Comment les femmes construisent les sociétés inclusives de la Méditerranée

"Les Etats de l'Union pour la Méditerranée ont soutenu un projet pour l'engagement de 5000 jeunes femmes et hommes au sein de leur communauté afin de prévenir la violence."

Nous vivons l'un des plus puissants appels mondiaux en faveur de l'égalité des genres et de l'autonomisation des femmes. Notre région n'est pas une exception.

Depuis plusieurs mois maintenant nous vivons l'un des plus puissants appels à l'échelle mondiale en faveur de l'égalité des genres et de l'autonomisation des femmes. Notre région n'est pas une exception. Cette question est centrale depuis de nombreuses années dans la stratégie de l'Union pour la Méditerranée (UpM) et nous venons d'organiser ce mois-ci à Lisbonne, en partenariat avec la République portugaise, la quatrième conférence régionale de haut niveau consacrée aux femmes de la Méditerranée.

L'édition 2018 s'est tenue dans le cadre du 10e anniversaire de l'UpM et intervient alors que les 43 pays membres de l'UpM ont signé en novembre dernier au Caire, une déclaration forte et ambitieuse destinée à mettre en place des mesures concrètes afin de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes dans toutes les sphères de la société. Ensemble, et seulement ensemble, nous pourrons faire progresser le rôle des femmes dans nos sociétés. Raison pour laquelle cette conférence a été nommée "Les femmes bâtissent des sociétés inclusives".

Plus de 400 femmes et hommes, personnalités politiques, représentants institutionnels, d'organisations internationales ou régionales, du secteur privé, de la société civile, des médias de plus de 30 pays différents se sont réunis pour renforcer la place des femmes dans nos sociétés.

La diversité des sociétés euro-méditerranéennes est notre richesse. A ce titre, elle est une opportunité plutôt qu'un défi. Au-delà des divisions ethniques, culturelles et religieuses, ce qui nous réunit a bien plus de poids que ce qui nous divise. Le Prix Nobel de la Paix 2018 attribué à Denis Mukwege, gynécologue et militant des droits de l'Homme congolais et à Nadia Murad, victime de l'esclavage sexuel par l'Etat Islamique et militante irakienne des droits de l'Homme, d'origine kurde et issue de la communauté Yézidie, s'inscrit dans cette lignée en saluant leur remarquable engagement pour mettre fin aux violences sexuelles comme arme de guerre.

La violence fondée sur le genre est une violation des droits de l'Homme, elle affaiblit la société dans son ensemble en empêchant les femmes de jouer pleinement leur rôle. Nous sommes déterminés à prévenir et à lutter contre les violences à l'égard des femmes et des jeunes filles. A cet égard, les Etats membres de l'Union pour la Méditerranée ont récemment soutenu un projet pour l'engagement actif de 5000 jeunes femmes et hommes (âgés de 18 à 30 ans) au sein de leur communauté locale afin de prévenir la violence et l'extrémisme. 
Doté d'un budget d'environ 2,6 millions d'euros sur 4 ans, le projet vise à contribuer à la création d'un environnement favorable à la participation des femmes et des jeunes à la définition des politiques publiques, en créant des espaces de dialogue entre les autorités et les représentants de la société civile, au niveau local comme au niveau national et régional. Ce projet financera également l'échange de bonnes pratiques par la création de réseaux entre organisations de femmes et de jeunes, représentants gouvernementaux, ONGs, institutions religieuses, media, chercheurs. 
L'établissement de réseaux forts, le partage de connaissance, et la mise en œuvre de projets de proximité sont en effet indispensables pour que les voix des Femmes soient entendues. Les politiques strictement nationales ne suffisent plus. Une approche régionale coordonnée est plus que jamais essentielle. Mais ne nous arrêtons pas là.

La mise en œuvre des engagements pris dans l'accord de Paris sur le Climat (COP 21, 2015), réitérés à Marrakech (COP 22, 2016) et à Bonn (COP 23, 2017) concernera particulièrement les femmes en milieu rural affectées par les changements climatiques et les crises alimentaires. Qu'il s'agisse de lutter contre le gaspillage des ressources naturelles et humaines, de contribuer à la réduction de la pauvreté, de lutter contre le dérèglement climatique, il faut miser sur l'implication des femmes et investir davantage dans leurs compétences et leur émancipation. 
Ce sont des projets tels que "Jeunes femmes créatrices d'emploi", "Les compétences au service de la réussite" ou "Promouvoir l'autonomisation des femmes pour le développement industriel inclusif", qui permettent de promouvoir concrètement l'entrepreneuriat des femmes, en offrant des formations spécifiques, un soutien et un accompagnement des femmes entrepreneurs ou qui souhaitent le devenir, par le biais notamment d'un Forum annuel de l'entrepreneuriat féminin. Ces projets touchent directement près de 5000 femmes.

Soyez certain que le secrétariat de l'Union pour la Méditerranée prendra toute sa part à cet effort, en poursuivant les échanges lors de plateformes de dialogue régional, en continuant d'accompagner et de soutenir des projets concrets avec pour objectif de faire toujours et encore progresser l'égalité entre les femmes et les hommes, qui reste, je le rappelle, un droit fondamental et l'affaire de tous.

Par Laurence Païs (Secrétaire générale adjointe en charge des Affaires civiles et sociales de l’Union pour la Méditerranée) - Source de l'article Huffpostmaghreb

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