L’ouverture des pays méditerranéens doit se poursuivre avec discernement, selon le rapport du FEMISE


La suppression des droits de douane et la réduction des barrières non tarifaires entre les pays méditerranéens et l’Union européenne stimulent-elles la croissance ? La réponse n’est pas aussi évidente qu’il n’y parait, d’après le rapport annuel 2012 du Forum Euro-méditerranéen des Instituts des Sciences Économiques (FEMISE) financé par l’UE, qui souligne la nécessité de poursuivre l’ouverture, mais avec discernement.
 
En 2013, l’Europe devrait saisir l’opportunité de la réforme de la politique agricole commune pour prôner une ouverture vers l’extérieur, notamment vers le sud de la Méditerranée, déclare le rapport Euromed 2012 du FEMISE. Dans le secteur agricole, les producteurs d’Afrique du Nord se plaignent de la persistance de barrières non tarifaires sous la forme de mesures sanitaires et phytosanitaires imposées par l’Europe afin de renforcer la traçabilité et l’étiquetage. Dans la pratique, elles se révèlent un frein aux exportations plus important que les tarifs douaniers eux-mêmes, ajoute le rapport. Les droits de douane se sont littéralement effondrés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, passant de 33% en 1993 à 1% en 2008. Il n’en demeure pas moins que« les pays méditerranéens tirent des bénéfices limités du démantèlement tarifaire », soulignent les chercheurs du Femise dans le rapport.
 
Ce phénomène ne touche pas seulement le secteur agricole mais également l’industrie manufacturière et les services. Pourtant, « la réduction des tarifs douaniers a eu un effet faible sur la productivité des entreprises», constate le rapport.
 
Prenant l’exemple des entreprises marocaines, le Femise souligne qu’une « baisse de 10 points des droits de douane a permis une augmentation de la productivité comprise entre seulement 0,5 et 1%. L’augmentation du taux de pénétration des importations n’a pas eu d’impact sur la productivité des firmes ».
 
Quels bénéfices ont tiré la Turquie, le Maroc, la Tunisie et l’Egypte de leur adhésion à l’organisation mondiale du commerce (OMC) ? Exporter davantage de biens et de services, favoriser l’accueil des investissements directs étrangers. L’ouverture s’est accompagnée d’un déséquilibre. Dans « La saison des choix », le Femise met en lumière l’asymétrie entre UE et pays méditerranéens. Les barrières non tarifaires sont en effet plus nombreuses côté européen.
 
Les obstacles techniques aux échanges concernent 28% des produits. « Les barrières non tarifaires sont le domaine où les pays méditerranéens ont un réel intérêt à coopérer et à s’entendre. S’ils mettent en place un système de standardisation crédible et reconnu par les principaux partenaires commerciaux et si, parallèlement, ils utilisent la reconnaissance mutuelle, les échanges sud-sud en seraient facilités», préconise le rapport.
 
Le rapport démontre enfin que le manque d’équipements, de laboratoires et de personnels qualifiés constituent autant d’obstacles à l’élaboration de normes homogènes. Là encore, l’Europe a un rôle à jouer dans le transfert des compétences.
 
Le FEMISE est un projet financé par l’UE qui entend contribuer au renforcement du dialogue sur les questions économiques et financières du partenariat euro-méditerranéen, dans le cadre de la politique européenne de voisinage et de l’Union pour la Méditerranée. Plus spécifiquement, le projet cherche à améliorer la connaissance des enjeux prioritaires dans les domaines économiques et sociaux et de leurs répercussions sur leurs partenaires méditerranéens dans le cadre de la mise en œuvre des accords d'association et des plans d'action avec l'UE. 
 
Pour en savoir plus
FEMISE – Site internet

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