De BNP Paribas à la Caisse d’épargne, en passant par la Société générale, les françaises se tournent vers le sud. Où elles se trouvent face à de puissants concurrents, dopés par l’argent du pétrole.
S’implanter partout autour de la Méditerranée, tel pourrait être le credo des banques françaises. En remportant, à la mi-2007, la première privatisation bancaire en Libye, BNP Paribas a pris un coup d’avance sur son seul concurrent sérieux dans la région, la Société générale, qui lui disputait l’opération. BNP est présente dans douze pays du Bassin méditerranéen, soit presque tous, à l’exception d’une poignée de pays comme la Croatie, Malte ou la Syrie.
S’implanter partout autour de la Méditerranée, tel pourrait être le credo des banques françaises. En remportant, à la mi-2007, la première privatisation bancaire en Libye, BNP Paribas a pris un coup d’avance sur son seul concurrent sérieux dans la région, la Société générale, qui lui disputait l’opération. BNP est présente dans douze pays du Bassin méditerranéen, soit presque tous, à l’exception d’une poignée de pays comme la Croatie, Malte ou la Syrie.
La Société générale, elle, compte de belles implantations en Afrique du Nord ainsi qu’en Europe de l’Est et au Liban. La nouveauté est que ces deux acteurs historiques sont désormais rejoints par de nouveaux concurrents hexagonaux. Parmi eux, le groupe Banque populaire mène une politique de développement forcené en Algérie, où il compte désormais vingt-cinq agences. En Tunisie, il a acquis progressivement 15 % du capital de la Banque internationale arabe de Tunisie (BIAT), première banque privée du pays. Une opération menée dans la plus grande discrétion et qui pourrait aboutir un jour à une prise de contrôle de l’établissement.
Autre acteur français, le groupe Caisse d’épargne a fait de la Méditerranée sa priorité à l’international. Il a repris l’an dernier la Banque tuniso-koweïtienne (BTK), preuve de son influence croissante, et, en mars 2008, il a accueilli au sein du conseil de surveillance de son holding international (la Financière Océor) un membre de poids en la personne de Fathallah Oualalou. Ce Marocain reconnu, ministre des Finances et de la Privatisation de 1998 à 2007, était en charge de la cession, en 2005, d’une partie du capital du Crédit immobilier et hôtelier à la Caisse d’épargne, qui, apparemment, lui sait gré d’avoir remporté cette opération.
Les Marocaines dans la course
Mais les banques françaises ne sont désormais plus seules. Plusieurs établissements européens et moyen-orientaux ont également trouvé dans la zone méditerranéenne une aire logique à leur développement. Premier sur la liste, l’italien Intesa Sanpaolo a repris en 2005 le sixième établissement de la place, la Bank of Alexandria, dont il a acquis 80 % du capital pour 1,6 milliard de dollars.
Une belle opération, derrière laquelle se cache une réelle ambition méditerranéenne jusqu’alors contrariée : candidat malheureux à la privatisation de la libyenne Wahda Bank, emportée en février dernier par l’Arab Bank, Sanpaolo a également vu lui échapper la Banque du Sud, en Tunisie, tombée dans l’escarcelle de la marocaine Attijariwafa Bank. Cette dernière fait partie, elle aussi, des établissements aux ambitions méditerranéennes : également dans la course au rachat de Wahda Bank, elle fut aussi l’une des premières à s’intéresser à l’acquisition du Crédit populaire d’Algérie (CPA), mais se trouva disqualifiée par sa trop petite taille, eu égard aux standards internationaux. Elle a tout de même demandé un agrément en Algérie, tout comme sa compatriote BMCE Bank, qui participe régulièrement aux privatisations dans la région.
