Avec 22 escales dans 11 pays, la goélette de Tara parcourra près de 16 000 km entre Juin et Décembre 2014. Tara poursuit ainsi le travail de l’association MED qui a évalué que 500 tonnes de plastique, réparties en 250 milliards de particules de plastique de 0,3 mm à 5 cm, flottaient à la surface de la Méditerranée.
Au mois de Juin, la goélette Tara fera escale dans plusieurs villes françaises : Emiez, Nice, Villefranche sur mer, Monaco, Antibes, avant d’arriver à Gala Gonone en Sardaigne le 5 Juillet. S’en suivra un long parcours et plusieurs escales en Albanie, en Grèce, au Liban, en Israël, à Malte, en Tunisie, en Algérie, en Espagne, au Maroc et au Portugal, pour revenir à Lorient le 7 décembre.
La Méditerranée est une mer fermée et est ainsi sujette à de nombreuses pollutions. En cause ? Les 450 millions de personnes peuplant le Bassin Méditerranéen et le trafic maritime qui y représente 30 % du trafic mondial !
L’expédition Tara Méditerranée ambitionne de mieux évaluer la présence des micro-plastiques et leurs effets sur les écosystèmes marins dans la mer Méditerranée. Pour ce faire, elle fera des prélèvements en mer, de Gibraltar à Beyrouth. Des prélèvements de plastique et de plancton seront réalisés à l’aide d’un filet Manta, près des mégapoles, mais également au large.
Plastique et polluants font bon ménage
Lorsqu’un plastique est rejeté en mer, il se fragmente en éléments flottants de plus en plus petits. On retrouve un ensemble large de composés différents : polystyrène, polyéthylène, nylon, polyuréthane, polypropylène… Ces plastiques sont « des éponges aux polluants organiques persistants : PCB, dioxines ou des perturbateurs endocriniens », rappelle Gaby Gorsky, Directeur scientifique de Tara Méditerranée et directeur de l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer, partenaire de l’expédition.
Parallèlement à l’adsorption de ces polluants, les fragments de plastique sont colonisés par des micro-organismes (bactéries, algues, champignons et protozoaires), qui vont former un biofilm à sa surface. Au final, les polluants organiques persistants (POP) adsorbés sur le plastique peuvent être relâchés, notamment dans le système digestif de ces micro-organismes. Ces POP sont bioaccumulables, c’est-à-dire qu’ils s’accumulent dans leur organisme, laissant supposer qu’ils peuvent entrer dans la chaîne alimentaire. Ces fragments sont également charriés par les courants, certains jusqu’aux plages. Ils peuvent ainsi véhiculer des espèces exogènes ou invasives qui bouleversent les écosystèmes.
Mieux comprendre la pollution due au plastique
Les prélèvements réalisés par Tara Méditerranée vont permettre d’évaluer la répartition spatiale des fragments de plastique flottants de 0,3 mm à 5 cm. Les scientifiques à bord filtreront aussi directement de l’eau pour prélever et analyser les fragments plus petits. Environ 150 stations de prélèvements sont prévues jour et nuit. Chaque jour, au moins une station comportera entre 3 et 5 prélèvements par Filet Manta, dont 1 à 2 prélèvements de nuit. « On compte à peu près 150 stations, mais à peu près 400 à 500 échantillons », résume Gaby Gorsky.
Les différents types de plastiques rencontrés, ainsi que les polluants organiques persistants qu’ils renferment seront caractérisés. L’expédition s’intéressera aussi aux micro-organismes colonisant les plastiques. Enfin, elle déterminera la structure des écosystèmes du plancton en contact avec les fragments de plastique, le jour et la nuit.
Lors des escales, l’équipage sensibilisera les populations rencontrées. Les messages véhiculés seront notamment en lien avec la réduction de la pollution à la source via l’éducation, le recyclage, la promotion de l’économie circulaire et l’éco-conception. L’équipage s’efforcera aussi de promouvoir une gestion intégrée des bassins versants grâce au nettoyage des canaux et des rivières et militera pour l’interdiction du sac plastique à usage unique dans tout le Bassin.
Par Mathieu Combe - Source de l'article Natura Sciences
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