La logistique, « levier essentiel de développement » pour le commerce et l’agriculture en Méditerranée

Le rapport Mediterra 2014, prônant le développement de la logistique en Méditerranée, a été dévoilé au cours de la conférence de l'Office de coopération économique pour la Méditerranée et l'Orient et du CIHEAM, "Diplomatie et coopération agricole en Méditerranée" du 29 avril 2014. Retour sur ses grandes orientations.

De gauche à droite : Pierre Massis, délégué général de l’OCEMO, Sébastien Abis, administrateur au CIHEAM, Cosimo Lacirignola, secrétaire général du CIHEAM et Pascal Bergeret, directeur de Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier  (photo A. Jousset)
De gauche à droite : Pierre Massis, délégué général de l’OCEMO, Sébastien Abis, 
administrateur au CIHEAM, Cosimo Lacirignola, secrétaire général du CIHEAM et Pascal 
Bergeret, directeur de Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier (photo A. Jousset)
Le Centre International des Hautes Études Agronomiques Méditerranéennes (CIHEAM) dévoile l’édition 2014 du rapport Mediterra « Logistique et commerce agroalimentaire, un défi pour la Méditerranée ». 

Ce rapport met en exergue l’importance de la logistique en matière de commerce et de sécurité alimentaire sur le pourtour méditerranéen. Le CIHEAM regroupe treize États membres de la Méditerranée. Avec 110 M€ de budget total mobilisé, quatre-vingt-dix projets sont en cours dans plus de cinquante pays. 

Si la sécurité alimentaire n’est pas un défi exclusivement méditerranéen, il se pose tout de même avec force dans cette région ; l’une des « plus déficitaires du monde en termes de produits agricoles », affirme le rapport. En 2012, dans les pays du sud et de l'est du pourtour, le total des importations s’élevait à plus de 50 mrds$, sept fois plus qu’en 1980. Cette dépendance peut tourner à « l’hyper dépendance » s’agissant des céréales notamment, puisqu’un tiers des achats céréaliers de la planète proviendrait du sud et de l’est méditerranéen ! 

Autre constat : alors que l’Europe exporterait de plus en plus en Méditerranée, la moitié des exportations de la zone est et sud du pourtour débarquent hors des frontières méditerranéennes. Ce déséquilibre profiterait notamment à la Russie. Le pays jouerait un rôle commercial fort dans les pays arabes méditerranéens. Chiffre à l’appui, le rapport démontre que près de 50% des exportations d’agrumes par le Maroc y seraient destinées.

Mutualiser les moyens et améliorer la logistique

Améliorer la logistique permettrait de réduire les dépendances en Méditerranée. Des « défis logistiques » se posent donc lors de l’échange de produits stratégiques (fruits et légumes, céréales, huile d’olive, viandes, etc.) en matière d’infrastructures utilisées pour le commerce (ports, corridors, chaîne du froid, etc.). Bien que des progrès aient été constatés en la matière ces deux dernières années par le CIHEAM, « il reste encore beaucoup à faire pour obtenir de meilleures performances dans un bassin méditerranéen où la pression sur les ressources est des plus inquiétantes », s'inquiète Pascal Bergeret, directeur de l'Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier. 

L’étude prône donc la mise en place « d’infrastructures modernes pour fluidifier les échanges, faciliter la circulation des marchandises et garantir une meilleure sécurité alimentaire ». Véritable « levier de développement », l’étude relève que dans les territoires dotés de solides et efficaces infrastructures, le problème de la faim se pose moins que dans les pays déficients sur le plan logistique. En Syrie, par exemple, « les déficiences logistiques, en plus de la diminution du pouvoir d’achat, ont aggravé les problèmes de faim dans le pays », affirme Pascal Bergeret. 

Sébastien Abis, administrateur au CIHEAM, émet lui aussi quelques recommandations. Les pays de la Méditerranée devraient, selon lui, renforcer leurs complémentarités. « Chaque pays du pourtour dispose d’atouts commerciaux indéniables et il s’agirait de les valoriser dans une logique commune. Malte par exemple est une formidable plateforme de redistribution des produits agroalimentaires en Méditerranée (…) Le Portugal, qui exprime régulièrement sa volonté d’être dans le débat des échanges méditerranéens, dispose aussi de nombreux atouts, dont celui d’être ouvert sur l’Angola ou encore le Brésil. Il faut chercher à mutualiser nos moyens ». Dans le transport maritime, utilisé dans la plupart des échanges agro commerciaux, « les capacités portuaires se multiplient en Méditerranée sans réelles complémentarités entre elles, ne leur permettant pas de rivaliser avec les autres ports européens. Au Port du Pirée par exemple, la reprise par les Chinois n’a pas permis de créer des emplois, car dorénavant tout est géré à distance. », regrette-t-il. 

La question du changement climatique pose aussi problème. « Avec l’augmentation de la population en Méditerranée et avec l’urbanisation, la fracture entre l’urbain, le rural, le littoral et l’intérieur des pays devrait se faire plus grande. Le CIHEAM et les pays doivent se pencher sur la question du développement rural, pour qu'il soit plus inclusif », ajoute Cosimo Lacirignola, secrétaire général du CIHEAM. « Les politiques de développement du commerce agroalimentaire doivent être jugées à l'aune de leur capacité à créer des emplois, de respecter l’environnement et d’être efficaces »,conclut-il. 

Par Astrid Jousset - Source de l'article Econostruminfo




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