Manuel Valls et le Maghreb, une relation méditerranéenne

Lorsque Manuel Valls a été nommé au poste de premier ministre de la France, les capitales du Maghreb ont dû frissonner de curiosité. C'est que l'homme entretient avec cette région une relation assez particulière. Sa liberté de ton et sa posture assez franches lui valent à la fois inimitié et admiration. 
Avec chacun des grands pays du Maghreb, Manuel Valls, d'abord comme maire d'une ville comme Evry, puis comme responsable du parti socialiste ensuite comme ministre de l'Intérieur, a su tisser une histoire qui en dit long sur le type de rapport qu'il envisage d'établir avec ses pays.
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Le grand éclat eut lieu avec la Tunisie lorsque commentant l'ascension et la prise en main par le Parti islamiste Annahda de la société tunisienne, il exprima quelques critiques et quelques inquiétudes à l'égard de cette nouvelle expérience tunisienne. Sa célèbre sortie hérissa de nombreux poils: "Il y a un fascisme islamique qui monte un peu partout et cet obscurantisme (...) doit être évidemment condamné (...), puisqu'on nie cet État de droit, cette démocratie pour lesquels les peuples libyens, tunisiens, égyptiens se sont battus".

Les chefs islamistes tunisiens, à l'époque à l'apogée de leur pouvoir, poussèrent quelques coups de mentons à l'encontre de la France, soufflant sur les braises encore chaudes du grand malentendu qui marqua la relations entre Paris et Tunisie, entre Nicolas Sarkozy et le nouveau pouvoir post Ben Ali. Il a fallu la rondeur toute diplomatique de François Hollande pour amoindrir l'ampleur de cette crise et la dégorger de sa tension.

Avec l'Algérie, le côté ferme, autoritaire, volontiers allergique à la mouvance islamiste de Manuel Valls que certains appellent depuis longtemps le "Sarkozy de gauche", a séduit l'appareil militaire et sécuritaire algérien. D'ailleurs, il ne rate aucune occasion pour louer bruyamment la grande coopération sécuritaire entre les services français et algériens dans la lutte contre le terrorisme. Cette performance est d'autant plus méritoire que le cénacle des services de sécurité en France garde, malgré tout, une étrange suspicion sur la véritable implication de services algériens dans la guerre civile qui a ensanglanté le pays au cours de la décennie noire et ses prolongements terroristes sur le territoire français. Bien malgré lui il fut le héros de la grande brouille entre Paris et Alger lorsque le président de la République François Hollande lâcha sa blague sur son ministre revenu miraculeusement sain et sauf de l'Algérie.
Avec le Maroc, la relation est ancienne et passionnelle. Alors encore maire de la ville d'Evry dans l'Essonne, Manuel Valls fait la connaissance de la foisonnante communauté marocaine de sa ville. Il s'investit dans l'organisation de l'islam de France autour de la grande mosquée d'Evry financée en partie par des deniers marocains. Son travail, ses connexions et ses réseaux lui valent d'être décoré par le "Wissam Alaouite", la prestigieuse décoration marocaine, équivalente à la légion d'honneur française. Depuis, Manuel Valls, originaire de l'Espagne voisine, est apprécié par ses postures réalistes et responsables, qui rompent avec une forme d'adolescence politique qui travaille encore une certaine frange de la gauche.
Et lorsque les relations entre Paris et Rabat ont connu une tension notoire qui avait abouti au gel de la coopération judiciaire entre les deux pays, l'homme qui a été pressenti et proposé pour aller à Rabat rencontrer le roi du Maroc Mohammed VI avec l'espoir de tourner définitivement la page de la brouille n'est autre que Manuel Valls. D'ailleurs, avant sa nomination à Matignon, une importante réunion à Tanger devait rassembler les ministres de l'intérieur marocain espagnol et français. Manuel Valls devrait discuter avec ses homologues les grandes problématiques sécuritaires du moment, immigrations clandestine, terrorisme, trafic de droguée et grand banditisme.
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Plus que personne, Manuel Valls, français d'origine espagnole naturalisé à vingt ans, sait que la relation avec les pays du Maghreb est très effervescente. Il est attendu sur la politique de coopération entre la France et ces pays qui dépassent largement le cadre strictement sécuritaire dont il s'est fait une spécialité. Les réseaux qu'il a cultivés tout au long de sa carrière de "premier flic de France" lui seront d'un grand secours pour construire une approche plus dynamique qui lie Paris à ces capitales du Maghreb.
Par Mustapha Tossa (sur Twitter: www.twitter.com/tossamus) - Source de l'article Huffingtonpost

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