L’Afrique du Nord est une zone de transit pour les Subsahariens.
Le Maghreb, notamment le Maroc, devient aussi une terre convoitée par les migrants du Sud et même du Nord.
« En 2010, la situation aux frontières semblait maîtrisée. On avait alors, croyait-on, atteint l’étiage de basses eaux pour les migrations irrégulières », rappelle Mehdi Lahlou, professeur d’économie à l’Institut marocain de statistique et d’économie appliquée à Rabat, auteur de plusieurs études sur la question migratoire.
Notamment sous pression de l’Union européenne ou de certains de ses États membres, les pays du Maghreb ont adopté des lois sur le contrôle migratoire et la criminalisation des trafiquants. Ce fut le cas du Maroc en 2003, de la Tunisie en 2004, de l’Algérie en 2008.
Les contrôles aux frontières ont été considérablement renforcés, dans le cadre de la politique européenne et des accords bilatéraux, comme celui que la Libye de Kadhafi avait signé avec l’Italie de Berlusconi en 2008, ou celui scellant la coopération entre l’Espagne et le Maroc dans le cadre du « système intégré de vigilance extérieur », mis en place par l’Espagne et pleinement opérationnel depuis 2008.
« On revit en 2013 la situation qui prévalait il y a 10 ans »
« Puis tout a basculé. » L’économiste évoque les révoltes arabes de 2011, l’intervention en Libye, « qui est depuis lors devenue une vraie Somalie en matière de déficit sécuritaire et de déliquescence de l’État », le conflit au Mali, la guerre en Syrie, la dégradation de la situation économique et la pression démographique en Afrique subsaharienne qui augmentent la propension à migrer. « L’Afrique subsaharienne s’est accrue de 200 millions d’habitants depuis le début du siècle », souligne-t-il.
« L’on revit en 2013 la situation qui prévalait il y a une dizaine d’années. Malheureusement il y aura d’autres tragédies comme celle d’hier, s’inquiète Mehdi Lalhou. Parce que la situation est déstabilisée d’un côté et que, de l’autre, le système sécuritaire est opérationnel, la politique restrictive des visas est généralisée et la question sécuritaire s’est radicalisée. Il n’y a plus guère de moyens de gagner les pays européens autrement qu’au péril de sa vie. Nombre de migrants n’ont jamais vu la mer lorsqu’ils montent sur une embarcation. »
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