La France tente de relancer une Union pour la Méditerranée grippée par les crises

A l’occasion d’une réunion à Paris pour évoquer les projets de développement durable, les pays membres de l’Union pour la Méditerranée reprennent leurs travaux après six mois au ralenti.
Paris relance l'Union pour la Méditerranée (UPM). Bloquée par les évènements de Gaza du début de l’année 2009 et le refroidissement des relations israélo-palestiniennes qui ont suivi, l’UPM serait prête à repartir, un an après son lancement officiel.
Des délégations des 43 pays membres sont en effet reçues par le ministère de l’Ecologie, jeudi 25 juin, pour faire le point sur les projets de développement durable.
« L’UPM a connu un fort ralentissement à partir de janvier. […] Nous avons convaincu nos partenaires de reprendre les réunions au niveau formel », a indiqué le conseiller technique chargé de l’Economie et des finances à la cellule de l’UPM de l’Elysée, Gilles Mentré, lors d’une conférence organisée par la Fondation pour l’innovation politique le 19 juin.
Et si le processus est reparti, c’est « uniquement parce que nous avions changé de paramètre de coopération », ajoute-t-il. Contrairement aux réunions du processus de Barcelone, qui rassemblaient ambassadeurs et experts, les rencontres de l’Union pour la Méditerranée réunissent chefs d’Etat et de gouvernement. Un souhait du président français à l’initiative du projet, et un « atout précieux », selon Gilles Mentré. Ce qui a permis, selon les diplomates présents, de surmonter la crise de Gaza sans qu’aucun pays n’envisage de quitter l'UPM.
Un point de vue partagé par le président de l’Institut du monde arabe, Dominique Baudis. « C’était une erreur de lancer le processus de Barcelone simplement à un niveau ministériel. Quand l’initiative est prise au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, l’impact politique est plus fort.»
Quoi qu’il en soit, l’UPM en est encore au démarrage. Lancée en grande pompe le 13 juillet 2008 à Paris, l’Union pour la Méditerranée s’est alors vu doter d’une coprésidence franco-egyptienne. Dans le domaine institutionnel, si l'on sait déjà que le secrétariat général se situera à Barcelone, l'équipe qui le composera reste encore à constituer.
«Tous les pays de la rive sud de la Méditerranée ont été d’accord pour y renoncer à condition que leur voisin ne l’ait pas », a expliqué Dominique Baudis. La nomination de ce secrétariat général devrait cependant intervenir d’ici la fin de l’année, les conditions politiques étant « à nouveau réunies », a indiqué Gilles Mentré.
Un Israélien et un Palestinien devraient figurer parmi les secrétaires généraux adjoints. Cette tentative de rapprocher les deux camps par le biais de l’UPM semble s’arrêter là. L’objectif du projet est bel et bien de lier les pays du pourtour méditerranéen par le biais de projets concrets. Ainsi, selon la conception française de cette Union, les difficultés entre les Etats membres de l’UPM ne devraient réellement pas constituer d’obstacles à l’avancement du projet. « Il faut d’abord construire des solidarités concrètes pour intégrer la zone et permettre les conditions de paix », a réitéré Gilles Mentré.


Vers un partenariat énergétique?
Parmi elles, les coopérations énergétiques ont été mises en avant au cours de la conférence. « Ce ne serait pas la première fois que l’économique, à travers l’énergie, pourrait servir d’effet de levier », a indiqué le directeur de la communication et des affaires publiques de RTE, Michel Derdevet. Une allusion à la construction de la communauté européenne du charbon et de l’acier, projet à l’origine de l’Union européenne actuelle.
9% de la demande d’énergie mondiale vient du pourtour méditerranéen. La croissance électrique des pays du sud est de 6 à 7% contre 1% pour le nord. « Encourager les pays proches à travailler entre eux a un sens, a-t-il ajouté. Notre interdépendance peut déboucher sur un concept de partenariat énergétique. »
Mais cette logique de projet semble cependant loin d’être partagée par tous les protagonistes. « On ne peut pas faire abstraction de ce conflit israélo-palestinien. Les questions identitaires doivent êtres réglées avant de faire l’UPM », a lancé le directeur de la représentation diplomatique de la Ligue des Etats arabes à Paris, Nassif Hitti au cours d’un discours sur l’UPM pour le moins engagé. « Il ne faut pas que le processus devienne otage.
Mais on ne peut pas faire abstraction de la situation. Sans Madrid, il n’y aurait pas eu Barcelone. Si on ne retrouve pas l’esprit de Madrid, il n’y aura pas de Barcelone un, deux, ou trois », a-t-il ajouté. En 1991, la conférence de Madrid avait favorisé les discussions de paix qui conduisirent aux Accords d'Oslo de 1993 et au traité de paix israélo-jordanien de 1994.
« L’UPM est en difficulté puisque les Etats membres qui la composent sont en panne », a pour sa part ajouté Asteris Huliaras, professeur associé au département de géographie de l’université Harokopion d’Athènes.
« Le vrai bilan de l’UPM sera à faire deux ans après le lancement », a tenté de rassurer Gilles Mentré. Les réalisations de projets concrets, tels que le plan solaire ou les autoroutes de la mer ont donc encore un an pour commencer à porter leurs fruits.
Par euractiv.fr - le 26 juin 2009

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