Chaque année, la Banque européenne d’investissement (BEI) invite les acteurs de la société civile afin de leur faire découvrir ses actions et les démarches derrière toute prise de décision.
Le séminaire de 2018 entre la société civile et le conseil d’administration de la BEI s’est tenu à Luxembourg le 5 février. Cette année, l’accent a été mis sur deux domaines: « Villes durables : vers un avenir à faible émission de carbone » et « Le genre dans les opérations : contribuer au financement de l’autonomisation économique des femmes ».
Pour notre Fondation, le séminaire a été l’occasion de réclamer de meilleures facilités bancaires et des services financiers sur mesure pour répondre aux besoins des entreprises dirigées par des femmes. L’accès au financement et le manque d’éducation financière sont quelques-uns des défis majeurs qui ont été détectés dans les discussions qui ont eu lieu avec des femmes entrepreneures en Algérie et en Libye avec le soutien technique de notre Fondation. Pour renforcer l’impact des activités de ces entrepreneures dans ces pays, les recherches suggèrent que les femmes doivent être mieux informées sur les possibilités d’investissement et avoir accès à des infrastructures de transport sûr et de garde d’enfants afin de concilier leurs activités commerciales et leur vie familiale. D’où l’importance pour la BEI de prendre en compte l’approche genre dans toutes ses transactions.
Le panel consacré à l’égalité femmes-hommes était composé d’expert-e-s et de conférencier-e-s du Lobby européen des femmes, de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, de la Banque mondiale des femmes et de CITI. La session a soulevé de nombreuses questions telles que :
-Les politiques d’austérité touchent les femmes en priorité (dans l’Union européenne et ailleurs, l’exemple a été pris en Ukraine), c’est pourquoi les politiques économiques doivent prendre en compte le genre si elles ne veulent pas créer de nouvelles inégalités entre les sexes et renforcer les existantes (ces dernières années, les États de l’UE n’ont pas progressé, voire ont reculé, en matière d’écarts de rémunération et de retraites entre femmes et hommes…).
-Les institutions financières doivent utiliser des données désagrégées par sexe, et appliquer des indicateurs de performance de genre pour stimuler les investissements où les femmes sont des leaders et créatrices d’emplois, et pas uniquement des clientes.
- Les investissements ne sont jamais neutres sur le plan du genre (les études montrent que le financement de certains domaines comme le transport, la propriété, les armes affectent durement la vie des femmes...). Malheureusement, les voix des femmes sont absentes des investissements financiers et du leadership et de la gestion des entreprises. Les banques telles que la BEI pourraient devenir pionnières en s’assurant que les femmes sont au sommet et que les projets et les investissements de la BEI ne portent pas atteinte aux droits des femmes dans et en dehors de l’UE.
Le président de la BEI, M. Werner Hoyer, et son vice-président, M. Alexander Stubb, ont reconnu que les inégalités femmes-hommes persistent dans la gouvernance institutionnelle (la totalité des 9 membres de son conseil d’administration sont des hommes). Tous deux se sont engagés à faire avancer le programme d’égalité femmes-hommes en mettant en œuvre le plan d’action pour l’égalité des sexes du groupe de la BEI. Cependant, ils n’ont pas mentionné le montant des ressources qui seront consacrées à sa mise en œuvre. Le plan prévoit d’accroître la capacité du personnel à analyser les opérations en tenant compte de l’approche genre, et à prévenir et atténuer l’impact potentiellement négatif de leurs investissements sur le genre. Un autre pilier sera dédié à l’identification d’opportunités d’investissement qui contribuent à la participation des femmes à la vie active.
La volonté de la BEI de financer des projets et d’élaborer des produits bancaires susceptibles d’améliorer l’accès des femmes au marché du travail est l’occasion de développer des partenariats avec les organisations de la société civile. Les acteurs de la société civile ont accès aux connaissances de base sur la situation des femmes et les écarts entre les sexes dans les domaines de la microfinance, des infrastructures sociales, de la numérisation des PME, etc., d’où l’importance de leur rôle à l’heure de veiller à ce que les investissements publics et privés soient sensibles au genre.
Pour accéder à des publications liées à cette actualité, consultez notre « Diagnostic de terrain: Pour l’inclusion des acteurs locaux dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin à Alger » et notre publication « Construire une économie inclusive en Libye ».
D’autres publications sur les femmes dans le milieu entrepreneurial sont disponibles dans notre Centre documentaire.
Source de l'article Euromedwomen Foundation
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