Dans la cité de Dieu, Saint Augustin, révèle que ce sont les pieux, ceux qui recherchent la grâce qui n’ont pas de raison de craindre l’avenir.
Au milieu d’un panorama de déliquescence mondiale et de nouvelles formes de souveraineté, la Tunisie s’est dotée d’un nouveau Premier Ministre, d’un nouveau gouvernement et d’une nouvelle constitution. Le pays s’attend maintenant à l’organisation d’élections législatives et présidentielles mais aussi à une situation politique apaisée conforme aux espoirs de sa jeunesse, de son peuple et à ses traditions de tolérance et ce, après une longue période fortement marquée par des crises et l’évanescence des antagonismes.
Dans un monde plus dangereux que jamais et où l’ordre politique est bousculé et même si l’histoire d’une nation ne se résume pas seulement à ses convulsions, la Tunisie au delà des définitions canonisées est le seul pays de ce qu’il est convenu d’appeler « le printemps arabe » à avoir réussi sa transition et en voie de parachever l’instauration d’un État de droit et des institutions. Cette « exception tunisienne » dans le paysage accidenté de ce « printemps arabe » est en grande partie redevable à la société civile qui s’est révélée active et dynamique. Cela a été, en effet, déterminant dans la mutation du pouvoir politique vers la raison démocratique mais aussi l’éclosion d’un champ véritable de liberté d’expression qui a permis de poser le curseur sur des questions stratégiques.
Le nouveau gouvernement tente par le déploiement de procédures d’actions, de configurer une gouvernance nouvelle. Celle-ci ne provoquera l’adhésion populaire que si elle trace les voies de modernisation auxquelles le peuple pourra s’identifier pour offrir une vision à la jeunesse et renforcer la cohérence sociale en réduisant les graves inégalités et les disparités régionales. Cette gouvernance nouvelle est une nécessité vitale. Elle doit être, dans ses fondements, porteuse d’égalité et de justice. Elle constitue aussi un rempart quant les intérêts privés tentent de prendre le pas sur l’intérêt général, quand la confusion entre finance et politique aboutie à leurs collisions et quand l’État tente de se livrer aux clans, aux partis et à la caste des financiers.
Faire le pari de la Tunisie
L’économie tunisienne certes, connait des difficultés importantes. Les fortes et violentes turbulences politiques et le climat social très distendu, l’ont affecté très durement. Et si le diagnostic des experts est sévère : dégradation des finances publiques, persistance des pressions sur la balance des paiements malgré une croissance réelle mais peu soutenable et une inflation en décrue récente mais reste élevée, l’on doit espérer que la très prochaine tenue de la conférence nationale économique permettra de dégager les réformes nécessaires tendant à instaurer un nouveau modèle de développement pour le pays aux fins d’améliorer la vie quotidienne du plus grand nombre des tunisiens et les conditions d’un bien être partagé.
C’est pourquoi il faut faire le pari de la Tunisie qui, grâce à son unité nationale, mais aussi à un réel cessez le feu des jeux faussement politique, à son remarquable potentiel créatif et un plan audacieux d’investissements d’avenir, connaitra la prospérité économique et la stabilité sociale.
Comme l'évoquaient les travaux de la XVII session du Forum International de Réalités*, l’Europe qui a consacré ses efforts à l’Europe orientale et n’a considéré le sud qu’au regard des questions migratoires et de sécurité, tente aujourd’hui, d’ajuster par le biais de sa politique de voisinage revue et corrigée, les orientations de ses relations euro-méditerranéenne au regard des processus de transition dans le monde arabe.
Il est vrai que les nouvelles réalités politiques dans la région méditerranéenne ont crée un nouveau contexte riche en défis et d’incertitudes pour l’Europe et rend hypothétique sa grande ambition de créer une « méditerranée européenne ». L’influence de l’Europe dépendra de la crédibilité et de la cohérence de son action extérieure.
*23 au 25 avril 2014 à Hammamet avec comme thème « la Tunisie dans le contexte euro-méditerranéen en mutation : islamisme, transitions démocratiques et mutations économiques. »
Par Salah Ghrairi, consultant pour la Méditerranée - Source de l'article Econostruminfo
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