Les travaux du forum organisé par l’Association tunisienne des Economistes ( ASECTU ) à Hammamet, sur le thème « Les relations Europe-Méditerranée du Sud entre crise en Europe et mutations dans le Monde Arabe », ont démarré aujourd’hui 5 juin, en présence de S. E.Laura Baeza, Ambassadeur, Chef de la Délégation de l’Union européenne en Tunisie.
Mohamed Haddar (Au milieu) |
Ouvrant les travaux du forum, le Pr Mohamed Haddar a rappelé que ce sont les disparités régionales qui ont été à l’origine du soulèvement populaire ou de la révolution de janvier 2011. Il a déploré que les gouvernements qui se sont succédé ont manqué de vision claire dans la mise en œuvre des politiques de relance économique. En faisant référence aux expériences passées, il a d’abord mis l’accent sur l’importance des premières décisions, et à ce titre la Tunisie a manqué certaines opportunités.
Il a encore noté que ce sont les pays qui sont dotés d’institutions économiques, sociales et politiques solides qui ont réussi leur transition. Pour ce faire, il a mis en avant deux thématiques : le partenariat avec l’Union Européenne et le développement régional, pour mettre en place une croissance durable et inclusive.
Par la suite, Mme Laura Baeza a pris la parole pour exprimer sa satisfaction et féliciter le succès historique de la Tunisie en matière de promulgation de la Constitution, de transfert du pouvoir à des politiques de couleur différente, de liberté d’expression et de déroulement du Dialogue national. Toutefois, elle a souligné que la Tunisie connaît la frustration des transitions sur le plan économique, un chômage élevé, une absence de progrès des conditions de vie dans les régions défavorisées au niveau macroéconomique et des conditions globales et régionales difficiles. Elle a précisé tout de même que cette frustration est le propre de toutes les transitions, selon les travaux de Bretton Woods et de la Banque Mondiale.
La Tunisie a mis trois ans pour retrouver son PIB de 2010, alors que les pays de l’Europe de l’Est ont mis dix ans pour atteindre celui de 1989. Selon l’ambassadrice, la Tunisie a tout de même intérêt à renforcer ses fondamentaux macroéconomiques, à améliorer l’allocation de ses ressources à moyen terme et à entamer dans une perspective à long terme un processus de croissance inclusive. L’Union européenne compte non seulement contribuer par des apports financiers et techniques, mais aussi envisager une intégration plus poussée dans l’esprit de l’accord de libre-échange.
M. Hédi Arbi a rejoint Mme Baeza sur les difficultés de la transition et s’est prononcé en tant qu’universitaire et non pas au nom du gouvernement. Il a même invité les économistes à occuper le devant de la scène car, en ces temps difficiles, les politiques ont en quelque sorte évincé l’économique. Il a précisé que pendant ces trois dernières années, il y a eu une détérioration au niveau de la stabilité politique, de la sécurité - du fait des grèves et des sit in -, une fragilisation de la machine de l’Etat et une déresponsabilisation des Tunisiens. Il a noté que les prises de décisions sont de plus en plus difficiles et que tout ceci fait que le climat des affaires se détériore. Il a aussi signalé que le matelas de sécurité dont disposait la Banque centrale et qui a servi à financer la transition a tari, d’autant plus que la productivité qui était déjà faible ne s’est pas améliorée et que les équilibres macroéconomiques sont rompus. Il a précisé que ce qui handicape le plus la situation est le changement en matière d’économie politique, dans le sens que les rapports avec les acteurs sociaux sont devenus difficiles.
Le ministre reconnaît que les dividendes de la Révolution se manifestent dans une amélioration de la gouvernance politique, à savoir plus d’espaces de liberté, plus de justice sociale et plus de liberté d’expression. Il s’interroge sur la manière qui permet de canaliser ces énergies, pour régler les déséquilibres macroéconomiques, les lourdeurs institutionnelles et mieux gérer les rapports sociaux. Il prône un développement économique au service du progrès social, où l’on produit pour distribuer. Il plaide pour un secteur privé responsable, des partenariats public / privé, l’amélioration de la sécurité et l’Etat de droit. A cet effet, il invite lasociété civile à aider le gouvernement, en veillant à ce que la loi soit respectée.
Par Omar Ben Salah - Source de l'article l’Économiste maghrébin
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