Le Maroc a lancé en novembre dernier un grand chantier solaire baptisé «Projet marocain de l'énergie solaire» avec un investissement de 9 milliards de dollars. Ce programme de valorisation des énergies renouvelables (ER) devrait porter, à l'horizon 2020, la puissance électrique installée d'origine solaire à 2.000 méga watt (MW). Pour réaliser ces objectifs, le choix de technologies adéquates s'impose.
Pour l'heure, comment les Marocains perçoivent-ils ce grand projet ? «Nous avons constaté que nombreux sont ceux qui associent la production d'électricité à partir de l'énergie solaire au seul photovoltaïque», répond Driss Zejli, responsable de l'Unité des technologies et économie des énergies renouvelables (TEER), au Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST).
Ce dernier opte plutôt pour la technologie thermo solaire à concentration étant donné l'immensité de ce projet (2.000 MW) qui ne peut être associé au seul photovoltaïque.
Selon les experts, le kilowatt (kW) installé photovoltaïque peut coûter aujourd'hui jusqu'à deux fois le prix du thermo solaire. De plus, le photovoltaïque a souvent concerné les petites installations et donc l'électrification décentralisée où il est plus rentable. «Le photovoltaïque ne pourrait donc constituer qu'une petite composante de ce grand projet. L'acquisition de cette technologie pourrait s'inscrire dans le cadre d'une feuille de route de programme orienté vers le long terme. Contrairement au photovoltaïque, les technologies thermo solaires à concentration, et spécialement les centrales à tours et les centrales à miroirs cylindroparaboliques, ont été conçues exclusivement pour les grandes installations depuis leur première utilisation commerciale dans les années 80 aux Etats-Unis d'Amérique», souligne M. Zejli. Et d'ajouter: «Il convient par ailleurs de signaler que ces centrales thermo solaires peuvent fonctionner tout comme les centrales thermiques conventionnelles en faisant appel au stockage de l'énergie. Et c'est à ce niveau que réside la grande différence avec le photovoltaïque et aussi l'éolien. En effet, l'investissement dans le stockage réduit le coût du kWh produit par les centrales thermo solaires à concentration alors qu'il l'augmente de façon très significative dans le cas du photovoltaïque et de l'éolien».
D'après les observateurs, avec cette composante thermo solaire, les objectifs de ce projet peuvent s'inscrire parfaitement dans la stratégie des grands programmes solaires internationaux tels que Desertec et le Plan solaire méditerranéen. Le transfert de cette technologie simple au Maroc peut engendrer l'émergence d'un tissu industriel à fort potentiel de création d'emplois et de richesse.
Convaincu de l'avènement certain de ce type de technologie au Maroc et conscient de l'énorme besoin en formation pour mettre en phase le développement de ces technologies dans le Royaume, le CNRST a organisé il y a déjà trois ans une école d'été sur les ER consacrée en grande partie à ce type de technologie et ce, en collaboration avec un centre de recherche espagnol (CIEMAT) qui abrite la plus grande plateforme solaire européenne.
Pour Abdelfattah Barhdadi, professeur à l'Ecole normale supérieure (ENS) de Rabat, «la technologie photovoltaïque ne peut être vite écartée. En effet, les sites choisis pour implanter les futures centrales solaires marocaines se caractérisent par des terrains vastes et un taux d'ensoleillement qui peut dépasser les 10 kWh/m²/j. Ces deux conditions sont très favorables pour installer certes des centrales thermo solaires mais aussi des centrales photovoltaïques basées sur l'utilisation de photopiles conventionnelles en silicium massif à rendement standard ou des photopiles en couches minces pas chères». Toujours selon M. Barhdadi, «notre pays n'a pas besoin d'investir dans une technologie photovoltaïque onéreuse. Bien au contraire, avec le savoir-faire et l'expertise nationale dans ce domaine (d'après l'étude récente effectuée par l'Académie Hassan II des sciences et techniques, 56% des chercheurs marocains actifs sur la thématique de l'énergie solaire sont des spécialistes de la technologie photovoltaïque), le Maroc est même en mesure de monter sa propre unité de production de photopiles compétitives pour réaliser, s'il le veut, ses futures installations photovoltaïques et concrétiser son projet solaire. La conversion photovoltaïque conventionnelle de l'énergie solaire peut donc aussi constituer une composante majeure dans la réalisation du projet solaire marocain».
Choix technologique
«Concernant le projet solaire marocain, il est prématuré aujourd'hui de parler de choix technologique sur le long terme. En revanche, il existe une dynamique internationale dans les filières photovoltaïque et thermo-solaire et chacune d'elle connaît un taux de croissance important. Par ailleurs, la mise en œuvre du projet solaire marocain mobilisera des mécanismes financiers innovants qui doivent prendre en considération les enjeux énergétiques régionaux et internationaux », souligne Mohamed Berdaï, spécialiste en énergies renouvelables. Et d'ajouter : « C'est vrai qu'il y a dans le monde un vent favorable au solaire, mais le plus important pour le Maroc, c'est de se positionner à l'international pour ne pas être seulement un consommateur d'énergies renouvelables, mais aussi en tant qu'acteur dans ce secteur. L'idée d'être présent dans cette dynamique va nous permettre d'intégrer telle ou telle technologie». Toujours, selon cet expert « le plan solaire marocain n'est pas seulement un programme d'équipement, mais il intègre également la composante industrielle et recherche-développement. »
Par Lematin.ma - le 1 mars 2010
Pour l'heure, comment les Marocains perçoivent-ils ce grand projet ? «Nous avons constaté que nombreux sont ceux qui associent la production d'électricité à partir de l'énergie solaire au seul photovoltaïque», répond Driss Zejli, responsable de l'Unité des technologies et économie des énergies renouvelables (TEER), au Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST).
