L'Union pour la Méditerranée au point mort

Le processus politique d'intégration patine, mais les dirigeants d'entreprises croient à la création d'un bloc euro-africain. D'où l'appel lancé le 15 décembre par des patrons de part et d'autre de la Méditerranée. Interview de Jean-Louis Guigou, délégué général d'Ipemed, l'Institut de prospective économique du Monde Méditerranéen présidé par Gérard Mestrallet, PDG de GDF Suez.

Le Conseil de surveillance d'IPEMED, présidé par Gérard Mestrallet, a rendu public le 15 décembre un appel pour relancer le processus d'intégration économique de la région méditerranéenne
La régionalisation de la mondialisation est en cours. Trois grands blocs se structurent : le bloc Amérique du Nord et Amérique du Sud, le grand bloc asiatique et demain, peut-on espérer un bloc euro-africain ?
En tout cas c'est la volonté du gouvernement et des chefs d'entreprise de part et d'autre de la Méditerranée. Lors du Sommet de Paris, le 13 juillet 2008, le Président Nicolas Sarkozy lançait l'Union pour la Méditerranée (UpM), visant à intégrer 500 millions d'Européens et 500 millions d'habitants des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée pour constituer un ensemble de 1 milliard d'individus en 2030 - 2040.
L'UpM a aussi pour objectif de relancer le partenariat euro-méditérranéen, de lui ouvrir l'horizon et de réaliser des projets communs. Il s'agit de créer une sorte d'Union de projets pour faire de la Méditerranée le plus grand laboratoire du co-développement.

Concrètement, où en est-on du processus ?
Le processus politique d'intégration de l'UpM est confronté à des difficultés importantes, notamment du fait du conflit israélo-palestinien. Ne nous cachons pas. Le nouveau report du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union pour la Méditerranée à une date inconnue, est une très mauvaise nouvelle.
Ce blocage contraste avec la dynamique mondiale de régulation, comme en témoigne la tenue récente de la dix-huitième réunion des dirigeants du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec). Certes, ce dernier connaît aussi des problèmes politiques mais cela n'empêche pas ses membres de continuer à avancer sur la voie de l'intégration économique.

Faut-il désespérer du processus ?
Au sein d'Ipemed, nous y croyons. Nous avons, bien sûr, conscience des tensions politiques, mais nous savons aussi que la Méditerranée est un carrefour d'échanges intenses entre ses deux rives. Il faut pour cela que les entreprises se mobilisent.
D'ailleurs, les dirigeants des rives méditerranéennes sont désireux d'apporter leur contribution à cette intégration, via des projets concrets. Les réflexions portent notamment sur : la création de la Communauté Européenne de l'Energie, sur celle d'une Institution financière euro-méditerranéenne.
Mais aussi sur la création d'une agence méditerranéenne de l'eau et sur la mobilités économique des personnes qui peut remplacer l'approche administrative des migrations.
Mais quoi qu'il en soit, il faut que le processus économique avance. C'est pourquoi, les membres d'Ipemed, réunis au sein d'un club, appelé Euro Mediterranean Competitiveness Council (EMCC), entraînés par Gérard Mestrallet, Aziz Milad et René Carron, lancent un appel en faveur du renforcement de la coopération économique euro-méditerranéenne pour construire un territoire durable et solidaire».
Par Danièle Licata - lexpansion.com - le 18 décembre 2010

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