Financé par la Commission européenne, le projet audiovisuel EuroMed News veut rendre les politiques européennes accessibles et concrètes aux populations des pays sud-méditerranéens, à travers des échanges et des co-productions de reportages.
Pas assez concrète, l'Europe? Sur les deux rives de la Méditerranée, le reproche est aussi identique que récurrent. Pour y remédier, la Commission européenne lance le projet EuroMed-News, un contorsium entre France Télévisions et six chaînes publiques de pays du sud de la Méditerrannée (Maroc, Algérie, Lybie, Jordanie, Syrie, Liban), visant à échanger et à co-produire des sujets d'actualité traitant de près ou de loin des politiques européennes au Proche-Orient et au Maghreb.
Les partenaires concernés étaient cette semaine à Beyrouth, pour le troisième comité de pilotage d'EuroMed-News depuis mars 2009, date du début du projet, qui a cours jusqu'en février prochain. "L'idée est de sensibiliser les citoyens au partenariat Euro-méditerranéen qui est maintenant bien installé, explique-t-on à ladirection des relations internationales de France Télévisions.
Il faut montrer que c'est non seulement une bonne idée, mais aussi une réalité concrète, et conséquente pour les populations."
Pour ce faire, le volume demandé par Bruxelles s'élève à près de 300 sujets courts, en format journal télévisé, une quarantaine de sujets magazine de 13 minutes, et neuf documentaires sur des sujets aussi variés qu'un projet d'irrigation du Sud-Liban - financé par l'UE - une association de prévention routière algérienne - financée par...l'UE -, ou encore une association palestinienne d'éducation musicale également soutenue par Bruxelles.
En tout 17 heures de programmes échangés ou co-produits, réalisés et diffusés sur moins d'un an.
Sujets euro-compatibles
Mais information n'étant pas communication, chaque rédaction garde en principe sa ligne éditoriale, bien que "supervisées" par l'Union des diffuseurs des pays Arabes (ASBU), le COPEAM et l'Union européenne de radio-télévision (UER).
"Le sujet est valide tant qu'il est compatible avec le partenariat euro-méditérannéen, précise-t-on à France Télévisions. Mais on peut aussi montrer ce qui ne marche pas à propos des politiques euro-méditerranéennes".
Chez le producteur exécutif d'EuroMed-News, l'Algérien Lyes Belaribi, le ton semble un peu moins favorable aux reportages "poil à gratter" : "Ces produits audiovisuels (...) décriront des pays en marche vers le progrès et le développement avec la contribution des franges actives et créatives de la société (...)
Ils délivreront un message d'espoir en l'avenir d'une région qui finira par surmonter ses divergences et ses conflits pour redevenir un espace de rayonnement culturel." Un bien vaste programme pour les journalistes des chaînes partenaires, et avec des moyens conséquents: EuroMed est l'un des treize programmes du projet "Information et communication" lancé l'an dernier par la Commission de Bruxelles.
Sur la table, pour la "zone de voisinnage" de l'UE: 21 millions d'euros, dont 12 millions alloués à la rive sud de la Méditerrannée pour la période 2008-2011.
Spots publicitaires
Parmi ces projets, "Europa Jaratouna", lancé à Beyrouth en juin dernier et qui associe l'Orient le Jour, le quotidien panarabe basé à Londres Al-Hayat, le Commerce du Levant et la chaîne libanaise LBC pour des échanges et de la production de contenus.
Même principe: montrer l'action de l'Europe en faveur de l'espace euro-méditerranéen. Mais les résultats semblent assez mitigés. "Pour l'instant, Jaratouna ne fait pas d'audience, et n'a pas d'impact sur l'opinion", estime Jihad Bitar, consultant spécialisé dans les médias du monde arabe.
"Les contenus sous forme de reportages, de magazines ou de documentaires peuvent devenir très populaires, mais si cela ressemble à de la publicité en plus long, les gens ne s'y intéresseront pas. Sans préjuger de l'indépendance des journalistes, si un reportage est perçu comme un spot publicitaire, le projet ne marchera pas," prévient-il.
"L'Europe ne doit pas faire la même erreur que les Etats-Unis, qui n'intéressent pas plus de monde quand ils essayent de "vendre" l'Amérique au monde Arabe. Il faut certes que les sujets parlent d'Europe, mais avant tout de ce qui intéresse les populations des pays Arabes."
Par Walid Berrissou - ililoubnan.info - Le 02 octobre 2009
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire