Colloque international "Appartenance locale au nord et au sud de la Méditerranée"

Tunis 29 et 30 octobre 2010 - Organisé par le Laboratoire Diraset – études maghrébines, Faculté des Sciences Humaines et Sociales
Sous la responsabilité de Sami Bargaoui (Université de la Manouba et Laboratoire Diraset, Tunis), Simona Cerutti (EHESS, Paris) et Isabelle Grangaud (IREMAM, Aix-en-Provence)

Argumentaire
Qu’est ce qui fait l’appartenance d’un individu à une communauté (à l’échelle d’un Etat, d’une ville, d’un village…) ? Par quels processus des immigrants y sont-ils intégrés ? Quels droits ou privilèges leur ouvre cette appartenance ? Quels devoirs leur sont-ils impartis en conséquence ? Sur quelles bases les différentes catégories formant une communauté sont-elles distinguées de ce point de vue ? Pendant longtemps, l’historiographie a privilégié le rôle de l’Etat dans la définition et les processus de l’appartenance, lui octroyant le monopole de la définition de la citoyenneté ou du sujet d’un Etat, négligeant ainsi le rôle fondamental et primordial des communautés locales dans l’intégration des nouveaux venus et des liens qui lient l’ensemble des individus qui les forment. Cette rencontre se propose donc de revenir sur la question de l’appartenance en privilégiant au contraire le rôle du local dans sa définition et dans les processus d’intégration.
L’hypothèse qui est au fondement de ce questionnement est que l’un des ressorts les plus importants dans la définition des droits et privilèges des membres de la communauté est l’accession à la propriété. Le thème de la propriété a repris sa place au cœur des intérêts des historiens après une période de relative méfiance, suscitée par les connotations idéologiques dont il avait été chargé (tel que l’assimilation entre propriété- individualisme- modernité, par exemple)
Parmi les raisons de ce nouveau succès, est la conscience acquise du fait que dans les sociétés modernes la notion de propriété renvoie à un champ sémantique vaste, qui ne se réduit pas à celui de la richesse matérielle. L’accès différentiel aux droits de propriété ne dessine pas seulement des hiérarchies économiques, mais crée des prérogatives qui investissent plus largement les individus. La faiblesse ou bien les privilèges qui définissent l’appartenance à des groupes sexuels ou à des groupes d’age, sont largement charpentés sur des possibilités différentielles de disposer de biens et de les transmettre. En outre, dans un large éventail de cas, la condition de “citoyen” ou bien de sujet d’un pouvoir central est étroitement liée à la reconnaissance de cette capacité de transmission des propriétés. Par ailleurs, le mouvement est souvent transitif. En fait, si le membre d’une communauté est défini par sa capacité à posséder et à transmettre ses propres biens, le contraire est également vrai ; c’est bien l’action même de transmettre le patrimoine qui est en mesure de transformer une personne en un citoyen, un sujet, un baldî, un membre d’un groupe de parenté. Le rapport à la propriété, en somme, ne renvoie pas aux seules hiérarchies économiques. Dans les sociétés modernes au nord et au sud de la Méditerranée, le rapport aux choses crée des relations et des liens. Les capacités d’exercice des droits de propriété dessinent les limites de la communauté locale et en conséquence celles des appartenances à des communautés territoriales plus vastes...
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