Bientôt une Banque européenne pour la Méditerranée ?

Suite aux événements récents en Tunisie et en Egypte, le Parlement européen réuni en février en session plénière a appelé de ses voeux la création d'un Banque européenne pour la Méditerranée, véritable filiale de la Banque européenne d'investissement.
Alors qu'il se rendra les 2 et 3 mars à Tunis pour rencontrer les nouveaux interlocuteurs de la BEI en Tunisie, le vice-président Philippe de Fontaine Vive, chargé de la FEMIP, qui pourrait devenir cette banque, revient sur ce projet, sur ce que peut faire dès à présent l'Europe pour ces pays, mais également sur l'avenir de l'UPM.

Une institution financière européenne entièrement dédiée à la Méditerranée ?
La Banque européenne d'investissement (BEI) était à l'ordre du jour de la session plénière du Parlement européen en février puisque les eurodéputés étaient appelés à s'exprimer sur la révision de son mandat externe. A cette occasion, et au vu des récents événements en Tunisie et en Egypte, pays partenaires de l'Union européenne, ils se sont prononcés en faveur d’une utilisation accrue des prêts de la BEI en soutien aux mouvements de démocratisation au Sud de la Méditerranée.
Dans cette perspective, et à l’initiative du groupe des socialistes, le Parlement européen a approuvé l’octroi d’une enveloppe additionnelle d'1 milliard d’euros de prêts à destination de cette région. Pour le Français Vincent Peillon (S&D), rapporteur en commission des Affaires étrangères sur ce dossier et responsable du suivi de l’Union pour la Méditerranée, "c’est un premier pas encourageant. Cet argent doit aller prioritairement à des projets aux effets visibles et rapides sur les conditions de vie des populations ; dans cette optique, le soutien au micro-crédit doit être un axe d’action privilégié".
Mais l'eurodéputé considère que l'Union européenne peut aller plus loin : en créant une Banque européenne pour la Méditerranée de co-développement et d'investissement, qui serait plus pérenne. Actuellement vice-président de la BEI chargé de la FEMIP, la "Facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat" qui pourrait devenir la banque pour la Méditerranée en étant filialisée, Philippe de Fontaine Vive explique que cela "permettrait aux pays du Sud de la Méditerranée de devenir co-propriétaires de leur développement en devenant actionnaires de cette filiale, ce qui en même temps lui donnerait plus de moyens, plus de capacités d'intervention".
Mais comme le précise M. de Fontaine Vive, "c'est un voeu à ce stade. Ce sont les Etats, qui sont actionnaires de la BEI, qui doivent décider si c'est quelque chose qui leur convient. Ce débat avec les actionnaires n'a pas encore eu lieu aujourd'hui, mais je suis sûr que les événements qui ont lieu en Tunisie, Egypte et dans les autres pays arabes auront une influence déterminante. Le ministre italien des Affaires étrangères a d'ailleurs appelé à un véritable Plan Marshall, dont cette institution pourrait être l'un des éléments. Maintenant c'est à la volonté politique de s'exprimer".
Des actions concrètes dès 2011 mises en oeuvre par la BEI
Si cette Banque pour la Méditerranée en est pour le moment au stade du projet, Philippe de Fontaine Vive explique cependant que, concernant les pays du Sud en transition démocratique, la BEI a déjà "des idées très concrètes sur la Tunisie puisque [elle a] aidé Madame Ashton a préparé son déplacement le 12 février" dernier. "Si nous avions le soutien complet de la Commission européenne nous pourrions passer de près de 500 millions d'euros de prêts en Tunisie l'an dernier à plus de 800 millions d'euros, 'près d'un milliard' a dit Catherine Ashton en visite à Tunis", précise-t-il dans une interview accordée à Toute l'Europe.

C'est d'ailleurs pour identifier clairement les projets prioritaires en Tunisie que le vice-président de la BEI s'y rend les 2 et 3 mars. Les priorités de la banque : favoriser les projets qui relancent la croissance et créer des emplois.
En ce qui concerne la Libye, Philippe de Fontaine Vive rappelle que la Libye n'a jusqu'alors jamais voulu s'associer à l'Europe via un accord de partenariat, ce qui ne permet pas à la BEI d'y intervenir aujourd'hui. Cependant, il précise que si les évolutions du régime allaient dans ce sens, "nous serions les premiers à vouloir participer à cette nouvelle forme de développement économique et sociale dans l'ensemble du Maghreb".
Concernant l'avenir de l'Union pour la Méditerranée, qui est vue par certains comme un instrument possible de la transition démocratique dans le monde arabe, Philippe de Fontaine Vive souhaite qu'on "réinvente l'Union pour la Méditerranée", en la sortant du "tourbillon politique" dans lequel elle a été prise après son lancement pour la réorienter sur "des projets concrets".
Source : http://www.touteleurope.eu/index.php?id=2778&cmd=FICHE&uid=5093&no_cache=1
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