- Dynamique dans les années 2000, la région a manqué de vigueur durant la dernière décennie
- Face à 25% de ses jeunes sans emploi et des seuils de pauvreté qui s’accentuent
Même si les perspectives économiques de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, publiées par le FMI fin 2017 sont plutôt optimistes, la croissance restera modérée, selon les experts du fonds monétaire. Et pour cause: contrairement à d’autres nations, les pays de la région Mena ne sont pas parvenus à instaurer cette croissance qui profite à tous.
Les jeunes et les femmes du Mena sont très vulnérables. Le taux de chômage chez les premiers atteint les 24,6%, et 17,4% chez les femmes en âge de travailler |
La mise en œuvre d’une croissance inclusive dans le monde arabe sera justement au cœur des débats de la conférence de haut niveau qui démarre aujourd’hui à Marrakech à l’initiative du FMI en partenariat avec le Fonds Monétaire Arabe (FMA) et le Gouvernement du Maroc.
Dynamique au milieu de la décennie 2000, la croissance dans la région a manqué de vigueur durant la majeure partie de la dernière décennie, très pénalisée par la crise financière mondiale, la chute des cours du pétrole depuis 2014, les conflits régionaux et une tendance de stagnation de la productivité dans les pays de la région.
Ainsi, malgré la hausse de la croissance moyenne du PIB régional en 2016, le taux de croissance moyen depuis 2009 est inférieur d’un tiers au taux moyen enregistré entre 2000 et 2008 et a baissé de plus de moitié par rapport au pic de 2003. Si techniquement, les indicateurs de pauvreté semblent bas, de 26 à 51% des habitants des pays émergents et des pays à faible revenu de la région Mena sont pauvres sur la base de critères multidimensionnels du programme des Nations Unies pour le développement.
Le taux de pauvreté est également élevé dans les zones rurales et défavorisées sachant que près de 60% des pauvres vivent en zone rurale. La pauvreté progresse aussi fortement dans les pays en conflit (Irak, Libye, Syrie et Yémen). Enfin, les populations de la région s’inquiètent du fait que les opportunités et l’accès aux services publics ne sont pas les mêmes pour tous.
D’après l’enquête «Arab Barometer», 70% des citoyens estiment que «les efforts gouvernementaux pour réduire l’écart entre les riches et les pauvres sont peu, voire très peu, efficaces» et ils sont 60 % à considérer que l’amélioration des services essentiels de santé est insuffisante.
Une des grandes difficultés de la région est que les questions économiques et financières, qui devraient être au centre des débats, sont marginalisées estime le directeur du département Moyen-Orient et Asie du FMI, Jihad Azour (cf. L’Economiste du 7 novembre 2017). Alors pour initier un taux de croissance plus élevé et surtout plus inclusif, Azour a quelques pistes. «Travailler sur les compétences en passant d’une éducation école/université à une éducation sur toute la carrière. Il s’agit également d’améliorer l’accès aux marchés, à la finance. Bref travailler à plus de justice économique».
Le Fonds monétaire établit des scores de gouvernance dans la région Mena. Sur les 6 dernières années, ses notes se sont nettement écroulées, montrant moins d’efficacité, moins de qualité et une lutte moins acharnée contre la corruption entre 2010 et 2016 |
Car, la région fait également face à des taux de chômage élevés, en particulier chez les jeunes. En 2016, le taux de chômage était de 10,6 % et environ 25 % des jeunes étaient sans emploi. Avec une population composée à plus de 60 % de personnes de moins de 30 ans, la région a désespérément besoin d’une croissance plus vigoureuse et de plus d’emplois. Selon les toutes dernières estimations de l’Organisation internationale du travail, environ 5,5 millions de jeunes arriveront chaque année sur le marché du travail dans les 5 prochaines années. Créer des emplois devient ainsi la priorité de la région Mena pour absorber les 26 millions de jeunes qui devraient arriver sur le marché du travail d’ici 2022.
D’après les experts du FMI, mais aussi d’autres institutions, si la croissance annuelle de l’emploi pouvait augmenter de 0,5 point supplémentaire, la croissance du PIB réel atteindrait 5,5 % par an et le revenu réel par habitant progresserait de 3,8 % chaque année. En revanche, si le rythme de croissance et de création d’emplois ne s’accélère pas, le chômage pourrait s’élever à 14 % d’ici 2030 et le taux d’activité, stagner.
Pour le FMI, la création d’emplois doit s’inscrire dans une démarche globale fondée sur des réformes visant à diversifier et développer le secteur privé. Cela nécessite une amélioration de l’environnement des affaires et le cadre réglementaire, l’accès aux financements, l’égalité des opportunités pour que les petites entreprises puissent livrer concurrence aux grandes entreprises et aux entreprises d’État…Un climat d’affaire sain et des politiques capables d’attirer les investisseurs étrangers et de l’innovation.
Par Badra BERRISSOULE - Source de l'article l’Économiste
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