Méditerrranée - L'industrie française dans un monde arabe en crise

Les événements qui ont ébranlé la Tunisie et l'Egypte laissent planer des menaces de réplique dans le reste du monde arabe. De quoi inquiéter les acteurs économiques mondiaux, y compris les industriels français. État des lieux de leur implication dans la région, carte à l'appui.
Les révoltes populaires pourraient continuer de secouer le monde arabe. Dans beaucoup de pays de la région, le terrain ressemble à celui de la Tunisie : corruption, chômage important, inégalités et verrouillage politique. Les dirigeants des grands groupes suivent la situation avec attention : dans tout ces pays, les entreprises françaises ont installé des filliales et des usines.
Plusieurs données permettent d'évaluer les liens économiques entre pays. Les investissements directs à l'étranger (IDE) représentent les sommes investies par des acteurs (ici français) dans un pays donné. Une usine construite (ou achetée), des installations modernisées ou la création d'une co-entreprise font grimper le montant d'IDE. Autre grandeur significative : la présence physique, de ressortissants français ou de filliales.

Présence française au Maghreb et Proche Orient
Les données figurant sur cette carte, fournies par l'administration française (détail en bas de l'article) étaient valables
avant la série de révoltes actuelles. Beaucoup de ressortissants français ont depuis été rapatriés.
Concernant les investissements français, deux pays ressortent clairement: l'Egypte et le Maroc. La situation égyptienne est très particulière : le rachat du groupe Orascom par Lafarge en 2007 impacte fortement les chiffres. Cette opération de 8,8 milliards d'euros représente une part importante des 9,9 milliards d'IDE français dans le pays. Les autres entreprises hexagonales présentes en Egypte sont principalement issues des secteurs de l'énergie (GDF Suez), de l'équipement électrique (Schneider Electric, Nexans) et de l'industrie agroalimentaire (Danone, Lactalis et Bel).
Au Maroc, les 8,293 milliards d'euros investis proviennent d'un plus grand nombre d'entreprises. Le gouvernement marocain a mis en place une politique économique spéciale pour attirer les investissements étrangers (mise en perspective dans ce reportage de Pierre-Olivier Rouaud).
Les résultats sont concluants : Renault s'est implanté à Tanger et compte développer toute une fillière locale d'équipementiers. Les entreprises françaises qui s'installent au Maroc représentent des domaines d'excellence technique à forte valeur ajoutée. Dans l'aéronautique, la sous-traitance s'organise autour de l'implantation d'EADS Maroc Aviation et de Safran. Sont aussi présents Veolia, GDF, Bouygues, Geodis ou encore Alcatel Lucent.

Des liens forts avec Les anciennes colonies
Les quantités de ressortissants français font ressortir un autre aspect de la présence française, plus historique. Les pays autrefois colonisés par la France (Maroc, Algérie et Tunisie) accueillent à eux trois près de 90 000 Français. Les liens économiques construits au siècle dernier perdurent, et sont également observables par le nombre d'implantations françaises dans ces pays.
Loin de la sphère d'influence française, les Emirats Arabes Unis ont reçu 2,616 milliards d'euros d'investissement.
Dans ce pays, comme en Lybie ou au Yémen, les dirigeants s'inquiètent de la montée des contestations. Le 9 février, le Forum de la société civile du Golfe a appelé les monarchies conservatrices de la région à promouvoir la démocratie et la liberté d'expression, à libérer les prisonniers politiques et à doter leurs pays de constitutions.
Collecte de données et rédaction : Morgane Remy et Rémy Maucour
.

Aucun commentaire: