Depuis 2006, date de la première édition de ce festival biennal, une thématique est choisie sur les écrits des femmes, ainsi, le conte dans les écrits des femmes a été retenu cette année pour cette 5ème édition organisée du 19 au 21 mars à Rabat par Le Féminin Pluriel.
Photo de Jacqueline Spaccini©2013 |
L’objectif est donc de pérenniser les contes, de montrer le rôle et l’engagement de la femme dans leur perpétuité, mais aussi de prouver que le conte raconté par la femme a une dimension différente du conte raconté par l’homme. Le conte étant subversif, revendicatif, éducatif et formateur.
Quant aux similitudes dans l’espace méditerranéen, il a été démontré dans plusieurs études au niveau de la Tunisie et d’autres pays. C’est d’ailleurs le but de ces trois jours du festival, dit Mme Dinia, lequel s’inscrit dans une dimension méditerranéenne. Un pont entre les rives de la méditerranée à travers l’écrit est dressé pour sonder les ressemblances et les différences et permettre l’enrichissement mutuel des deux rives. La méditerranée, centre du monde pendant toute l’antiquité, a permis des influences dans le sens horizontal et vertical .
Dans cette même optique, Mme Youcer Blayech, enseignante universitaire à l’Institut supérieur des langues à Tunis, agrégée des langues et littérature française, parle d’une œuvre capitale du sociologue tunisien Bouhdiba, publiée en 1994, qui a écrit l’imaginaire maghrébin dans le conte. Il a travaillé sur 10 contes tunisiens qu’il a traduits lui-même et mené une étude sociologique en Tunisie dont une ouverture sur le Maghreb. Une autre étude très intéressante a été faite par Jouili, anthropologue tunisien qui a travaillé sur « La mère messagère ». En plus, le conte très connu « maâza maâzouzia », existe au Maroc, en Tunisie et en Allemagne. Et dans le conte, l’essentiel c’est son adaptation au contexte sociétal, c’est la voix de la femme qui raconte.
Les contes et les écrits pour enfants sont l’une des écritures les plus difficiles, rapporte Mme Fadila Chabbi, poète et auteur sur la scène culturelle de la Tunisie depuis plus de 40 ans. Son œuvre majeure est poétique, elle écrit des romans et des contes populaires « al hikaya » pour les enfants, qui se transmettent de génération en génération dans les différents pays de la méditerranée. Chaque pays ayant ses propres spécificités, dans les contes populaires en Tunisie, la femme est omniprésente. Ces contes constituent le pilier de la famille et de la société. Le rôle des sociologues et des ethnologues est primordial pour sa préservation. Il y a énormément de similitudes entre les pays du Maghreb compte tenu du patrimoine commun : le patrimoine berbère et le patrimoine arabo-islamique, aux quatre pays du Maghreb.
Youcer Blayech, assure également que le conte est un rêve partagé essentiellement entre l’enfant et la femme, qu’elle soit sa mère ou sa grand-mère. La conception du conte tel qu’il était avant, la dimension orale du conte et l’importance de l’oralité dans la diffusion du conte dans le contact avec l’enfant aussi bien par la voix que par la mimique, ont été également mis en relief par Youcer. Le conte est également un outil de résistance pour la femme et d’évacuation des angoisses pour l’enfant. C’est aussi un lieu de préparation à la socialisation de l’enfant. En même temps qu’on lui apprend la transgression, on lui append le respect des règles morales pour assurer une socialisation parfaite, du moins correcte pour l’enfant quand il sera adulte. Elle a relevé par ailleurs la spécificité du conte tunisien par rapport au conte maghrébin en général. Si certains contes sont universels, il faut qu’ils soient adaptés au milieu culturel et géographique. Dans leur création, les contes tunisiens apprennent à déroger à la règle morale pour quelque temps, juste comme moyen de faire triompher le faible. Pour cela, on utilise le mensonge occasionnellement, la ruse chez la femme, mais à condition qu’elle reprenne, tout de suite après, les principes moraux. Parlant du festival, elle relève que l’événement en lui-même est très intéressant, dans la mesure où l’on s’aperçoit que, avec la mondialisation, le conte est un enracinement nécessaire dans la culture spécifique d’un pays car, on ne peut pas composer avec l’autre sans d’abord assimiler sa propre culture, c’est dommage, et ce n’est pas bien pour les enfants, ils sont en train de perdre leurs repères. Le premier contact est nécessaire, aussi bien avec la mère, la grand-mère, qu’avec le patrimoine. Cela ne veut pas dire qu’on devrait s’enfermer dans son patrimoine mais c’est une condition à l’ouverture.
L’universalité du conte sera débattu lors du festival, mais le plus important, c’est que le conte soit une adaptation au contexte culturel du pays et un enracinement, surtout pour un enfant qui voit le monde divisé en bon et en mauvais. Il a besoin de repères pour se construire.
Source de l'article l'Opinion Maroc
1 commentaire:
Bonjour. Je ne suis pas mentionnée parmi les intervenant(e)s, pourtant j'étais là, pour représenter l'Italie avec une communication sur la Fée de Pinocchio et la Princesse Sabledor : deux modèles de femme peut-être inconciliables...
N'importe.
En revanche, une photo qui m'appartient (et m'immortalise, avec ma partenaire comédienne Fabiana Spoletini, lors d'une représentation à Paris), une photo - disais-je - campe sur et égaye votre... ou plutô l'article de l'Opinion du Maroc.
Merci de dire que la photo appartient à : Jacqueline Spaccini©2013
Cordialement,
JS
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