Pour soutenir la transition démocratique dans les pays arabes, l'Agence française de développement (AFD) va concentrer ses prêts bonifiés sur les pays de la Méditerranée. Les chiffres seront dévoilés officiellement par l'OCDE la semaine prochaine.
Mais Paris s'attend à une bonne surprise: l'aide publique au développement a continué à croître l'an passé et «la France devrait demeurer le deuxième contributeur mondial avec un volume d'aide de près de 10 milliards», a indiqué Henri de Raincourt, ministre de la Coopération, mardi en Conseil des ministres. Bras armé de la France dans ce domaine, l'Agence française de développement témoigne de cette progression.
L'AFD avait prévu dans son plan triennal de réaliser 5,5 milliards d'engagements en 2010, puis de l'accroître de 500 millions par an jusqu'à atteindre 7,5 milliards en 2013. Or, en 2010, elle a approché la barre des 7 milliards et vise 8 milliards en 2013. Une progression qui se fera à moyens constants.
Le budget de fonctionnement de l'agence, qui est sous double tutelle de Bercy et du ministère des Affaires étrangères, a été âprement discuté et n'a été validé que le 10 mars: il augmentera légèrement, à 265 millions d'euros en 2011 contre 263 millions en 2010, soit une progression limitée de 1% par rapport au rythme de 12% des dernières années. «La croissance rapide et exceptionnelle de notre activité nécessite une consolidation, qui n'empêche pas de continuer à progresser», explique Dov Zerah, le directeur général de l'agence.
Eviter une récession Deux axes d'intervention ont été isolés en priorité: l'Afrique subsaharienne, en pleine transition démographique, draine plus de 2 milliards d'euros d'engagement chaque année.
Aux aides traditionnelles dans les domaines de l'agriculture et des infrastructures, pour accompagner leur développement, l'AFD veut rajouter des prêts dédiés à la formation professionnelle. «Nous devons améliorer le cadre de vie des populations locales en matière d'emploi, d'éducation et de santé», insiste Dov Zerah. Mais l'AFD entend aussi, à court terme, s'adapter aux changements démocratiques en cours dans les pays d'Afrique du Nord.
Le groupe va concentrer l'essentiel de ses prêts bonifiés - environ 1,3 milliard - aux pays sud-méditerranéens. Une petite révolution, dictée par l'urgence. «Il faut des actions budgétaires rapides, ciblées et efficaces dans les pays en voie de transition démocratique», explique Dov Zerah.
La Tunisie, dont la croissance a brutalement chuté de 5,4% du PIB à un peu plus de 1%, en est un bon exemple: «Nous devons éviter que ce pays ne tombe en récession car cela pourrait remettre en cause le processus démocratique.» L'aide française pourrait prendre plusieurs formes, en se concentrant notamment sur l'emploi et la formation professionnelle, quitte à favoriser une forme de «traitement social» du chômage en finançant l'embauche de jeunes dans les services publics.
L'idée d'une aide au secteur bancaire circule aussi. «En Tunisie, il existe une forte inquiétude sur une poignée de banques, deux en particulier, qui pourraient pâtir de la chute du tourisme et de l'effondrement de l'immobilier», s'inquiète un diplomate français qui appelle de ses vœux un plan Paulson pour le secteur financier. L'AFD pourrait s'y associer avec d'autres organismes publics.
Par Cyrille Lachèvre - LeFigaro.fr - le 30 mars 2011
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