Immigration : L'UE veut reproduire sa coopération avec le Maroc dans d'autres pays

La mort de plus de 300 migrants, il y a quelques semaines à Lampedusa, reste encore présente dans les mémoires. L’Union Européenne réfléchit aujourd’hui à revoir sa stratégie migratoire en jetant les bases d'une politique commune pour associer les pays émetteurs au contrôle des flux. 


Un schéma quasi similaire à celui qui lie l’UE au Maroc. Pourtant, les gouvernements européens adoptent des mesures drastiques pour contrôler leur frontière mais la Commission européenne insiste sur le fait que le Vieux Continent aura besoin de main d’œuvre étrangère lorsque la crise sera terminée.

L’Europe veut tant bien que mal éviter le pire suite à la mort, dans des conditions tragiques, de 360 immigrants dernièrement à Lampedusa. En effet, la commission européenne réfléchit à une nouvelle politique commune sur l’immigration. D’après El Pais, celle-ci devrait permettre des « entrées plus souples » dans l’UE. Bruxelles a invité les pays européens à penser aux propositions à long terme, soulignant que l’Europe aura besoin de main d’œuvre lorsque la crise sera terminée.

Reproduire la même coopération conclue avec Maroc dans d’autres pays
La Commission a d’ailleurs pris ses devants. Pour elle, il est nécessaire de « donner une alternative légale aux milliers de personnes qui risquent leur vie en haute mer pour rejoindre l'Europe ». « L'un des principaux paris pour les années à venir consiste à explorer les accords de mobilité entre l'UE et les pays d'origine, qui offrent une flexibilité dans les entrées au lieu des contrôles aux frontières », explique-t-elle. Bruxelles va donc s’inspirer de l’accord conclu avec le Maroc et en faire de même avec la Jordanie, la Tunisie et l'Égypte.

Depuis quatorze ans, la Commission lutte pour adopter une démarche visant à approcher la législation européenne avec des critères communs pour régler l'immigration de travail. Elle souhaite combattre les entrées illégales et les réseaux de trafic en signant des accords avec les pays d'origine. Pour Anna Terrón, ex-secrétaire d'État espagnole à l'Immigration « l'aspect unique qui n’a pas connu d’avancées dans ces années est la régulation de l'immigration de travail ».

L’Europe a besoin de travailleurs étrangers
Selon Charles Coelho, député européen portugais, « une politique commune d'immigration est nécessaire et nous ne l'avons pas ». « Nous savons qu'il n'est pas possible de soutenir la croissance économique de l'Europe sans les étrangers. Pour cela, nous avons à définir quelle immigration nous voulons. Le problème n'est pas le manque de solutions, mais le manque de volonté politique pour le faire », regrette-t-il dans les colonnes d’El Pais.

Pour soutenir le projet communautaire, l’Europe aura de toute façon besoin d’autres travailleurs. Aujourd’hui, malgré les taux élevés de chômage, de nombreux pays ont du mal à répondre à la demande dans certaines professions (ingénieurs en Allemagne ou infirmières au Royaume-Uni par exemple). Selon un porte-parole de la Commission, « il est temps pour l'Europe d'ouvrir les yeux. L'immigration a été l'un des débats les plus importants et, par conséquent, moins discuté au cours des cinq dernières années ».

Les gouvernements et la Commission ne sont pas sur la même longueur d'ondes
Il y a seulement quelques jours, le commissaire de l’Intérieur, Cecilia Malmström, avait proposé de créer des visas temporaires pour des motifs humanitaires à l'intérieur du groupe de travail qui doit décider cette année de la manière de réagir face aux naufrages en Méditerranée. « La proposition a été immédiatement rejetée par les États membres…», explique une source de la Commission.

Tout compte fait, les chefs d'État et de gouvernement doivent analyser, en décembre prochain, les résultats de cette mission pour prendre des mesures. Mais pour plusieurs sources diplomatiques, il ne faut s’attendre à de grandes nouveautés. A en croire El Pais, ce débat « fait même peur » aux dirigeants européens surtout que les élections européennes sont prévues l’année prochaine.

Mi ocotbre, le président français François Hollande avait indiqué qu'il proposerait une politique basée sur « la prévention, la solidarité et la protection ». Mais les gouvernements européens, pressés par la crise, se consacrent plus sur le côté répressif en renforçant la sécurité contre les entrées irrégulières et en durcissant les politiques sociales. Le débat est tourné sur la façon de mieux protéger les frontières de la Méditerranée alors que les entrées maritimes ne représentent que 10% du total, d'après l'Agence des droits fondamentaux.

Par El Hadji Mamadou Gueye - Source de l'articel Yabiladi

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