Le domaine des énergies renouvelables au Maroc, grâce au projet Desertec, commencent à attirer l’attention de l’Allemagne et de la France. Selon la fondation Desertec, le soleil maghrébin a le potentiel pour fournir de l’énergie propre à toute l’Europe et pourrait même devenir le moteur de l’industrialisation du Maroc. Cependant les défis à relever restent de taille.
En 2009, 10% de l’électricité consommée au Maroc était de source renouvelable, selon le rapport annuel de l’ONE. Cette même année, le Plan solaire marocain avait été adopté, visant une part de marché de 42% d’ici 2020. Le potentiel des énergies renouvelables au Maroc dépasse les frontières du Royaume. « Qu’ils le veuillent ou non, l’Europe et le Maroc sont complémentaires en matière d’énergie » : la première consomme énormément d’énergie, le second possède un riche potentiel de production, explique. Abdelaziz Bennouna, professeur et ancien coordinateur de l’unité de recherche « Technologies et Economie des Energies Renouvelables » au Centre national pour la recherche scientifique et Technique à Rabat. Un même panneau solaire d’une capacité de 800 kwh/année dans le sud de l’Allemagne, produirait 2200 kwh/année au Maroc, affirme-t-il.
Bennouna est aussi membre fondateur de Trans-Mediterranean Renewable Energy Co-operation (TREC), un groupement de scientifiques qui a fourni des études préliminaires au projet Desertec. Ce projet, élaboré par la fondation du même nom, vise à construire d’énormes centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient, pour le marché local mais surtout pour exporter de l’électricité vers Europe. L’objectif, partagé par un consortium de grandes entreprises de la région, est de fournir 17% de l’électricité du marché européen d’ici 2050.
Le Maroc de demain vivra-t-il de son soleil ?
Selon Abdelaziz Bennouna, ce projet pourrait être le levier de l’industrialisation du Maroc. En plus de l’exportation d’électricité, la construction même de ces centrales créerait de nombreuses filières industrielles. Jusqu’à 70% des équipements nécessaires pourraient être produits au Maroc, estime-t-il, et cela aurait des conséquences importantes sur le pays. « Le Maroc qui exportera du courant ne sera plus le même Maroc qu’aujourd’hui », la consommation par habitant par an pourrait aisément dépasser les 3 à 4000 kw/h.
Le principal obstacle pour la mise en place du projet reste le prix de l’électricité, explique cependant Thiemo Gropp, directeur et co-fondateur de la fondation Desertec, d’où l’importance d’exporter de l’électricité vers l’Europe. De telles centrales solaires nécessitent d’importants investissements, que le seul marché local ne pourrait rendre rentable ; l’électricité y resterait subventionnée dans un premier temps.
Les prix élevés ne mettent-ils pas en cause la viabilité globale du projet ? Thiemo Gropp estime que non. La comparaison avec les prix actuels du charbon et du nucléaire est faussée. Ces derniers n’incluent pas les effets externes, c’est-à-dire les coûts qu’induisent la pollution et les risques que comporte le nucléaire.
*** *** ***
3 questions à Thiemo Gropp, co-fondateur et directeur de la fondation Desertec.
La catastrophe de Fukushima influence-t-elle le projet Desertec ?
On constate un regain d'intérêt pour les énergies renouvelable, parce qu'elles sont des sources d'énergie sures. Il est tragique que seul un accident aussi dramatique puisse faire évoluer les attitudes mais, historiquement, les origines du projet Desertec sont liées à l'autre grande catastrophe nucléaire, celle de Tchernobyl, en 1986. Aujourd'hui, rien de ce qui n’est arrivé au Japon n’était imprévisible.
Les révolutions dans différents pays d'Afrique du Nord mettent-elles en danger le projet ?
En Afrique du Nord, le secteur de l'énergie et la politique énergétique jouent un rôle majeur, notamment pour assurer la paix sociale. La fondation considère que des mouvements de démocratisation dans la région constituent une opportunité pour le projet Desertec. L'inégalité des chances était une des causes des contestations et un nouveau paysage énergétique peut pallier ces inégalités. De nouvelles capacités devront être créées en matière de formation, et des pays comme le Maroc peuvent même s'industrialiser en s'orientant sur les énergies renouvelables.
Quelle importance le Maroc a-t-il pour le projet Desertec ?
