Enjeux politiques, économiques, environnementaux, sécuritaires, migratoires... de nombreux intérêts communs lient l’Europe à l’Afrique. Dans un tel contexte, un partenariat stratégique bicontinental est-il nécessaire ? Pour de nombreux experts, la réponse est oui. Explications.
Bien que la lutte contre le changement climatique soit un défi générationnel qui nous concerne tous, les enjeux actuels et la nécessité d'agir vite pour rendre la planète plus verte ne sont pas les mêmes pour toutes les régions du monde. Selon les experts du climat, l'une des zones géographiques les plus menacées par les conséquences directes et indirectes de la hausse constante des températures est le bassin méditerranéen. Conscients de la situation, le Maghreb et l'Europe du Sud ont créé une alliance solide ayant pour but principal de mener des actions concrètes conjointement pour préserver l'avenir de ce hot spot.
Pour limiter les dégâts causés par la dérégulation des températures et l'augmentation des gaz à effet de serre, une coopération entre pays n'est pas une option, mais une obligation. Dans ce sens, à l'occasion de la COP22 de Marrakech, l'Union européenne (UE) a rappelé l'importance de la solidarité financière qui doit perdurer entre les nations les plus riches et les plus pauvres. Sans les fonds verts, réagir est impossible pour de nombreux États insulaires.
Afin de montrer l'exemple et d'amorcer l'étape de "passage à l'action", l'UE a décidé de dédier 20 % de son budget 2014-2020, soit 180 milliards d'euros, à la lutte contre le changement climatique. À cette somme faramineuse, conformément à l'engagement pris à Lima en 2015, la Banque européenne d'investissement y ajoutera au moins 80 milliards d'euros d'ici 2020.
Grâce à ces apports financiers et à la détermination de l'empire chérifien à devenir un modèle à suivre dans la lutte contre le changement climatique, de nombreuses actions concrètes ont été réalisées durant ces dernières années, par exemple booster les programmes d'appuis budgétaires aux politiques sectorielles agricoles (1) et forestières du Maroc (2), moderniser les structures en charge du traitement des eaux (3), créer trois grands instituts de formation aux métiers des énergies renouvelables à Oujda, Tanger et Ouarzazate (4), faire de Chefchaouen une ville écologique (5) ou encore construire l'un des plus importants complexes solaires au monde dans le sud du pays (6).
Le partenariat Maroc-UE a donné des résultats positifs dans différents domaines liés les uns aux autres comme la construction d'infrastructures adaptées, la création d'emplois, la hausse de la productivité durable, la transmission des savoirs, le développement du green leadership du Maroc dans la région du Maghreb, la paix, la sécurité et la gouvernance démocratique.
Plus stable, plus puissante et plus regardée par le reste du monde, à l'heure où l'élève modèle du Maghreb se développe rapidement et soigne sa communication pour le faire savoir, l'UE est le premier partenaire commercial du Maroc. Sans surprise, ceux qui ont contribué à l'accélération de la modernisation du pays sont les premiers à en tirer bénéfice. Si les affaires se portent bien pour l'Afrique du Nord, il en va de même pour l'UE.
Pour les experts, l'idée d'aide par pure générosité des Européens envers l'Afrique relève de la fiction. Au-delà de l'enjeu de la survie de la planète, les politiciens de l'Occident souhaitent créer une coopération entre les deux continents pour pouvoir répondre dans l'avenir aux capacités d'employabilité d'une jeunesse formée selon les standards du Vieux Continent, pour développer les zones rurales et aussi pour améliorer les infrastructures en vue d'investissements privés - ce qui demande sécurité, transparence et respect de la loi.
Pour des raisons différentes, le Nord et le Sud ont donc tout intérêt à développer une stratégie de développement commune. Si l'Europe bénéficie de plus de fonds disponibles aujourd'hui, l'Afrique possède un autre atout de taille pour l'avenir : sa population... plus nombreuse, plus jeune, plus connectée, plus formée... une génération à part vouée à booster le développement économique de l'intérêt commun du bassin méditerranéen.
Par Martin Lozniewski - - Source de l'article Les Echos
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