Le Sahara va devenir une gigantesque centrale

Des milliers de panneaux solaires devraient être installés dans le Sahara. Objectif : fournir l'Afrique du Nord en électricité et exporter le surplus en Europe.
Et si le soleil de Méditerranée éclairait l'Europe ? L'idée est en passe de se réaliser. Le Plan solaire méditerranéen, annoncé en décembre par l'Union européenne, va démarrer d'ici à la fin de l'année. Il ambitionne d'installer des milliers de panneaux photovoltaïques dans le Sahara. L'électricité produite sera utilisée par les pays du Maghreb et le surplus exporté en Europe.
Dans dix ans, le plan prévoit que 20 gigawatts de puissance (l'équivalent de 20 tranches nucléaires) devront déjà être réalisés. Cet engagement a le double avantage d'apporter énergie et ressources financières aux pays d'Afrique du Nord et de donner à l'Europe une source susceptible de l'aider à remplir son objectif de 20% d'électricité produite à partir d'énergies renouvelables d'ici à 2020, contre 8% aujourd'hui. L'apport méditerranéen ne sera pas de trop. Reste à le mettre en oeuvre.
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) calcule actuellement le potentiel de production électrique du Plan solaire méditerranéen ainsi que les investissements nécessaires à la première phase du projet. L'ingénierie, elle, est au point.
Le panneau photovoltaïque est une technologie mature qui commence à coloniser les toits européens. Outre un ensoleillement optimal, le Sahara offre toute la place nécessaire pour créer de gigantesques centrales solaires à concentration.
Dans ces usines, des réflecteurs paraboliques concentrent le rayonnement solaire sur des tubes remplis de liquide qui, chauffé, engendre de la vapeur faisant tourner un alternateur. Ces installations desserviront en priorité les villes du Maghreb. Son autonomie serait ainsi possible à condition de réduire la demande en électricité par une large diffusion d'éclairages à basse consommation, d'appareils économes et la construction de bâtiments climatiques : «Nous visons une économie de 20% par rapport à 2005», dit-on à l'Ademe.
Le surplus exporté en Europe améliorera la rentabilité des investissements et créera un revenu pour les pays du Sud. Là, tout - ou presque - reste à faire car les réseaux de transport d'électricité sont quasi inexistants.
«Le Maroc dispose d'un lien avec l'Espagne, résume Piero Gnudi, président de l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME).
Plusieurs projets d'interconnexion entre l'Afrique du Nord et l'Europe sont en cours d'étude, comprenant des câbles sous-marins entre l'Algérie ou la Tunisie d'un côté, et l'Italie de l'autre.»
Le plan solaire prévoit lui formellement une liaison Italie-Tunisie et un renforcement de la ligne existante entre la Turquie et l'Union européenne.

Repères
Selon l'Observatoire méditerranéen de l'énergie (OME), si les politiques actuelles ne sont pas modifiées, la demande en énergie du bassin Méditerranéen devrait croître de 1,5% par an pour atteindre 1,4 million de tonnes d'équivalent pétrole (tep) en 2030 contre 990 millions de tep en 2005. 80% de cette énergie proviendrait du pétrole alors que le pic de production du bassin nord-africain (Algérie, Libye, Egypte) sera atteint en 2020.
Owww.omenergie.com
Par Loïc Chauveau Sciences et Avenir - février 2009

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