Méditerranée - L’Europe fait le pari du solaire au Maghreb

Les lignes à très haute tension de Medgrid entre l’Afrique et l’Europe transporteraient l’énergie fournie par les fermes solaires du Maghreb.
Peu à peu, le plan solaire méditerranéen prend corps. Ce jeudi matin à Bruxelles, les deux projets phares Medgrid et Desertec, conçus séparément au départ, signeront un accord de coopération. D’origine française, le premier consortium vise à construire des lignes à très haute tension reliant l’Afrique à l’Europe. D’inspiration allemande, le second prévoit la construction de gigantesques fermes solaires au Maghreb.

Le document sera ratifié par André Merlin, président de Medgrid, et Paul Van Son, son alter ego chez Desertec. Éric Besson, le ministre français de l’Industrie, et Jochen Homann, son homologue allemand, seront également présents. À Bruxelles, où se tient également un Conseil des ministres européens de l’Énergie, la Commission se prévaut aussi d’avoir œuvré au rapprochement des deux initiatives. «D’un côté, la production d’énergie, de l’autre, son transport : nous avions naturellement vocation à converger, commente André Merlin, notre projet commun s’inscrit pleinement dans le cadre des échanges Nord-Sud, avec une parfaite récipro­cité.» La construction des infrastructures bénéficiera en effet aux deux rives de la Méditerranée.

Pourquoi les pays d’Afrique du Nord devraient-ils exporter de l’électricité alors que leurs besoins énergétiques progressent plus vite encore que leur croissance économique ? «Vendre leurs kilowattheures à un bon prix aux Européens permet par la suite de faire baisser le prix du courant sur le marché intérieur», explique Cédric Philibert, chargé de l’énergie solaire à l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Certains observateurs doutent de la viabilité de transporter de l’électricité sur des milliers de kilomètres. Mais les progrès techniques ont réduit les pertes en lignes, qui s’élèvent désormais à 3 % pour mille kilomètres, plus 2 % à l’entrée et à la sortie du réseau très haute tension, poursuit l’expert de l’AIE.

Du courant nuit et jour

Les futures centrales solaires du Maghreb ne seront pas photovoltaïques. Il s’agira de centrales à concentration thermique (sur le principe de Gemasolar, en Espagne) qui ont le gros avantage de stocker l’énergie et donc de fournir du courant même la nuit ou par temps couvert, et surtout à la demande.

Le premier projet dans le cadre de Desertec devrait étendre ses miroirs paraboliques sur 12 kilomètres carrés, près de Ouarzazat (Maroc) et afficher une puissance de 500 mégawatts (plus de la moitié d’un réacteur nucléaire de la génération de Fessenheim par exemple). La Commission européenne a financé ce projet pharaonique de 2 milliards d’euros à hauteur de 30 millions d’euros.

«Les études montrent que si l’Europe veut réduire de 85 % ses émissions de carbone à l’horizon 2050, elle devra importer de l’énergie propre, remarque-t-on à la Commission. La consommation énergétique de l’Afrique va doubler d’ici à 2030. Si nous l’aidons à produire de l’énergie propre, les deux rives de la ­Méditerranée seront gagnantes.»

Reste maintenant aux différents acteurs à s’entendre sur le financement de l’initiative globale. Ce ne sera pas une mince affaire, même si les participants sont de plus en plus nombreux : ce matin, Medgrid ­officialisera l’arrivée de son 22e partenaire, le gestionnaire du réseau portugais Ren.
Source LeFigaro.fr
http://marches.lefigaro.fr/news/societes.html?&ID_NEWS=213090143

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