A qui profite la croissance au Moyen-Orient et au Maghreb ?


C’est sur le marché du travail au Moyen-Orient et dans les pays du Maghreb que les chercheurs du Forum Euroméditerranéen des Instituts de Sciences Economiques (FEMISE) constatent les inégalités les plus flagrantes. Selon les économistes, le pouvoir politique doit engager des réformes guidées par des objectifs de croissance inclusive.

La croissance dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient a généré
une augmentation de l'espérance de vie. (Photo F.Dubessy)
La relation entre croissance et réduction des inégalités ne constitue pas un thème nouveau. Cependant, les économistes du Femise ont procédé à une analyse approfondie de cette interrelation dans les pays du Maghreb et au Moyen-Orient, à la lumière de la crise économique mondiale et du Printemps arabe, dans un rapport intitulé « Croissance inclusive dans les pays MENA : la dimension de l’emploi et de la pauvreté dans un contexte comparatif ». 

Selon le rapport FEM35-16, coordonné par Hassan Hakimian du London Institute and Economics Department, les pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont bénéficié d’une hausse de leur PIB de 4 à 5% entre 2000 et 2010. 
Cette croissance a généré une augmentation de l’espérance de vie, d’un meilleur accès à l’eau potable, l’amélioration de la santé et de l’éducation. Néanmoins, à la lumière des révoltes dans les pays arabes, les auteurs pointent du doigt la focalisation sur la croissance au détriment des autres indicateurs, débouchant sur des mouvements de grande ampleur.

Disparités entre les pays au Moyen-Orient

Les entreprises formelles ont de meilleures chances
 d’interagir sur le marché. (Photo Siemens)
Selon l’étude comparative basée sur 13 critères (santé, croissance, démographie éducation, genre, emploi), la croissance inclusive de ces pays s’avère supérieure à celle des pays d’Afrique et inférieure aux pays d’Asie. Le rapport met en exergue des disparités au sein des pays du Moyen-Orient avec de très fortes inégalités en Iran et en Syrie. 
En revanche au Yémen, au Liban, en Turquie et en Israël, les économistes relèvent une réelle réduction des inégalités. 

La première partie du rapport s’attache à analyser l’évolution de la pensée sur la relation entre croissance et équité. Le marché du travail engendre les plus fortes inégalités. Des réformes peuvent être menées pour réduire les écarts. 

La seconde partie du rapport réalise une étude de cas détaillée en Égypte, en particulier sur le rôle des PME et TPE. L’économie informelle y reste dominante. « Pourtant, les entreprises formelles ont de meilleures chances d’interagir sur le marché et d’élargir la base de leurs clients avec les secteurs publics et privés formels par le biais de la sous-traitance et en augmentant ainsi leur capacité à introduire de meilleures technologies de production et d’accroître leur productivité », précise l’étude Femise. Elle invite les gouvernements à proposer des mesures pour inciter les PME et TPE à devenir plus formelles et à obtenir des financements bancaires. Quand la PME grandit et prospère, elle influe positivement sur les revenus des ménages. 


Par Nathalie Bureau du Colombier - Source de l'article Econostruminfo



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