La septième édition du Festival du court métrage méditerranéen se poursuit à Tanger avec une programmation dense et riche en diversités d’approches esthétiques et thématiques. Une première observation s’impose au terme du mi-parcours : le court-métrage se forge lentement mais sûrement son public.
Les observateurs ont constaté en effet que la plupart des séances de projection connaissent une grande affluence du public professionnel mais aussi d’un public nombreux, jeunes et cinéphiles.
Sur le plan de la démarche esthétique qui caractérise cette édition, on peut dire que la séance d’ouverture a déjà donné le ton avec la projection du film « La falaise » de Faouzi Bensaidi ; un film inaugural au sens fort du mot. Le geste (de la programmation) est en fait à lire comme un hommage à un cinéaste qui constitue aujourd’hui la figure emblématique du renouvellement générationnel ouvert au milieu des années 90.
Mais le film « La falaise » est aussi une proposition de programme pédagogique à la nouvelle génération des cinéastes arrivés au court métrage souvent par le biais de la disponibilité de création offerte par le numérique.
Le film de Bensaidi rappelle que l’écriture du court-métrage s’inscrit aussi dans la perspective historique du cinéma ; c’est ce que le film instaure par la réhabilitation du plan comme fondement du langage cinématographique. « La falaise » est à lire dans ce sens comme une prise en compte de l’héritage accumulé depuis le passage du plan fixe originel à la séquence montée et portée par le mouvement de la caméra. Le film est quasiment muet confortant ce désir d’appropriation du cinéma comme il s’exprime par ses moyens.
Un exercice utile (entre autres) est de lire les autres films projetés notamment dans le cadre de la compétition officielle en rapport à cet étalon. Un travail d’esthète qui ne manque pas de plaisir. En confrontant les images entre elles, venant d’horizons divers, on s’aperçoit tout de suite d’une première constatation : la grande différence des options d’écriture offertes par la sélection officielle.
Une différence qui inclut aussi un décalage…déjà au niveau du dispositif de tournage. Les films réalisés en 35 mm s’imposent d’emblée comme démarche spécifique et puis il y a toute la panoplie de formes que permet aujourd’hui la vidéo.
Alors mettre en parallèle un film jordanien tourné en dispositif amateur avec un film turc puisant dans la grande tradition cinématographique du pays, la différence est flagrante…mais l’exerce est didactique : le rôle d’un festival, c’est aussi de monter ce qui se fait ailleurs et de confronter ses expériences même si certaines en sont encore à des étapes de naïvetés.
La production marocaine est omniprésente ; toute une section lui est dédiée. Elle donne un aperçu de l’état des lieux. Globalement, on peut dire qu’il y a encore du pain sur la planche…et la balle cette fois est du côté des producteurs et des cinéastes. Des lacunes criantes sont visibles «à l’œil nu» au niveau de l’écriture dramatique, de la structure même du court-métrage une idée brève, une chute et un univers cohérent.
Le jeune Mourad Khaoudi, présent en compétition officielle avec Allo pizza est sur la bonne voie ; il a déjà un univers de référence, une approche cinématographique du sujet.
La soirée des écoles est révélatrice dans ce sens : les trois établissements présents ont donné une idée des tendances qui s’y dessinent : l’ESAV de Marrakech s’inscrit dans le sillage d’un cinéma d’auteur et de création servi par une qualité de l’image ; l’institut d’Ouarzazate a présenté des courts marqués par le contexte culturel et les conditions de production internationales (reconstitution historique, péplum…) ; les productions de l’école de Rabat portent l’empreinte de la proximité avec la télévision et le téléfilm…
Par 1stactu.com - octobre 2009
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