Plus marginalement, d’autres acteurs, comme la libanaise Audi Bank, présente au Liban et en Égypte, figurent également dans la liste des repreneurs potentiels d’établissements au Maghreb. « Il y a une vraie logique à l’expansion des banques arabes dans la région. D’une part, compte tenu de la similitude culturelle, et, d’autre part, parce que ce sont des banques assez développées sur leurs marchés locaux et ayant une réelle expertise en termes de capacité de management, explique Mohamed Damak, analyste chez Standard & Poor’s. De plus en plus de banques du Golfe vont être intéressées par l’expansion en Afrique du Nord. »
Parmi les candidats de cette zone les plus susceptibles de contrarier les velléités françaises : la National Bank of Kuwait et l’Arab Bank (Jordanie). La première a mis la main, en 2007, sur la banque égyptienne Al Watany, et s’est offert 40 % du capital de la Turkish Bank, s’implantant coup sur coup dans deux des économies les plus importantes du Bassin méditerranéen. Dotée de filiales en Égypte, en Tunisie et au Maroc et de bureaux en Algérie, l’Arab Bank s’est quant à elle payé le luxe de voler la vedette en Libye à la Société générale, en décrochant la privatisation de la Wahda Bank. Un sérieux accroc pour sa rivale française, qui semble multiplier les déconvenues.
L’UIB à la peine en Tunisie
Fortement affectée par la crise internationale des subprimes ainsi que par les pertes enregistrées dans son activité de trading, la Société générale a également connu des déboires avec sa filiale tunisienne, l’Union internationale de banques (UIB), qui a subi l’affront de voir ses comptes 2006 rejetés, en août 2007, par l’un de ses commissaires aux comptes. Le cabinet Deloitte avait alors refusé de certifier les états financiers de l’UIB en raison d’une présentation des états financiers non conforme à la réalité, et qui « passait sous silence » des charges de 166,9 millions de dinars…
Un montant supérieur aux capitaux propres de l’établissement ! Depuis, l’UIB aurait décidé de procéder à une augmentation de capital et a nommé un nouveau directeur général. En Libye, la Société générale a échoué à prendre des participations lors des deux privatisations bancaires, qui ont eu lieu en 2007 et 2008. Sur le marché algérien, où elle a connu ces dernières années un développement spectaculaire, la banque française avait surpris nombre d’analystes en restant relativement en retrait du processus de cession du CPA, dont la privatisation a, depuis, été repoussée.
Face à cette nouvelle concurrence arabe, les Français disposent de deux atouts de poids : leur taille et leur expérience, malgré tout encore supérieures à celles des banques arabes, et la puissance financière. Pour s’assurer d’un succès, la Caisse d’épargne a ainsi aligné 170,6 millions d’euros pour l’acquisition de 60 % du capital de la BTK, qui disposait à l’époque d’un total de bilan d’environ 230 millions d’euros et de trois agences. Une fortune pour un établissement somme toute marginal dans le paysage bancaire tunisien.
En guise de comparaison, le tandem hispano-marocain Santander-Attijariwafa Bank avait payé deux ans plus tôt 40 millions d’euros pour 33,5 % du capital de l’ex-Banque du Sud, un établissement dont le total de bilan est cinq fois supérieur à celui de la BTK ! La seule limite à ces achats à coup de millions semble désormais être l’émergence de nouveaux acteurs internationaux de premier plan. Parmi eux, deux retiennent l’attention. Le groupe Citibank, déjà bien implanté en Afrique du Nord, a montré un intérêt particulier pour la zone en se portant, pour un temps, candidat au rachat du CPA, alors qu’il avait été jusqu’à présent absent des privatisations dans les pays voisins.
Le groupe HSBC, déjà présent en Égypte, a ?quant à lui obtenu un agrément début 2007 pour exercer en Algérie et s’est porté candidat au rachat de Sahara Bank en Libye. De quoi laisser à penser que ces deux géants mondiaux, à l’instar de nombre de banques arabes, pourraient contrecarrer les désirs expansionnistes des banques françaises en Méditerranée.
Frédéric MAURY - JeuneAfrique.com - article paru en mai 2008
Frédéric MAURY - JeuneAfrique.com - article paru en mai 2008
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire