T“elle est la question débattue par des intellectuels, des universitaires et des créateurs au cours d’une journée d’étude organisée tout récemment à Hammamet par l’Association pour la culture et les arts méditerranéens en collaboration avec l’association Brachylogia.
Au cours de ce débat, de nombreuses données consubstantielles à l’essence même des composantes fondatrices de l’identité tunisienne dans sa profondeur et son ancrage dans la Méditerranée ont été discutées et mises en lumière. Les intervenants ont souligné l’urgence qu’il y a pour conjurer les projets « made in ailleurs » dont les initiateurs essayent -vainement- d’étouffer la polyphonie culturelle qui a toujours caractérisé la culture tunisienne. L’urgence et l’actualité d’une démarche culturelle d’alerte et de réveil qui serait à même de donner aux Tunisiens les moyens de découvrir par eux-mêmes les dimensions méditerranéennes de la culture nationale, les implications politiques et sociétales de la Méditerranéité et sa cristallisation en termes de comportements individuels et collectifs au niveau de la rive Sud et la rive Nord de la Méditerranée.
Donnée programmatique de ce que pourrait être la Méditerranée aux couleurs du 21ème siècle, la Méditerranéité est le vecteur d’une citoyenneté méditerannéenne qui refuse que l’individu soit broyé entre les automatismes de l’horreur économique du libéralisme sauvage, les consolations illusoires du moralisme humanitaire et le piège dogmatique des identités meurtrières.
Donc, de la promotion de la Méditerranéité dépendent objectivement les conditions de possibilité présentes et futures d’une appartenance réellement méditerranéenne. Tendue vers cet horizon, le processus de construction de la Méditerranéité comme actualisation de la modernité de la culture nationale est de nature à ouvrir des perspectives – qui ne sont pas celles de certains élus à l’ANC- qui touchent pour l’essentiel, et sous divers angles, la démocratie sociale, la démocratie politique, les valeurs du rationalisme et de l’ouverture à l’universel.
C’est là que vient s’imposer de facto l’ouverture de chantiers culturels et intellectuels qui conduiraient à mettre en valeur tout ce qui rapproche les sociétés de la Méditerranée pour en faire une entité géopolitique qui aurait – sans hégémonie aucune d’une partie sur l’autre- son mot à dire par rapport à la marche de la civilisation humaine qui prend la forme de la mondialisation. C’est à partir du sentiment d’appartenance à la Méditerranée qu’il faut partir pour pouvoir individuellement et collectivement placer la refondation de cet espace géopolitique dans les conditions de notre temps. C’est ainsi qu’on pourra dépasser les malentendus de la Méditerranée et en faire un hymne au rapprochement des cultures et des peuples dans le désaveu des certitudes idéologiques et la mise en crise des gesticulations politiciennes exprimées au sein de l’ANC.
La Méditerranéité peut être perçue comme une utopie. Mais l’on sait que les utopies d’aujourd’hui constituent les vérités de demain pour paraphraser un poète. Une utopie, une autre Méditerranée possible où « je crois voir les deux rivages se rencontrer dans l’acte de création, comme se rencontrent les deux lèvres, ou comme se nouent les deux bras autour d’un même corps, une création qui dit à chacun de nous : tu seras toi-même seulement dans la mesure où tu seras l’autre», selon les mots du poète Adonis.
Le Je du sujet méditerranéen est toujours un autre. Les Méditerranéens sont semblables par les questions qu’ils posent, différents par leurs réponses .Et il n’y a rien de plus dangereux que quand le Multiple sombre dans un Un Totalitaire.”
Par Omar Ben Gamra - Source de l'article Tunivisions
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