Cette fois c’est le GVC (Gruppo di volontariato civile) une ONG italienne, en partenariat avec RTES (Réseau tunisien de l’Economie sociale) et le ministère de l’Agriculture tunisien, à travers le bureau d’Appui à la femme rurale, qui s’intéresseront aux femmes de Kasserine et de Sidi Bouzid. Cette frange sociale des plus vulnérables sera mise à l’honneur à travers le projet Eco de Femmes.
Un projet plutôt ambitieux
Egalité homme-femme, insertion de la femme dans la vie politique et économique, protection de la femme contre toute forme de violence, leadership féminin, empowerment sont les termes qui se répètent dans le cadre de projets d’économie sociale. Une notion qui désigne, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), « les entreprises et organisations- en particulier les coopératives, les mutuelles, les associations, les fondations et les entreprises sociales- qui ont comme spécificité de produire des biens, des services et des connaissances, tout en poursuivant des objectifs à la fois économiques et sociaux et de promotion de la solidarité. » Le Projet Eco de Femmes ne déroge pas à la règle. En effet, selon Mme Ilaria Mussetti, représentante de la délégation de l’Union Européenne, ce projet, financé par l’UE, permettrait d’accroître la participation de la catégorie féminine, importante même en nombre et constituant la majorité de la main-d’œuvre dans le secteur agricole, dans la vie économique et politique, une participation qui reste assez faible actuellement. Pour Mme Giorgiana Giacconi, coordinatrice d’Eco de Femmes, et représentante du GVC groupe, le projet fait partie d’un ensemble d’expériences que cette structure non gouvernementale a pu entreprendre en Afrique (Angola, Bénin, Mali, Maroc …), en Asie (Cambodge, Indonésie, Sri Lanka …), en Amérique latine (Argentine, Bolivie, Guatemala) et en Europe (Albanie, Serbie, Roumanie …).
Les actions du projet seraient centrées sur les coopératives rurales féminines de base, encore moins développées en Tunisie qu’au Maroc. « Les femmes, une fois qu’elles sont regroupées, travaillent mieux ensemble », indique Mme Giocconi. Les coopératives seront intégrées dans un réseau commercial de produits agroalimentaires structuré, ce qui permettrait aux communautés de tirer bénéfice de leurs productions agricoles. Le financement des microprojets ne sera pas octroyé sous forme de prêts, mais sous forme de financements à fonds perdus. Les besoins des femmes en formations (sur leurs droits, cours d’alphabétisation, santé…) seront également prévus, ainsi que des actions de sensibilisation du partenaire étatique, le ministère de l’Agriculture. De quoi réjouir les communautés rurales appartenant aux deux destinations choisies : Kasserine et Sidi Bouzid.
L’économie sociale, un secteur encore à l’écart
Mais l’économie sociale en Tunisie n’est pas encore à son heure de gloire. Pour M. Belaid Oueld Abdallah, président du RTES, malgré un nombre important de structures associatives, 14000 associations dont 201 coopératives et 41 mutuelles, peu sont réellement actives sur le terrain. Un constat imputé à de nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées les associations, comme la difficulté de trouver un local ou à lever des fonds. L’économie sociale regorgerait pourtant d’opportunités d’emploi. Cependant remarque M. Oueld Abdallah, il y a un manque en compétences dans la gestion de projets, malgré un taux de chômage élevé parmi les chômeurs diplômés. Un paradoxe constaté à partir d’une étude faite entre 2005 et 2007 et une absence d’un cadre juridique adéquat. « Même les décideurs ne connaissent pas la différence entre certaines structures sociales, telles que les coopératives et les mutuelles », ajoute-t-il.
Source de l'article l'Economiste maghrebin.
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