L’observatoire méditerranéen de l’énergie a présenté la première édition de l’étude Mediterranean energy perspectives. Cette publication, qui sera désormais annuelle, met en lumière l’évolution de la demande prévisionnelle en énergie de la région.
A travers le mediterranean energy perspectives 2008, l’observatoire méditerranéen de l’énergie (OME) entend donner une projection des marchés énergétiques méditerranéens jusqu’en 2030. Basé sur l’évolution des populations, la croissance économique et les prix internationaux des énergies fossiles, cette étude livre un scénario de l’évolution de la demande en énergie des pays du pourtour méditerranéen, soit 24 pays ou agrégats.
L’étude, qui n’est ''qu’une'' projection, présuppose qu’il n’y aura aucune déviation majeure des politiques énergétiques en place ou en cours d’application.
Le mediterranean energy perspectives 2008 révèle une augmentation de la demande énergétique d’ici 2030, la plupart de la demande en hausse provenant des pays du Sud. Si la production énergétique de la région va augmenter sur cette même période, elle ne sera pas suffisante pour répondre à la hausse de la demande.
La dépendance énergétique de la région va donc elle aussi augmenter. Concernant la production électrique, l’étude souligne une nécessaire augmentation des capacités de production mais aussi des interconnexions. Enfin, l’étude précise qu’aujourd’hui les potentiels éoliens et solaires, notamment des pays du Sud, sont inexploités.
Le scénario concernant ces énergies est conservateur et projette une part des énergies renouvelables dans la fourniture totale d’énergie primaire de 11 % en 2030 contre 7 % en 2005.
Une consommation en hausse principalement basée sur les énergies fossiles
La région méditerranéenne représente 9 % de la demande mondiale en énergie aujourd’hui. Cette part devrait rester relativement stable jusqu’en 2030 malgré une augmentation de la demande.
Celle-ci devrait en effet croître de 1,5 % par an pour atteindre 1.426 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) par personne par an en 2030, contre 990 Mtep en 2005. La plus grande part de la demande va venir des pays du Sud dont la Turquie, due à l’augmentation de la population et à la croissance économique. Cela va changer la donne. Jusqu’à aujourd’hui, le Nord représentait près des deux tiers de la demande, le Sud un tiers. En 2030, le rapport va s’équilibrer : 58 % de la demande pour le Nord, 42 % pour le Sud, note Lisa Guarrera, de l’OME.
Le secteur du transport restera le plus gros consommateur d’énergie en 2030. Le secteur résidentiel devrait augmenter encore sa part. Dans le Sud, la part de l’industrie dans la consommation totale finale va baisser. Nous tendons aujourd’hui vers des sociétés de service.
Tout comme aujourd’hui, les énergies fossiles représenteront en 2030 près de 80 % de la demande en énergie. Le pétrole, bien que perdant des parts au profit du gaz, restera la source d’énergie dominante.
La demande en charbon continuera à croître fortement pour atteindre 12 % du mix énergétique en 2030. Les énergies renouvelables connaîtront la plus forte croissance (3,5 % par an en moyenne) et représenteront 11 % de la demande énergétique.
La production énergétique de la région devrait augmenter de 20 % d’ici 2030. La production pétrolière devrait augmenter de 20 %, la production gazière devrait quant à elle doubler.
L’augmentation de la production d’énergie régionale ne devrait cependant pas amoindrir la dépendance énergétique des pays du pourtour méditerranéen. En 2030, la région devra importer plus de 39 % de ses besoins en pétrole et 28 % de ses besoins en gaz.
Face à ce constat écologiquement sombre, l’étude précise que la poursuite des politiques actuelles ne favorisera pas un futur énergétique enviable pour la région méditerranéenne, à moins que d’immenses efforts soient entrepris pour améliorer l’efficacité énergétique et diversifier les sources d’énergies importées, en tenant compte également de l’important développement des énergies renouvelables.
Les enjeux énergie par énergie
La Méditerranée détient 4,6 % des réserves mondiales avérées de pétrole, réparties principalement sur 3 pays : l’Algérie, l’Egypte et la Libye. Environ 40 Mtep de capacité de raffinage devraient être ajoutées en 2015, 60 Mtep d’ici 2030. L’étude de l’OME prévoit que la région aura atteint son pic de production de pétrole en 2020. Parallèlement la demande en pétrole devrait augmenter, principalement en provenance des pays du Sud. La région devra faire face à un surplus d’essence. Les régions d’import, en particulier les Etats-Unis, ne pourront probablement pas absorber ce surplus. En revanche, la Méditerranée sera confrontée à un déficit de gazole. La Russie, principal fournisseur de la région, pourrait ne plus satisfaire l’ensemble des besoins de la région dès 2015.
La production de gaz, principalement située en Algérie, Egypte et Libye, devrait quant à elle doubler. La demande devrait passer de 300 bcm* en 2007 à 500 bcm. La production d’électricité devrait rester le secteur le plus consommateur de gaz. Le développement du réseau de transport gazier à l’avenir constitue un enjeu fondamental pour la région.
Concernant la production d’électricité, les capacités de production devront être augmentées pour répondre à la hausse de la demande de 80 % d’ici 2030. L’étude estime à 450 milliards $ les besoins d’investissements dans des infrastructures d’ici 2020 et souligne l’urgence du développement de bonnes interconnexions. La production électrique sera issue du gaz naturel pour les pays du Sud et du nucléaire pour les pays du Nord.
La part des énergies renouvelables devrait passer de 7 % en 2005 à 11 % en 2030, ce qui est assez faible en comparaison de l’énorme potentiel d’énergies renouvelables disponibles dans la région, souligne l’étude. L’hydroélectricité devrait encore constituer une grande part de production d’électricité renouvelable (80 %). Paradoxalement, au vu du potentiel des pays du Sud, les pays du Nord sont aujourd’hui les plus gros producteurs d’énergie renouvelable de la région avec près de 70 % de l’électricité renouvelable. Cette contribution devrait diminuer à 60 % en 2030.
L’OME qui est l’un des acteurs du Plan solaire pour la Méditerranée qui prévoit l’installation de 20 GW d’ici 2020, présentera le 16 décembre prochain un plan d’action pour le développement des énergies renouvelables dans les pays Sud et Est méditerranéens.
* milliards de m3
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