Le grand raté de l’Union pour la Méditerranée par Andreas Ross du Frankfurter Allgemeine Zeitung
Politique de voisinage” – le terme sonne clair à l’oreille, presque trop banal. En réalité, cette rhétorique de Bruxelles recouvre une politique d’arrangements ambigus passés avec ces voisins difficiles qu’on situait jadis impitoyablement dans l’“arrière-cour” de l’Europe, mais dont on a aujourd’hui besoin comme partenaires.
Politique de voisinage” – le terme sonne clair à l’oreille, presque trop banal. En réalité, cette rhétorique de Bruxelles recouvre une politique d’arrangements ambigus passés avec ces voisins difficiles qu’on situait jadis impitoyablement dans l’“arrière-cour” de l’Europe, mais dont on a aujourd’hui besoin comme partenaires.
Cela commence, si l’on prend le sens des aiguilles d’une montre, par la Biélorussie du dictateur Loukachenko et l’Ukraine du président autoritaire Ianoukovitch avec leurs deux gazoducs. Et cela se prolonge jusqu’au nord de l’Afrique, en passant par les territoires du Caucase et du Proche-Orient.
Ne serait-ce qu’en raison de leurs abondants gisements non seulement de pétrole et de gaz, mais aussi de drogue (importée), de réfugiés (importés) et d’islamisme (importé), les dirigeants de la région ont l’oreille de l’Europe.
La valse-hésitation de l’Europe dans la crise tunisienne montre à quel point il était naïf de vouloir rapprocher fraternellement dans une Union pour la Méditerranée les voisins de l’Europe que sont le Proche-Orient et l’Afrique en détresse .
Le président Sarkozy, qui menait le bal depuis Paris, s’était précisément choisi comme interlocuteur privilégié le gérontokleptocrate Ben Ali (tandis que Berlusconi courtisait habilement Kadhafi) pour tenter de déplacer vers l’ouest et le sud le centre de gravité de l’intégration européenne tournant autour de l’axe Berlin-Paris.
Etait-ce bien indiqué ? Le fait que la Tunisie, relativement prospère, coincée entre une Algérie en pleine déliquescence et une Libye au gouvernement erratique, restait une zone préservée de l’islamisme ne justifiait pas à lui seul une telle récompense.Du point de vue tunisien, Paris est la capitale de l’Europe.
Le gouvernement français n’a cependant encouragé les manifestants à lutter pour la démocratie que quand Ben Ali a pris la fuite. Même si Paris a souvent payé cher son ingérence dans les affaires de ses anciennes colonies, il aurait pu trouver plus tôt le moyen de renforcer la société civile et l’opposition politique tunisiennes.
Plus les vieux caciques de ce régime pourri organiseront rapidement un semblant d’élections démocratiques, plus les forces de la liberté auront du mal à s’organiser. Le peuple tunisien peut se vanter d’avoir réussi seul ce dont l’Europe n’osait qu’à peine rêver. Espérons que le soutien de l’Europe n’arrivera pas trop tard maintenant qu’on est entré dans la phase décisive.
Source http://www.courrierinternational.com/
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