Colloque Sciences Po Aix-en-Provence - Peut-on parler de politiques publiques religieuses en Europe et dans le bassin méditerranéen ?

Sciences Po Aix-en-Provence, France
3 Avril, 2014 - 4 Avril, 2014

Le point de départ de ce projet de colloque international renvoie à un constat empirique : celui de l’existence notamment entre les deux rives de la Méditerranée, d’une apparente convergence des politiques publiques en matière de prise en compte de la variable religieuse par delà les discontinuités institutionnelles et juridiques entre l’Europe, le Maghreb et le Machreq, en matière de valorisation institutionnelle du religieux (Etats séculiers versus Etats confessionnels, législations étatiques laïcisées versus législations étatiques mobilisant des éléments de la législation islamique) notamment en ce qui concerne le fait islamique. 
Quel que soit le régime institutionnel appliqué à la religion, l’action de l’Etat semble s’y déployer à travers quatre registres principaux : la gestion et/ou la surveillance des lieux de culte, la formation des clercs et l’élaboration de façon plus ou moins explicite d’un référentiel qui construit l’orthodoxie autour du principe de modération, enfin l’articulation entre droit étatique séculier et législation religieuse.

Là même où en Europe a priori la plupart des Etats ont censé avoir historiquement renoncé à toute velléité de s’adosser à une religion officielle et où du moins aucune institution religieuse n’est en mesure de peser directement sur l’agenda public, la question du religieux reste inscrite au centre de divers dispositifs publics (législations, rapports publics, programmes de partis politiques…) pouvant apparaître comme autant de vecteurs visant à définir les contours d’un religieux légitime (voir orthodoxe !) au sein de sociétés profondément sécularisées voire même laïcisées dans le cas de la France.

Dans ce colloque, notre projet vise à comprendre la fabrication d’un problème public à propos du religieux (en l’occurrence le fait islamique !) à partir d’une analyse des intentions ou des logiques d’action publique à l’œuvre dans l’élaboration de dispositifs institutionnels, législatifs et symboliques ciblant plus particulièrement l’expression religieuse de l’islam en Europe et dans le bassin méditerranéen, ainsi que l’analyse des types de référentiels mobilisés comme des types d’acteurs impliqués dans l’élaboration de ceux-ci et dans la production des dits dispositifs (ministres, fonctionnaires, sociologues, experts, entrepreneurs de cause, parlementaires…). Les politiques publiques ciblant le religieux mettent le plus souvent en scène à la fois la centralité de l’opérateur étatique, qui lui même compose avec d’autres opérateurs publics (Etats étrangers, universitaires…) tout en résultant également d’initiatives multiples impliquant des opérateurs privés plus ou moins périphériques par rapport au champ religieux visé (responsables communautaires, intellectuels organiques, experts…).

Ce colloque devrait également nous obliger à multiplier les angles de vue, les situations nationales comme les niveaux d’analyse (local, national, transnational, supranational) ainsi que la multiplicité des opérateurs publics et privés intervenant dans ces processus afin d’être en mesure de déboucher sur une grille d’analyse comparée de ces politiques, qui pour certaines s’inscrivent dans un continuum historique, là où ailleurs, elles sont encore au stade de l’élaboration, en train de se construire voire au stade de l’implicite sinon du non dit.

Nous retiendrons prioritairement les projets de communication portant aussi bien sur les sociétés européennes, là où l’islam est appréhendé en termes de minorité religieuse, que celles portant sur des sociétés méditerranéennes et au-delà (monde arabe principalement !), là où cette religion est davantage partie prenante d’une dynamique majoritaire.

La description et l’analyse de ces multiples dispositifs et des acteurs impliqués nous permettront de vérifier et de démontrer dans un premier temps en quoi et de quelle manière il est possible d’appréhender le religieux comme un objet de moins en moins périphérique dans la sociologie de l’action publique et des politiques publiques.

Nous veillerons ensuite à analyser comment des convergences semblent se dessiner dans la façon dont la puissance étatique entend notamment réagir et se redéployer par rapport à certaines mutations affectant le champ religieux en se dotant d’outils institutionnels et de dispositifs législatifs spécifiques qui sont tout autant des mécanismes produisant une vision normative du religieux légitime que des réponses à des demandes sociales relatives à l’islam et au contrôle de celles ci.

Source de l'article Ipsa

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