Méditerranée - L'Union Européenne face à la crise Tunisienne

La révolution de Jasmin met à nu les faiblesses de la politique étrangère de l’Europe
D’un côté de la Méditerranée, les Tunisiens s’engagent avec courage et confiance sur la voie d’un avenir qu’on espère librement choisi. Sur l’autre rive, l’Union européenne et ses Etats membres hésitent et temporisent. La Révolution dite « de Jasmin » et la succession du Président Zine e-Abidine Ben Ali mettent à jour les faiblesses de la politique étrangère de l’UE.


Ce n’est qu’au bout de 29 jours de la Révolution de Jasmin que la Haute Représentante pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton, et le Commissaire pour l’élargissement et la politique de voisinage, Štefan Füle, se sont manifestés. Mais ce n’est pas tant la vitesse de réaction que le ton et le contenu des déclarations qui ont rendu patente leur position hésitante.
L’UE et les 29 jours de la Révolution de Jasmin
Lady Ashon et Štefan Füle ont fait connaître leur position le 10 janvier : « [Le] processus de renforcement [des relations bilatérales] nécessitera des engagements accrus de la part des deux partenaires sur l’ensemble des questions, notamment dans le domaine des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Nous espérons que notre partenaire tunisien ne décevra pas les ambitions et les attentes placées dans notre relation. » On n’imaginait pas une prise de distance à l’égard des pratiques brutales des dirigeants tunisiens. 72 heures plus tard, les Tunisiens chassaient leur Président.
Problèmes structurels et politiques des relations extérieures de l’UE
Les réactions de l’UE dès les premiers événements en Tunisie ont mis la lumière sur les problèmes des relations extérieures de l’UE, et particulièrement de la politique européenne de voisinage. Trois problèmes peuvent être relevés : deux sont structurels, le dernier est de nature politique.
Le premier problème structurel saute aux yeux dès la lecture des communiqués de presse sur la Tunisie. Le Traité de Lisbonne ambitionnait une politique extérieure coordonnée, avec la création d’un Haut Représentant pour la Politique extérieure et de sécurité. Mais de nombreux portefeuilles ne sont toujours pas gérés par une seule personne.
Aux côtés de Lady Ashton, Štefan Füle s’est senti compétent concernant la Tunisie, puisque la politique européenne de voisinage relève en partie de son portefeuille. Cette double responsabilité implique un surcroît de coordination et des lourdeurs dans la rapidité de la réaction. Toutefois, lorsque le nombre de commissaire sera réduit comme prévu par le Traité de Lisbonne, le Haut représentant devrait reprendre le dossier de la politique de voisinage.
La Politique européenne de voisinage, ou le fil du rasoir
La Politique européenne de voisinage est née de l’élargissement à l’Est de l’UE. Le but est de tisser des liens plus forts avec les nouveaux voisins orientaux. Ensuite élargie à l’espace méditerranéen, ces deux dimensions méridionale et orientale sont fusionnées en 2007. Elles donnent naissance à l’instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP). L’objectif de l’IEVP est de faire progresser la stabilité, la sécurité, la prospérité et la bonne gouvernance dans les pays frontaliers.
En pratique, des rapports par pays ont d’abord évalué les possibilités de coopération (Tunisie 2004). Des plans d’actions ont ensuite été développés pour les différents pays (2005-2007). Ces plans contiennent notamment des mesures de soutien et la mise à disposition de moyens financiers européens. En échange des réformes sont entreprises dans les secteurs de la justice, de l’administration, de l’éducation et de l’économie.
Mais l’UE a du mal à trouver le juste équilibre entre la démocratisation et les intérêts économiques.
Traduit par Emmanuel Vallens, Marian Schreier - http://www.taurillon.org/3970
.

Aucun commentaire: