La ville accueille aujourd'hui et demain les 27 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et leurs homologues des 16 pays de la rive sud. C'est le premier sommet de l'UPM depuis son lancement en juillet à Paris
L'heure d'un premier bilan de l'Union pour la Méditerranée va sonner, aujourd'hui et demain, à Marseille, où se rencontrent les 27 ministres européens des Affaires étrangères et leurs homologues des 16 pays de la rive sud. Quel chemin a été parcouru depuis le lancement de l'UPM le 13 juillet à Paris ? Nicolas Sarkozy avait alors réussi un joli sommet réunissant 40 chefs d'État et de gouvernement. Dans la foulée, le Liban et la Syrie sont convenus d'échanger des ambassadeurs.
Mais la question israélo-palestinienne n'a pas évolué et n'évoluera pas à Marseille: la ministre des Affaires étrangères Tsipi Livni, qui vient d'échouer à former un gouvernement, restera en Israël. Les ailes du rêve sarkozien d'une Union méditerranéenne ayant été rognées par l'Allemagne, qui a obligé le président français à redéfinir une Union pour la Méditerranée dans le cadre du processus de Barcelone, reste à espérer des avancées sur les projets concrets : autoroutes de la mer, dépollution, aide aux PME et à l'enseignement supérieur, Plan solaire et protection civile. Des avancées qui ne seront possibles que si une nouvelle gouvernance est adoptée.
Notre dossier montre que Marseille n'est pas favorite pour accueillir le siège de l'UPM et que les pays de la rive sud ont eux aussi leur vision de la Mare Nostrum.
L'interview de Henri Guaino / conseiller spécial du président de la République Nicolas Sorkozy, inspirateur du projet qu'il suit de près "Il faut maintenant que l'UMP soit le plus vite possible en ordre de marche"
- L'Union pour la Méditerranée a-t-elle avancé depuis son lancement au mois de juillet ?
Henri Guaino : Le sommet du 13 juillet à Paris, qui a réuni les 44 chefs d'État et de gouvernement de l'Europe et de la Méditerranée à l'initiative de la France, a constitué un succès historique en faisant s'asseoir à la même table des gens qui ne se parlaient plus et dont certains sont encore en état de guerre.
C'est dire combien l'impulsion politique donnée au lancement de l'Union pour la Méditerranée a été forte. Depuis, tout le monde s'est mis au travail pour élaborer les règles de fonctionnement de cette Union et pour faire avancer les projets qui en seront le coeur comme la dépollution de la Méditerranée, le plan solaire méditerranéen, la construction d'un espace méditerranéen de la science, d'un espace universitaire, des autoroutes de la mer, la coopération en matière de sécurité civile… Il faut maintenant que l'UPM soit le plus vite possible en ordre de marche.
Je crois qu'il y a tout lieu d'être optimiste.
- Les relations israélo-palestiniennes freinent l'avancée des discussions. Qu'en est-il exactement ?
Henri Guaino : Personne n'a jamais pensé que l'UPM allait dissoudre comme par miracle toutes les tragédies du Moyen-Orient. Faire travailler ensemble des peuples qui se combattent pour qu'ils apprennent à se connaître, à se respecter, et qui sait, peut-être un jour à s'aimer, sera de toute façon un processus très long.
Des difficultés il y en a mais elles sont en passe d'être résolues. Maintenant on va pouvoir se concentrer sur les projets, ce qui est le plus important. Plus important en tout cas que de savoir dans quelles conditions la Ligue Arabe peut prendre la parole ou à quel endroit il faut placer les virgules dans d'interminables déclarations sur le processus de paix qui ne font pas avancer la cause de la paix d'un centimètre. Est-ce difficile ? Bien sûr. Qui a jamais pensé que ce serait facile?
- Nicolas Sarkozy peut-il continuer à coprésider l'UPM s'il n'est plus président de l'UE fin décembre ?
Henri Guaino : L'accord passé avec la présidence tchèque qui laisse la coprésidence à la France est un premier pas important. Je pense qu'à Marseille on devrait pouvoir trouver une solution raisonnable pour assurer à l'UPM une certaine continuité.
L'UPM est une construction politique originale pour laquelle il faut inventer des règles qui lui permettent de fonctionner et de garantir un réel partage des responsabilités entre le Nord et le Sud. Je crois qu'on va y parvenir.
- La question de la ville candidate pour accueillir le siège de l'UPM sera tranchée. Marseille a-t-elle des chances ?
Henri Guaino : Il y a d'autres candidates, le choix sera fait par consensus, lors de ce sommet. Mais Marseille, capitale européenne de la Culture, avec son histoire, son potentiel économique, Marseille, qui est en pleine renaissance, a vocation à être l'une des grandes capitales de la Méditerranée. La France veillera à ce qu'elle joue un rôle de premier plan dans l'UPM.
- Vous étiez l'inspirateur de l'Union méditerranéenne, version 2007, êtes-vous déçu par l'Union pour la Méditerranée version 2008 ?
Henri Guaino : Non. Vous savez on ne fait pas l'Union tout seul. Au début, on avait imaginé qu'elle regrouperait seulement les pays riverains. Puis tout le monde est tombé d'accord pour qu'elle englobe tous les pays membres de l'Union européenne et qu'elle remplace le processus de Barcelone. D'une certaine manière ce projet est plus ambitieux que le projet initial.
- L'UPM est-elle une priorité alors que le monde traverse une crise sans précédent ?
Henri Guaino : L'UPM est une priorité de la politique française. C'est un projet qui, s'il réussit, s'inscrira dans l'histoire. L'enjeu en effet est décisif puisqu'il s'agit d'empêcher le choc des civilisations et les guerres de religion, de conjurer des risques de catastrophes écologiques, de mettre un terme aux tragédies qui entretiennent les haines et les rancoeurs.
La crise économique et financière sans précédent qui s'abat sur le monde représente un défi terrible et de plus court terme. Construire l'unité de la Méditerranée prendra du temps, la crise financière, elle, ne nous laisse pas de temps. Il faut agir tout de suite pour éviter un désastre.
C'est ce que font partout les banques centrales et les États. C'est ce que nous avons fait en France avec le plan de sauvetage des banques. En donnant une impulsion nouvelle à l'économie méditerranéenne, l'UPM ne peut que contribuer positivement à la sortie de la crise.
- Pensez-vous que le plus dur de la tourmente boursière est derrière nous ?
Henri Guaino : Nul ne sait où vont aller les bourses, mais la tourmente boursière n'est pas vraiment le problème majeur de cette crise. Les vrais problèmes, ce sont les difficultés des banques parce qu'à travers elles c'est la question du financement de toute l'économie et la question de la sauvegarde de l'épargne des Français qui se trouvent posées. Elles ne sont pas terminées.
Ce qui compte ce sont aussi les conséquences sur l'activité économique, l'emploi, le pouvoir d'achat. Et de ce point de vue, le plus dur est peut-être à venir.
- Les conséquences sur l'économie réelle seront-elles graves ?
Henri Guaino : Cette crise n'est pas une crise française, c'est une crise mondiale. C'est la première véritable crise de la globalisation. On sait d'ores et déjà que ses conséquences seront graves. Jusqu'où ? Jusqu'à quand ? Personne n'en sait rien. Mais il faut tout faire pour limiter les dégâts. C'est ce que nous faisons.
Par Thierry Noir www.laprovence-presse.fr; Recueilli par Marjory Chouraqui , le 3 novembre 2008
Par Thierry Noir www.laprovence-presse.fr; Recueilli par Marjory Chouraqui , le 3 novembre 2008
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