Ce dernier opte plutôt pour la technologie thermo solaire à concentration étant donné l'immensité de ce projet (2.000 MW) qui ne peut être associé au seul photovoltaïque.
Selon les experts, le kilowatt (kW) installé photovoltaïque peut coûter aujourd'hui jusqu'à deux fois le prix du thermo solaire. De plus, le photovoltaïque a souvent concerné les petites installations et donc l'électrification décentralisée où il est plus rentable. «Le photovoltaïque ne pourrait donc constituer qu'une petite composante de ce grand projet. L'acquisition de cette technologie pourrait s'inscrire dans le cadre d'une feuille de route de programme orienté vers le long terme. Contrairement au photovoltaïque, les technologies thermo solaires à concentration, et spécialement les centrales à tours et les centrales à miroirs cylindroparaboliques, ont été conçues exclusivement pour les grandes installations depuis leur première utilisation commerciale dans les années 80 aux Etats-Unis d'Amérique», souligne M. Zejli. Et d'ajouter: «Il convient par ailleurs de signaler que ces centrales thermo solaires peuvent fonctionner tout comme les centrales thermiques conventionnelles en faisant appel au stockage de l'énergie. Et c'est à ce niveau que réside la grande différence avec le photovoltaïque et aussi l'éolien. En effet, l'investissement dans le stockage réduit le coût du kWh produit par les centrales thermo solaires à concentration alors qu'il l'augmente de façon très significative dans le cas du photovoltaïque et de l'éolien».
D'après les observateurs, avec cette composante thermo solaire, les objectifs de ce projet peuvent s'inscrire parfaitement dans la stratégie des grands programmes solaires internationaux tels que Desertec et le Plan solaire méditerranéen. Le transfert de cette technologie simple au Maroc peut engendrer l'émergence d'un tissu industriel à fort potentiel de création d'emplois et de richesse.
Convaincu de l'avènement certain de ce type de technologie au Maroc et conscient de l'énorme besoin en formation pour mettre en phase le développement de ces technologies dans le Royaume, le CNRST a organisé il y a déjà trois ans une école d'été sur les ER consacrée en grande partie à ce type de technologie et ce, en collaboration avec un centre de recherche espagnol (CIEMAT) qui abrite la plus grande plateforme solaire européenne.
Pour Abdelfattah Barhdadi, professeur à l'Ecole normale supérieure (ENS) de Rabat, «la technologie photovoltaïque ne peut être vite écartée. En effet, les sites choisis pour implanter les futures centrales solaires marocaines se caractérisent par des terrains vastes et un taux d'ensoleillement qui peut dépasser les 10 kWh/m²/j. Ces deux conditions sont très favorables pour installer certes des centrales thermo solaires mais aussi des centrales photovoltaïques basées sur l'utilisation de photopiles conventionnelles en silicium massif à rendement standard ou des photopiles en couches minces pas chères». Toujours selon M. Barhdadi, «notre pays n'a pas besoin d'investir dans une technologie photovoltaïque onéreuse. Bien au contraire, avec le savoir-faire et l'expertise nationale dans ce domaine (d'après l'étude récente effectuée par l'Académie Hassan II des sciences et techniques, 56% des chercheurs marocains actifs sur la thématique de l'énergie solaire sont des spécialistes de la technologie photovoltaïque), le Maroc est même en mesure de monter sa propre unité de production de photopiles compétitives pour réaliser, s'il le veut, ses futures installations photovoltaïques et concrétiser son projet solaire. La conversion photovoltaïque conventionnelle de l'énergie solaire peut donc aussi constituer une composante majeure dans la réalisation du projet solaire marocain».
Choix technologique
«Concernant le projet solaire marocain, il est prématuré aujourd'hui de parler de choix technologique sur le long terme. En revanche, il existe une dynamique internationale dans les filières photovoltaïque et thermo-solaire et chacune d'elle connaît un taux de croissance important. Par ailleurs, la mise en œuvre du projet solaire marocain mobilisera des mécanismes financiers innovants qui doivent prendre en considération les enjeux énergétiques régionaux et internationaux », souligne Mohamed Berdaï, spécialiste en énergies renouvelables. Et d'ajouter : « C'est vrai qu'il y a dans le monde un vent favorable au solaire, mais le plus important pour le Maroc, c'est de se positionner à l'international pour ne pas être seulement un consommateur d'énergies renouvelables, mais aussi en tant qu'acteur dans ce secteur. L'idée d'être présent dans cette dynamique va nous permettre d'intégrer telle ou telle technologie». Toujours, selon cet expert « le plan solaire marocain n'est pas seulement un programme d'équipement, mais il intègre également la composante industrielle et recherche-développement. »
Par Lematin.ma - le 1 mars 2010
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire