Le cycle cinéma « Méditerranée(s), une traversée en images », de juin à décembre, trace quelques chemins pour embarquer les spectateurs du MuCEM vers les cultures, les histoires et les poétiques de la Méditerranée. Il est structuré autour de quatre thèmes : Traversées, Vivre en Méditerranée, Tragique, Figures et mythes.
C’est une des formidables possibilités du film, fiction ou documentaire, court ou long métrage que de nous faire accéder en même temps à l’histoire et à l’art. A l’occasion de ces séances, acteurs, cinéastes ou spécialistes viendront faire partager leurs émotions et leurs réflexions sur leur métier et leurs œuvres, évoquant ainsi la Méditerranée d’hier et d’aujourd’hui. Ces films seront projetés parfois en plein air pour des soirées festives, témoignant de la vie sur les diverses rives de la Méditerranée, des traverséesréelles ou imaginaires, ou reprenant encore la poétique de quelques grandes figures comme celle de Camus, par exemple, avec L’étranger de Luchino Visconti.
« Oui, croyez-moi, pour vivre dans la vérité, jouez la comédie » disait Albert Camus… c’est ainsi que Toni de Jean Renoir ou Bab el Oued city de Merzak Allouache mettent en scène la vérité des exils, la vie à Martigues d’immigrés italiens et celle des habitants du célèbre quartier populaire d'Alger et qu’un grand maître du cinéma grec, Théo Angelopoulos, nous propose la traversée en images du dernier jour de la vie d’un intellectuel accompagné d’un jeune albanais clandestin en Grèce avec L’éternité et un jour…
Traversées, encore, avec l’invention de la villégiature…La bourgeoisie invente le « voyage de formation, qui trouve son apothéose à Rome ou à Naples », la plage et les bains de mer et les artistes s’installent aux bords de la grande bleue pour y saisir la lumière et les paysages. Puis le tourisme de masse et la « civilisation des loisirs » prennent la place...
Le film de Roberto Rossellini, Voyage en Italie, qui retrouve, grâce à la récente restauration de la Cinémathèque de Bologne, son noir et blanc étincelant, leNicede Jean Vigo, et des images d’archives rares mais aussiBezness de Nouri Bouzid nous emmènent dans cet univers de contre-champs entre le sacré, le vulgaire et le commerce.
La Méditerranée est aussi lieu de musiques et source d’inspiration pour les cinéastes. Ainsi, parmi les grands, Martin Scorsese a souhaité restauré le film Transesd’Ahmed El Maanouni, qui l’avait longtemps accompagné avec son mélange de « poésie, de musique et de théâtre » en devenant pour lui l’objet d’une obsession, pour lui faire découvrir la culture marocaine …
A l’automne, nous plongeons dans le double regard cinématographique et poétique de Jean-Luc Godard et de Jean-Daniel Pollet et sa « comète Méditerranée » filmée. C’est Godard lui-même qui en dit : «Que savons-nous donc de cette minute superbe en Grèce, où quelques hommes, au lieu de ramener le monde à eux se sont sentis solidaires de lui... De cet instant à la fois décisif et naturel, le film de Jean-Daniel Pollet nous livre les clés les plus importantes... Car voici des plans lisses et ronds abandonnés sur l’écran comme un galet sur le rivage... puis comme une vague, chaque « collure » vient y imprimer ou effacer le mot souvenir, le mot bonheur, le mot femme, le mot ciel… ».
Les histoires de la Méditerranée nous feront aussi traverser et retraverser la mer intérieure de mythes en figures, de héros en imaginaires : parmi une quinzaine de portraits, en relation avec la programmation des débats Porteurs de rêve, Bonaparte vu par Youssef Chahine, Lord Byron vu par Nikos Koundouros, mais aussi les mythes et l’antique restitués par le cinéma dans leur magie première comme La momie de Shadi Abdel Salam. Nous essaierons de comprendre et de percevoir le tragique des guerres et des dominations en Espagne, en Italie, aux Moyen-Orient, dans les Balkans, à travers des œuvres-fleuve comme Novecento de Bernardo Bertolucci, en suivant Elio Petri avec son film sur la mafia A chacun son dû à peine sorti de restauration, en évoquant les voies mouvementées des révolutions arabes de Nasser à la Syrie d’aujourd’hui… mais aussi du côté des films d’intimité qui nous raconte les familles en même temps que l’histoire. Traversées d’un continent à l’autre qui ouvrent à la conscience d’être entre-deux, cultures, langues, pays, choix, vies, voyages…
Vivre en Méditerranée c’est aussi en arpenter les villes : villes cosmopolites, villes-port, elles seront traitées parfois avec une attention particulière (Beyrouth, Istanbul, Jérusalem, Sarajevo…), parfois les raisons d’une œuvre imposeront juste une halte (Naples, Casablanca, Tanger), ou encore elles seront présentes dans la force de l’histoire (Alger, Athènes).
Toutes les semaines des séances spéciales feront découvrir au jeune public les cultures, les civilisations, l’histoire de la Méditerranée à travers le cinéma. Elles exploreront des questions sensibles, historiques et sociétales pour développer leur esprit critique sur des sujets contemporains qui touchent au monde méditerranéen.
Les images des films courts traverseront ce cycle cinéma : en avant-programme en associant des regards et des formats différents, lors d’une nuit entière : La nuit du court-métrage méditerranéen veut être un temps fort et se déroule jusqu’à l’aube marseillaise avec des films en relation avec l’esprit du cycle. En partenariat avec le CNC et l’Agence du court-métrage, elle sera présentée, accompagnée par des invités et se terminera autour d’un petit-déjeuner offert.
Source de l'article Babelmed
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire