Maroc-Belgique: En quête de nouvelles opportunités

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Pour Didier Reynders, vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères et européennes, il est important de renforcer «les actions triangulaires, avec des entreprises belges et marocaines, qui pourraient travailler ensemble dans des pays africains» (Ph. Jean-Pol Schrauwen)
Relance des échanges commerciaux, technologies vertes, santé, enseignement, terrorisme,… les dossiers traités par Didier Reynders, vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères et européennes, lors de sa visite au Maroc sont multiples. 

Selon lui, pour doper les échanges entre les deux pays, «il faut tout d’abord accompagner les réformes qui sont en cours au Maroc».

L’autre démarche consisterait à amener de plus en plus d’acteurs sur le marché national. Dans les prochains mois, des missions régionales sont programmées et devront s’achever en novembre par un déplacement de plus de 400 responsables d’entreprises et d’universités belges, mené par la princesse Astride.

- L’Economiste: Les échanges entre le Maroc et la Belgique ne sont pas en grande forme, à peine 1,4 milliard d’euros. Que faut-il faire pour les doper?

- Didier Reynders: Il y a eu effectivement une diminution des exportations marocaines ces deux dernières années vers la Belgique alors que nous avons continué à beaucoup travailler avec plus de 1.800 entreprises belges qui exportent vers le Maroc. Pour les doper, il faut tout d’abord accompagner les réformes qui sont en cours au Maroc. J’en ai d’ailleurs parlé avec le chef du gouvernement. C’est une très bonne chose de voir des réformes qui permettent de développer l’industrialisation. J’ai vu notamment le développement des secteurs automobile, aéronautique, avec des efforts qui sont réalisés pour passer vers une économie plus industrielle et moins focalisée sur l’agriculture. L’autre démarche consiste à amener de plus en plus d’acteurs au Maroc. Nous allons le faire cette année à travers des missions régionales dans les prochains mois pour s’achever en novembre par une mission de plus de 400 responsables d’entreprises et d’universités belges, menée par la princesse Astride.

- Sur quels secteurs cette mission va-t-elle se focaliser?

- Elle va d’abord continuer à travailler dans tous les domaines où nous sommes déjà présents. En plus de 1.800 entreprises belges qui exportent au Maroc, d’autres qui sont déjà présentes dans le domaine portuaire par exemple, nous avons obtenu des contrats pour le développement de plusieurs ports. Mais nous voulons aussi montrer de nouveaux signaux. Je pense par exemple au développement des technologies vertes, nous avons en Belgique une expertise dans l’économie d’énergie, les énergies renouvelables mais aussi dans la distribution et l’assainissement de l’eau. L’eau et le traitement des déchets vont revenir de plus en plus dans le débat sur les changements climatiques. Nous serons également présents avec des acteurs dans le domaine de la santé car il y a des besoins importants en matière hospitalière. Nous allons continuer dans la même voie, en y amenant de nouvelles technologies et de nouveaux thèmes.

- Le Maroc est de plus en plus présent en Afrique. Que peut faire la Belgique dans ce processus?

- Ce qui est important surtout est de saluer le retour du Maroc dans l’Union africaine et la nouvelle politique initiée par Sa Majesté dans le paysage africain, de renouer les contacts pas seulement dans l’Afrique de l’ouest mais d’aller vers l’Est africain, l’Afrique australe, être un peu partout. Vous savez que nous avons un rôle particulier en Afrique centrale. Nous aimerions d’abord échanger et travailler ensemble sur les grandes questions politiques qui touchent à l’Afrique, que des pays africains et européens travaillent ensemble sans avoir ce sentiment d’ancienne puissance qui viendrait s’occuper du débat africain. On doit vraiment travailler côte à côte. Ensuite, il s’agit de tenter de développer des activités sur les plans de l’investissement et du commerce. Je crois beaucoup à des actions trilatérales, c’est-à-dire des entreprises belges et marocaines, des centres de recherche d’universités qui pourraient aller collaborer ensemble dans d’autres pays du continent. Nous aurons l’occasion notamment dans les missions économiques de développer fortement cette orientation.

- Plusieurs pays européens et africains bénéficient de la formation des imams. Cela vous intéresse-t-il aussi?
- Bien entendu, c’est un thème de premier ordre. A la fois la formation mais aussi la maîtrise du lieu du culte, de faire en sorte que ce soient les communautés locales qui gèrent leurs mosquées, la formation et qui amènent dès lors les citoyens à devenir des imams. C’est un dossier que le Maroc a très bien réussi au fil des années et sur lequel nous souhaitons travailler ensemble.

- L’école belge au Maroc est très prisée. Comment expliquez-vous cet engouement?
- La qualité de l’enseignement prodigué doit y être pour beaucoup. Je sais que plusieurs ambassadeurs y ont été attentifs. Nous allons en ouvrir une autre. Il est important que nous puissions vraiment démontrer qu’il est possible d’attirer des jeunes et leurs familles à travers la qualité de l’enseignement dispensé. Et nous essayons d’avoir, avec les moyens de la Belgique, des écoles de qualité dans plusieurs endroits du monde. C’est le cas aussi en Belgique où nous constatons qu’il y a de plus en plus de jeunes marocains qui viennent dans nos universités, ce qui est une excellente chose également.
Propos recueillis par Mohamed CHAOUI

La Belgique décore El Yazami
Didier Reynders a remis au président du CNDH, Driss El Yazami, la décoration d’officier de l’ordre de Léopold mercredi soir à la résidence de l’ambassade de la Belgique à Rabat. L’ordre de Léopold est la plus haute distinction de Belgique. Il a été instauré en 1832 par Léopold Ier, Roi des belges, en tant qu’ordre du mérite et ordre dynastique. Cette distinction lui a été remise à l’occasion de la visite au Maroc du vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères et européennes.
Terrorisme: Mieux prévenir et lutter contre la radicalisation

«Entre nos deux pays, nous avons de plus en plus d’échange d’informations et c’est une chose importante», souligne Didier Reynders. Pour lui «c’est l’enjeu majeur dans la lutte contre le terrorisme immédiat, c’est-à-dire de pouvoir identifier les personnes, les retrouver et les poursuivre jusqu’à les faire condamner si nous avons affaire à des individus dangereux ayant développé des activités terroristes».

L’autre grand enjeu sur lequel les deux pays travaillent est la prévention et la lutte contre la radicalisation. «J’ai déjà eu de nombreux contacts concernant par exemple la formation des imams, la manière de faire vivre une communauté musulmane en accord avec les valeurs et la culture de son propre pays.

Ce que l’on fait très bien au Maroc, et ce que nous faisons parfois un peu moins bien en Europe, parfois avec des imams venus des pays du Golfe ayant une autre vision de l’islam que celle qui devrait être présente normalement en Europe».

Le Vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères et européennes espère pouvoir collaborer avec le Maroc en s’inspirant de la même démarche que le Royaume a développé avec l’Italie et la France. L’objectif étant de réfléchir en commun «à cette manière de former les imams et faire en sorte que ce soient les communautés locales qui gèrent elles-mêmes leur culte et ne se laissent pas influencer parfois par des courants extrémistes».

Par Mohamed Chaoui - Source de l'article l’Économiste

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