La première étape du New Deal à bâtir entre l'Europe et l'Afrique est la Tunisie. La seconde sera l'ensemble du Maghreb
Entre Maroc et Algérie à l’Ouest, Libye à l’Est, elle se discerne à peine sur la carte.
Cette si petite Tunisie où Emmanuel Macron entame aujourd’hui une visite de deux jours est pourtant un pays essentiel, celui qui avait donné le signal des révolutions arabes de 2011, le seul où la dictature n’ait pas repris la main, le seul à avoir dissous l’islamisme dans la démocratie grâce à l’influence de ses syndicats et la mobilisation de ses femmes dont le statut est le plus avancé du monde arabe, le seul enfin dont les libertés ont permis, au début de ce mois, l’expression forte mais finalement canalisée de ce désespoir social qui travaille le Maghreb et le Proche-Orient.
A quelques encablures des côtes européennes, l’exceptionnelle Tunisie est à aider et préserver car elle est un exemple à suivre, un bien rare motif d’espoir sur l’autre rive de la Méditerranée, et c’est pour cela qu’Emmanuel Macron devrait y annoncer des mesures propres à lui assurer la solidarité de la France et lui réaffirmer son amitié.
C’est bien. C’est nécessaire et même indispensable car la Tunisie, tout le monde aurait à y perdre, ne doit pas tomber à son tour dans le chaos mais le problème n’est pas que tunisien. Sans même parler du Proche-Orient où les guerres priment aujourd’hui tout, c’est tout le Maghreb que l’Union européenne et la France au premier chef devraient accompagner sur les voies de la croissance et de l’industrialisation.
Cette main d’œuvre bon marché que les industries européennes vont chercher jusqu’en Asie, elle est là, de l’autre côté de ce lac intérieur qu’est la Méditerranée. Elle est qualifiée et parle français. La culture, l’histoire et la géographie la rendent infiniment plus proche de l’Europe que ne l’est la Chine et, pour peu qu’une vraie coopération, des projets communs et un repositionnement des délocalisations de l’Asie vers le Maghreb viennent y faire baisser le chômage, la vague migratoire s’en trouverait réduite tandis que l’augmentation du pouvoir d’achat y favoriserait les exportations et donc la croissance européennes.
L’idée d’un New Deal avec l’Afrique commence à vraiment progresser en Europe du Sud et jusqu’à Berlin. C’est bientôt toute l’Union qui verra que de larges pans de son avenir se jouent sur ce continent dont l’explosion démographique peut faire – cela dépend de nous, les Européens – le plus prometteur des partenaires ou le plus préoccupant des voisins mais à tout grand projet, il faut des étapes.
La première est d’épauler la Tunisie. La deuxième sera de bâtir avec le Maghreb entier et c’est cela qu’on aimerait qu’Emmanuel Macron fasse entendre et comprendre lors de cette visite à l’amie tunisienne.
par Bernard Guetta - Source de l'article France Inter
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