C’est un projet très ambitieux qui a débuté dans les années 60 et qui devrait être achevé cette année. La route transsaharienne doit desservir six pays du Sahel et du Maghreb. A la croisée de deux grands corridors transafricains Alger-Lagos et Dakar-Djibouti, identifiés comme prioritaires dans le développement des infrastructures en Afrique à l’horizon 2020.
Faciliter les échanges entre le nord et le sud du Sahara, c’est l’objectif principal de la Transsaharienne. Un projet interafricain initié par la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique. Cette route longue de 9.500 km est composée de quatre branches reliant Alger et Tunis à quatre capitales sub-sahariennes: Bamako, Niamey, N’Djamena et Lagos.
Il s’agit d’un projet stratégique majeur pour tous ceux qui veulent commercer avec l’Afrique, assure le Secrétaire général du comité de liaison de la route transsaharienne, l’Algérien Mohamed Ayadi.
«Dans ses échanges avec le monde extérieur, l’Afrique doit recourir aux ports à hauteur de 80%. Par contre, sur le plan intérieur, les échanges dans presque tous les pays passent par la route. C’est dire toute l’importance de ce projet dans le développement des échanges sur le continent», explique-t-il dans un entretien avec Radio Algérie.
Combler le retard en matière de transport
Un véritable plan Marshall routier qui vise à désenclaver plus de 400 millions d’Africains, répartis sur plus de 6 millions de km2. La Transsaharienne permettra aux pays enclavés du Sahel, notamment le Tchad, le Niger et le Mali d’avoir un accès direct à la Méditerranée. C’est une avancée majeure pour l’Afrique qui a accumulé beaucoup de retard en matière de transport.
«Il y a en Afrique à peine 600.000 km de routes revêtues. L’Afrique ne compte que 50 ports sans capacité suffisante pour accueillir de grands navires transportant beaucoup de marchandises. Il y a un million de kilomètres de chemin de fer dans le monde dont 3% seulement se trouvent en Afrique», explique Mohamed Ayadi.
Il s’agit donc d’un corridor vital pour les pays ouest-africains qui vont pouvoir bénéficier d’une ouverture sur les ports de la Méditerranée via le réseau routier algérien. L’Algérie qui a été le premier contributeur avec un investissement estimé à 3 milliards de dollars pour le financement du tronçon de 1700 km situés sur son territoire. Le Nigeria a aussi finalisé la totalité de sa section longue de 1130 km. Tout comme la Tunisie où la Transsaharienne s’étendra sur 900 km.
«Si vous prenez l’axe Alger-Lagos de 4600 km, il est pratiquement terminé. Il ne reste plus que 200 km en cours de travaux au Niger. Au Tchad, les travaux sont en cours. Mais au niveau du Mali, le programme a pris du retard.»
Dans la partie malienne, il reste encore 700 km en piste. En plus des problèmes financiers qu’il partage avec les autres pays, le Mali fait face à des problèmes sécuritaires qui ne facilitent pas l’avancement des travaux.
Les coûts du transport seront extrêmement réduits
A son achèvement, la Transsaharienne s’étendra sur près de 9500 km. Grâce à ses ramifications, son axe central Alger-Lagos traversera le Niger, le Mali, le Tchad et la Tunisie. De quoi ouvrir de nouvelles perspectives dans les échanges entre le Maghreb et le Sahel. Avec des coûts de transport extrêmement réduits.
«En dehors de l’Afrique du Sud et deux ou trois autres pays, le coût du transport en Afrique varie entre 30 et 50%. C’est monumental. Alors que dans les pays développés, il est tout juste à 8 et 9%», précise le président du comité de liaison de la route transsaharienne.
Mohamed Ayadi reconnaît que la Transsaharienne ne viendra pas résoudre tous les problèmes du transport entre l’Afrique du Nord et les pays du Sahel. Mais il est convaincu que cette autoroute Nord-Sud contribuera à accélérer l’intégration des six pays traversés. En attendant que le continent envisage d’investir dans le chemin de fer.
«La comparaison entre le chemin de fer et la route est que la route peut faire le porte-à-porte. Le rail n’est économique que s’il transporte des quantités très grandes sur des distances très grandes. En fait, il est lié à l’importance des échanges. Il faut que ça se justifie économiquement pour aller vers le rail. Nous n’en sommes pas encore là, mais cette volonté existe de se tourner vers le rail à long terme.»
Le tronçon algérien est long de 1700 km. L'algérie l'a financé à hauteur de 3 milliards de dollars. ©
L'insécurité dans la région pose problème
Combien de voitures enregistre-t-on aujourd’hui sur les axes déjà ouverts de la Transsaharienne? A peine 120 véhicules par jour entre l’Algérie et le Niger dont la frontière fermée n’est ouverte que ponctuellement chaque semaine, indique Mohamed Ayadi.
«Par contre, sur la Transsaharienne entre le Niger et le Nigeria, c’est plus de 600 véhicules par jour. C’est-à-dire que les échanges entre le Niger et le Nigeria sont beaucoup plus importants qu’ils ne le sont entre le Maghreb et l’Afrique au sud du Sahara», déplore-t-il, avant d’ajouter que le contexte actuel fausse les données.
«On ne peut pas en tirer des enseignements. Parce que la situation sécuritaire dans la région fausse les problèmes», plaide-t-il. Pour lui, c’est une question de temps. Il espère que les échanges vont s’accélérer dès que les problèmes sécuritaires dans la région seront résolus.
Par Martin Mateso - Source de l'article Géopolis FranceTV
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