Le Maroc est important pour le projet du fait qu'il existe déjà une interconnexion électrique avec le continent européen. Des négociations sont en cours pour préparer la construction d'une centrale solaire de grande capacité (500MW) qui pourrait devenir une référence pour le projet Desertec dans son ensemble. Ce sera aussi un test pour voir, notamment, comment gérer la mise en place de si grandes centrales, comment distribuer l'électricité en Espagne et en Europe, et si l'on trouve des acheteurs en Europe. Les premiers appels d'offre pourraient être publiés fin 2012.
Frederic Schmachtel - Yabiladi.com
Bennouna est aussi membre fondateur de Trans-Mediterranean Renewable Energy Co-operation (TREC), un groupement de scientifiques qui a fourni des études préliminaires au projet Desertec. Ce projet, élaboré par la fondation du même nom, vise à construire d’énormes centrales solaires en Afrique du Nord et au Moyen Orient, pour le marché local mais surtout pour exporter de l’électricité vers Europe. L’objectif, partagé par un consortium de grandes entreprises de la région, est de fournir 17% de l’électricité du marché européen d’ici 2050.
Le Maroc de demain vivra-t-il de son soleil ?
Selon Abdelaziz Bennouna, ce projet pourrait être le levier de l’industrialisation du Maroc. En plus de l’exportation d’électricité, la construction même de ces centrales créerait de nombreuses filières industrielles. Jusqu’à 70% des équipements nécessaires pourraient être produits au Maroc, estime-t-il, et cela aurait des conséquences importantes sur le pays. « Le Maroc qui exportera du courant ne sera plus le même Maroc qu’aujourd’hui », la consommation par habitant par an pourrait aisément dépasser les 3 à 4000 kw/h.
Le principal obstacle pour la mise en place du projet reste le prix de l’électricité, explique cependant Thiemo Gropp, directeur et co-fondateur de la fondation Desertec, d’où l’importance d’exporter de l’électricité vers l’Europe. De telles centrales solaires nécessitent d’importants investissements, que le seul marché local ne pourrait rendre rentable ; l’électricité y resterait subventionnée dans un premier temps.
Les prix élevés ne mettent-ils pas en cause la viabilité globale du projet ? Thiemo Gropp estime que non. La comparaison avec les prix actuels du charbon et du nucléaire est faussée. Ces derniers n’incluent pas les effets externes, c’est-à-dire les coûts qu’induisent la pollution et les risques que comporte le nucléaire.
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3 questions à Thiemo Gropp, co-fondateur et directeur de la fondation Desertec.
La catastrophe de Fukushima influence-t-elle le projet Desertec ?
On constate un regain d'intérêt pour les énergies renouvelable, parce qu'elles sont des sources d'énergie sures. Il est tragique que seul un accident aussi dramatique puisse faire évoluer les attitudes mais, historiquement, les origines du projet Desertec sont liées à l'autre grande catastrophe nucléaire, celle de Tchernobyl, en 1986. Aujourd'hui, rien de ce qui n’est arrivé au Japon n’était imprévisible.
Les révolutions dans différents pays d'Afrique du Nord mettent-elles en danger le projet ?
En Afrique du Nord, le secteur de l'énergie et la politique énergétique jouent un rôle majeur, notamment pour assurer la paix sociale. La fondation considère que des mouvements de démocratisation dans la région constituent une opportunité pour le projet Desertec. L'inégalité des chances était une des causes des contestations et un nouveau paysage énergétique peut pallier ces inégalités. De nouvelles capacités devront être créées en matière de formation, et des pays comme le Maroc peuvent même s'industrialiser en s'orientant sur les énergies renouvelables.
Quelle importance le Maroc a-t-il pour le projet Desertec ?
Le Maroc est important pour le projet du fait qu'il existe déjà une interconnexion électrique avec le continent européen. Des négociations sont en cours pour préparer la construction d'une centrale solaire de grande capacité (500MW) qui pourrait devenir une référence pour le projet Desertec dans son ensemble. Ce sera aussi un test pour voir, notamment, comment gérer la mise en place de si grandes centrales, comment distribuer l'électricité en Espagne et en Europe, et si l'on trouve des acheteurs en Europe. Les premiers appels d'offre pourraient être publiés fin 2012.
Frederic Schmachtel - Yabiladi.com
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