À Marrakech, sept artistes marocains racontent la Méditerranée dans l'exposition "Mare Nostrum"

MARIAM ABOUZID SOUALI - Mare Nostrum, 2018 - Acrylique sur toile - 491 x 716 cm
Le centre d’art contemporain installé à Marrakech, Le Comptoir des Mines Galerie, propose une nouvelle exposition jusqu’au 9 décembre: “Mare Nostrum”. Mustapha Akrim, Mariam Abouzid Souali, Youness Atbane, Mahi Binebine, Hassan Bourkia, Simohammed Fettaka et Khalil Nemmaoui y racontent “leur” mer Méditerranée.

“Comment, à partir du Maroc, aborder la Méditerranée et parler de la dimension intime qui nous lie à elle? Comment les artistes marocains considèrent-ils
aujourd’hui cet espace, au vu de ses bouleversements?”

C’est en marge de la conférence mondiale de l’ONU sur les migrations, qui s’est tenue ces 10 et 11 décembre à Marrakech, que le centre d’art contemporain a voulu dédier cette exposition à la Méditerranée. Cette mer qui relie les deux mondes, Oriental et Occidental. La Méditerranée, qui fait (trop) souvent la une de l’actualité au Maroc et ailleurs. Elle, qui suscite espoir et désespoir, témoin d’États dépassés et de drames humains.

Pour la raconter dans cette exposition collective, les sept artistes se penchent sur la notion de la migration “en abordant sans concertation des situations mêlant les droits universels, l’Histoire, les contraintes physiques, les bagages, et le naufrage”, explique Hicham Daoudi, fondateur de la galerie.
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“Nous les avons choisis car ce sont tous des artistes de qualité, qui apportent une véritable vision sociale dans leurs oeuvres. Ils ont tous créé des oeuvres spécialement pour l’exposition”, souligne au HuffPost Maroc Imane Barakat, responsable du centre d’art. Parmi eux, il y a un invité spécial. “Mahi Binebine est un invité surprise. Nous l’avons invité car il a déjà beaucoup travaillé sur le thème de la migration. Deux de ses sculptures seront exposées”.

La première de ses oeuvres, “Le Migrant”, réalisée en 2016, représente un personnage qui marche et dont le haut du corps est une valise: c’est un migrant. La deuxième sculpture exposée, “Entre les rives”, a également été réalisée en 2016. Elle représente un personnage bloqué entre deux murs, “un migrant entre deux rives”. 

“Il y a presque 20 ans, j’ai écrit un livre sur la migration clandestine (“Cannibales”, éditions Fayard, ndlr). C’est un sujet qui me tient à coeur. A l’époque, on n’en parlait pas beaucoup. Aujourd’hui, on voit des pateras tous les jours, qui partent de partout, Maroc, Algérie, Tunisie... C’est tragique”, nous confie l’artiste marocain. “Quand Hicham Daoudi m’a proposé de participer à “Mare Nostrum”, j’étais, évidemment ravi. En plus, l’exposition est vraiment magnifique”, ajoute-t-il.

De son côté, Mariam Abouzid Souali a recréé l’oeuvre internationalement connue “Le Radeau de la Méduse” de Théodore Géricault. Elle propose une version tout droit sortie de notre 21ème siècle. “Je porte un véritable intérêt au thème de l’immigration depuis plusieurs années et le fil conducteur de tout mon travail sur ce thème est le naufrage. ‘Le Radeau de la Méduse’ est une référence à ce sujet. C’était important que je me confronte à cette oeuvre”, explique au HuffPost Maroc l’artiste peintre.

Comme l’oeuvre de Théodore Géricault, l’exposition “Mare Nostrum”, témoignera des bouleversements sociaux de notre époque et questionnera notre société contemporaine. Elle sera le témoin de notre temps. Et, comme le dit Mariam Abouzid Souali, “c’est une exposition qui a lieu au bon moment, au vu de l’actualité. Il était crucial qu’une telle exposition soit proposée”.

Source de l'article Huffpostmaghreb

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