L'accord de pêche entre l'UE et le Maroc, conclu en 2007, n'avait pas été reconduit fin 2011 par le parlement européen. Les parlementaires à Strasbourg avaient cédé aux pressions des ONG, pour qui cet accord incluait des zones de pêche au Sahara Occidental, un territoire non encore autonome. Le débat pour un nouvel accord, ficelé entre Rabat et Bruxelles, est de nouveau sur la table des parlementaires européens.
Ceux-ci doivent voter en commission le 27 novembre prochain en faveur ou contre cet accord, dont les termes ont été revus par le Maroc et l'Union européenne. Après près de six mois de discussions et six rounds de négociations, Rabat et Bruxelles sont parvenus, durant l'été dernier, à ficeler un accord conclu sur le 'fil du rasoir''. Pour autant, le Maroc a eu gain de cause en obtenant une contrepartie financière à la hauteur de ses exigences, soit un peu plus de 38 millions d'euros par an dont la moitié ira au développement du secteur marocain de la pêche. Les européens, sous la poussée de l'Espagne qui ferraillait dur pour obtenir de nouvelles licences de pêche pour ses armateurs, ont cependant refréné leur ardeur, en diminuant le nombre de navires autorisés. Avec une durée de quatre ans, le nouveau protocole, sur le plan technique, prévoit six catégories de pêche avec une réduction des possibilités de pêche par rapport au précédent. Seuls 126 navires européens seront autorisés à pêcher contre 137 auparavant. Ce protocole prévoit une contrepartie financière totale annuelle estimée à 40 millions d'euros, soit un peu plus que les 36,1 millions d'euros que Bruxelles versait au Maroc en vertu de l'ancien protocole 2007-2011. Près de 14 millions d’euros de cette enveloppe iront au renforcement du secteur marocain de la pêche.
Un accord en violation du droit international
L'ancien accord de pêche de 2007 n'avait pas été renouvelé fin décembre 2011 par les députés européens, qui l'avaient rejeté en recommandant que les intérêts du peuple du Sahara occidental soient "mieux pris en compte". Cet accord accordait 119 licences de pêche à la flotte européenne, dont une centaine de bateaux espagnols. L'ancien accord de pêche avait été dénoncé par plusieurs ONG, selon lesquelles il était en "violation du droit international", le Sahara occidental n'étant pas encore autonome et le dossier de sa décolonisation restant de la responsabilité des Nations Unies. D'autant que l'intervention dans les eaux du Sahara Occidental des navires-usines européens est une des causes de l'appauvrissement des populations du littoral sahraoui, dont la maigre flottille pêche de moins en moins de poissons. C'est du moins une des conclusions de l'enquête menée par l'américain Raf Custers dans son récent livre ''Chasseurs de matières premières''. Pour lui, les pêcheurs de Sidi Ifni, sur la côte atlantique, se ''font appauvrir par les bateaux-usines occidentaux qui épuisent le poisson''.
Source de l'article le Maghrebemergent
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