de 30 millions de DT der la facture combustible de la Steg et du budget de l’Etat.
Dans pareille situation, une transformation en profondeur des modes de production et de consommation d’énergie s’avère une nécessite en impliquant l’ensemble des intervenants.
Au niveau régional, la Méditerranée doit, selon Ouerfelli, jouer un rôle important dans la mise en place d’une politique commune cohérente et visionnaire qui consiste à pérenniser la sécurité d’approvisionnement énergétique des pays de la région en appuyant les activités portant sur la sobriété, l’efficacité énergétique, le développement des énergies renouvelables et l’interconnexion électrique et gazière.
Pour y parvenir, cette vision devrait reposer sur l’accélération de la réalisation du PST, l’achèvement de la boucle électrique par le biais de l’interconnexion Sud-Sud mais aussi Nord-Sud. A cela s’ajoute le renforcement de la coopération bilatérale dans un contexte multilatérale.
La transition énergétique porteuse de croissance et d’emploi
Virginie Schwarz, présidente de Medener, réseau de l’efficacité énergétique, a considéré, de son côté, que la transition est porteuse d’emplois et de croissance. Exposant l’expérience française, elle a noté que les estimations de l’ADEM tablent sur la création de 700 mille postes d’emploi. Pour elle, la vision est claire : une baisse de l’utilisation de l’énergie de 20% à l’horizon 2030, avec une faible contribution du secteur du transport.
Un avis partagé par Noura Laarousi, directrice générale de l’ANME, qui a signalé que la transition énergétique permettrait une diversification de l’employabilité en Tunisie puisque « les emplois qu’on ne va pas créer dans les énergies fossiles, vont également se créer dans le secteur des énergies renouvelables ».
Pour Noura Laarousi, « la transition énergétique est un grand créateur d’emplois indirects surtout dans le domaine de la construction dans les parcs éoliens et photovoltaïques nécessitant déjà une vaste main d’œuvre ». Et d’ajouter que « en tant que pays qui a une expérience industrielle assez importante notamment dans les industries mécaniques et électriques, nous devons profiter de ces créneaux pour nous positionner dans la fabrication de certaines composantes qui seront destinées à l’exportation ».
Par Wiem Thebti - Source de l'article Africanmanager
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