Les relations économiques régionales restent dissymétriques entre pays du Nord et pays du Sud ces derniers dépendant fortement de leurs voisins développés.
L’influence de l’Europe sur son voisinage est grande, mais davantage dans le domaine des subventions, des migrations et surtout de l’énergie, que dans le domaine du commerce et de l’investissement. L’influence de l’Europe sur ses voisinages recule, sauf pour ce qui concerne les nouveaux états membres entrés dans l’UE en 2004 et 2007.
Les relations économiques régionales conditionnent beaucoup les relations politiques comme le montre le revirement de la diplomatie commerciale japonaise en faveur de sa région après la crise financière asiatique de 1997-1998 et le refus des états-Unis d’y favoriser une entraide japonaise et chinoise. Ce sont quelques “conclusions stratégiques” de l’Atlas des intégrations régionales publié par Pierre Beckouche, conseiller scientifique de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed). L’atlas compare l’intégration euroméditerranéenne à celle des autres grandes régions du monde, notamment l’Alena et l’Asie orientale. Il se limite à la géographie des échanges économiques des pays composant ces régions, à travers quelques grands indicateurs : commerce, investissement et migrations. “Mais cette géographie des échanges donne déjà de précieux enseignements comme le contraste entre la rapidité de l’intégration asiatique et la lenteur de celle qui a lieu en Méditerranée”, souligne Ipemed.
Elle montre que les bases d’une intégration euro-méditerranéenne sont solides, que le “voisinage” restent stratégiques pour l’économie européenne et que la profondeur historique des migrations entre les deux rives de la Méditerranée est le plus puissant facteur de leur rapprochement.
Pour l’auteur de l’étude, “face à la montée en puissance asiatique, le salut euroméditerranéen est dans la régionalisation”. Le document relève que l’Europe n’a pas réalisé avec les pays du sud et de l’est de la Méditerranée (Psem) le redéploiement de l’appareil productif et le partage de la chaîne de valeur. “Cela contribue à expliquer que les performances économiques de ces pays méditerranéens restent très en deçà de leur potentiel”, estime Pierre Beckouche. Pour autant, ils ont réussi une remarquable stabilisation macroéconomique en bonne partie sous la pression des accords d’association avec l’Union européenne. Selon cet Atlas, depuis une quinzaine d’années, la régionalisation commerciale recule… La Méditerranée, qu’analysent le Femise ou la Banque mondiale, connaît une dé-régionalisation commerciale.
La part de l’UE dans le commerce international des pays du Mena est passée de 41% en 1998 à 29% en 2008.
De même, selon le Femise, la part de l’UE dans les exportations ou les importations des Psem est passée, depuis le lancement du processus de Barcelone, de 53% à un peu plus de 40%. “C’est au moment où les Psem entrent vraiment dans les échanges internationaux et commencent à attirer des IDE, qu’ils s’éloignent de l’Europe. Les Psem trouvent de nouveaux débouchés commerciaux entre eux, ainsi qu’en Asie, en Amérique du Nord, dans le Golfe, un peu – mais encore très peu – en Afrique subsaharienne”, lit-on dans l’Atlas. En matière d’investissements directs étrangers, les Psem restent également des pays marginaux dans l’attraction des IDE mondiaux. L’Afrique du Nord attire toujours moins de 1% des flux totaux, le Proche-Orient arabe (hors Turquie et Israël) moins de 0,5%. La période post-crise confirme la puissance asiatique : l’Asie orientale continue d’attirer un nombre toujours plus important d’IDE. Seuls 0,4% des IDE venus d’Europe s’investissent dans les Psem. Les états-Unis et surtout le Japon investissent davantage que l’Europe dans leurs périphéries. Pour autant, l’UE reste le principal fournisseur d’investissements directs des Psem, hors Turquie. Mais avec une part relative déclinante (et située bien en deçà de sa part relative dans les échanges de marchandises) : plus de 50% au début des années 2000, à peine 30% en 2010, alors que le Golfe fournit plus de 20% des IDE qui entrent dans les Psem, la proportion étant encore plus élevée en Méditerranée orientale.
Source de l'article Liberté Algérie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire