Maghreb des marchés à prendre sur fond de risques

  • Libye, Tunisie… un gisement d'opportunités à manier avec des (...). ... d'opportunités à manier avec des pincettes 
  • Algérie: le modèle économique montre ses limites 
  • Maroc: le difficile pari de la convergence industrielle ...
Trois ans après le tourbillon du printemps arabe, l’heure est au bilan. Le Maghreb est encore l’épicentre du chamboulement de la carte politique régionale dont les motivations premières étaient d’abord socio-économiques.


Maghreb Des marchés à prendre sur fond de risques
Le problème majeur de la région est le chômage qui a été une des causes
du printemps arabe. Source: Coface
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C’est dans ce contexte politique régional que le Maghreb traverse le marasme économique dû à la récession européenne qui n’a fait qu’aggraver encore plus la situation. En dépit de cette conjoncture peu favorable, la région reste un vivier d’opportunités. Libye, Tunisie, Algérie, Maroc… La radioscopie des forces et faiblesses augure une reprise de l’économie, qui reste conditionnée au retour de la stabilité.
Et c’est bien là l’un des arguments forts du Maroc qui devrait enregistrer cette année une croissance de 3,8% et une dette publique de 69,5%. Au 1er trimestre, le taux de chômage aura été de 10,2%. La Coface attribue un A4 en risque et climat des affaires au Maroc. L’attractivité du Royaume réside aussi dans ses ressources naturelles, surtout agricoles et dans son potentiel touristique. En plus de la mise en œuvre d’une stratégie de montée en gamme et de diversification de la production dans des activités comme l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, la chimie, le textile/cuir, l’agroalimentaire; L’activité économique du Maroc reste à caractère cyclique, à cause de la dépendance aux performances du secteur agricole (près de 40% de la population active) et à la conjoncture morose en Europe, principal partenaire économique du Royaume. La croissance reste par ailleurs tributaire des fluctuations des cours internationaux d’hydrocarbures importés. Dépendance que le pays compte réduire progressivement en développant l’alternative des énergies renouvelables. Une stratégie louable mais dont l’impact ne sera pas immédiat. Pour sa part, le déficit commercial devrait être partiellement compensé par les services grâce à un tourisme fortement lié à la demande européenne et aux transferts de la diaspora. Une dynamique qui permettra à terme d’atténuer le déficit des comptes extérieurs, financés en partie par des investissements directs étrangers (IDE), provenant principalement de l’UE et du Moyen-Orient (CCG). De plus, avec un régime de change administré et une réduction escomptée du déficit extérieur, le pays devrait être plus résilient face à une crise de change. Tout le pari reste à implémenter une réelle convergence industrielle. 
Autre économie prometteuse dans la région, la Tunisie post-Ben Ali qui traîne encore les stigmates de sa révolution, le taux de croissance du pays est estimé à 3% pour 2014, pour une dette publique de 52% et un taux de chômage de 16,5%. Avec une note «B» en risque d’investissement et en «climat des affaires», et malgré ses ressources naturelles (gaz, phosphates), agricoles, son tourisme et sa main-d’œuvre qualifiée; le pays du jasmin pâtit encore de fortes inégalités sociales et géographiques. S’y ajoutent un taux de chômage assez élevé principalement chez les jeunes diplômés et un secteur touristique miné par des problèmes d’instabilité. Selon la Banque centrale tunisienne, les autorités visent un taux de croissance de 4% pour l’année en cours qui repose sur un développement soutenu des industries manufacturières et des services. Du côté de la demande intérieure, une hausse de 5% de la consommation et des investissements est envisagée. En raison de coupes dans les dépenses courantes et les subventions, le déficit budgétaire pourrait légèrement se tasser en 2014. La dette publique pour sa part (supérieure en part de PIB, à la moyenne des pays émergents comparables) augmente graduellement. Toutefois, l’une des grandes menaces de la Tunisie reste la faiblesse du secteur bancaire. Les agences de notation ont constaté une hausse des incidents de paiement et un allongement des délais de recouvrement des créances.
Du côté de l’Algérie dont la croissance (pour 2014) est estimée à 3,6%, une dette publique d’à peine 14,5% et un taux de chômage de 9%; le principal atout réside dans les réserves importantes d’hydrocarbures. C’est aussi l’un des rares pays de la région à n’avoir connu presque aucune transformation suite au printemps arabe. Le voisin de l’Est jouit aussi d’une solide capacité financière et d’un potentiel dans les énergies renouvelables. En revanche, il souffre du syndrome hollandais avec une économie orientée importations massives de produits manufacturés contre exportations d’hydrocarbures. L’économie algérienne pâtit également d’une forte dépendance de situations de rentes. S’y ajoutent le poids excessif du secteur public, un des taux de chômage les plus élevés de la région chez les jeunes et un environnement des affaires problématique.
Pour sa part, la Libye reste à ce jour un foyer de tensions sociales et de contestations populaires. Une situation qui s’est exacerbée depuis la chute du régime Kadhafi. La croissance pour 2014 devrait s’établir à 8%, une dette publique de 4% et un taux de chômage frôlant les 30%. Notifié d’un D en risque d’investissement et de la même note en climat des affaires le pays reste embourbé dans une situation sécuritaire critique bloquant même les exportations du pétrole.
Pour rappel, les hydrocarbures libyens représentent environ 95% des recettes budgétaires et 98% des exportations, rendant les comptes publics et extérieurs vulnérables aux aléas du marché (les réserves de pétrole et de gaz sont respectivement estimés à 76 et 94 années de production). Le pays pâtit aussi du délabrement des infrastructures nécessaires à l’exportation des hydrocarbures, suite à la guerre civile et au vide politique.

Par Amne Atter - Source de l'article l’Économiste

Chômage: L’après-printemps arabe
Excepté le Maroc, où des initiatives pour favoriser l’emploi était déjà existantes avant 2011 (Anapec, Idmaj, Moukawalati) et l’Algérie qui opte pour l’embauche massive dans le secteur public, le problème du chômage reste le dénominateur commun de la région.  Pour Tripoli, la priorité est la réintégration dans la vie civile des 145.000 combattants démobilisés. Une commission des affaires relatives aux combattants (WAC) a été créée avec un budget d’environ 1 milliard de dinars libyens, qui propose 3 programmes: Ifad (visant à encourager les jeunes à poursuivre leurs études à l’étranger), Kader (qui prévoit de faire suivre aux ex-combattants sans qualification des formations professionnelles à l’étranger). Pour sa part, le dispositif Tamouh aide les jeunes à créer leur propre entreprise. La Tunisie pour sa part a élaboré un plan d’urgence pour l’emploi articulé autour de 4 axes: la création d’emplois, la promotion de l’entrepreneuriat et de la micro-entreprise, la protection des emplois menacés et l’intégration des chômeurs grâce à la formation Amal (mêlant mentorat, stages et une allocation mensuelle pour un an). 

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