"La FAO veut accompagner une valorisation des animaux rustiques au Maghreb" Mlle Malak Hayder. Coordinatrice du séminaire, représentante de la FAO en Algérie
Quel est l'objectif de ce séminaire et quel rôle pour la FAO ?
Il s'agit d'un séminaire sous-régional dédié aux pays du Maghreb, avec la collaboration de l'université de Ouargla et du CREAD, nous avons ciblé une thématique d'actualité à trois points, à savoir «Les changements climatiques et leur impact sur la gestion des parcours de pâturage, la production et la santé animale». Nous allons nous focaliser sur les camélidés, les caprins et les ovins. La FAO veut définir une stratégie commune pour ces pays ayant plusieurs points communs, renforcer le secteur par un plan d'action pour les deux prochaines années à venir afin d'appuyer les pays dans plusieurs domaines, notamment la réorganisation de la profession, achever les projets de labellisation en cours, améliorer la résistance des races et encourager la transformation à valeur ajoutée par une valorisation des animaux rustiques au Maghreb.
Qu'est-ce qui est ressorti des rapports propres à chaque pays établis par les consultants de la FAO ?
Premièrement, l'existence d'une plate-forme commune aux pays maghrébins qui ont aussi en commun des atouts et des contraintes techniques, naturelles et de gestion très proches les unes des autres. Ce n'est pas une surprise, mais il y a des spécificités locales avec une vision assez proche. Il y a un faible encadrement technique avec un manque d'implication des différents intervenants : chacun gravite dans son espace et il y a des maillons en rupture, ce qui entrave le développement du secteur, nous nous focalisons sur les zones arides et semi-arides et nous voulons mieux impliquer l'administration, les chercheurs, les techniciens, les pastoraux. En plus, il faut améliorer la gestion de ces parcours et conserver le potentiel existant.
La vision dévalorisant les espèces rustiques favorise le bovin et l'ovin. Nous avons l'impression que c'est un facteur commun ?
En effet, cette vision existe d'autant plus les gouvernements ont tôt fait de définir des stratégies d'intensification de la production de lait et de viande dans les différents pays du Maghreb. Il y a donc eu l'introduction d'espèces à forte production comme la Holstein pour les vaches, tout en négligeant nos races rustiques parfaitement adaptées et bonnes productrices, d'où l'utilité de promouvoir les qualités de ce qu'on a, les produits de terroir, valoriser les races de terroir par la valorisation de leurs sous-produits.
Est-ce une nécessité pour l'autosuf- fisance ? A la sécurité alimentaire ?
Peut-être pas une nécessité pour le moment, mais un aspect à développer. Des projets sont en cours pour renforcer les acquis et éviter de délaisser le potentiel local en privilégiant l'importation. C'est une stratégie de la FAO mais aussi une demande qui s'est cristallisée avec le temps.
La communauté scientifique sait depuis longtemps ce qu'il y a lieu de faire et pointe du doigt le retard des décideurs. Comment allez-vous procéder pour impliquer les gouvernements ?
Nous sommes là pour appuyer les pays et les assister techniquement en cas de besoin. Les gouvernements incluent ce volet dans leur vision actuelle du développement et ont donné de nouvelles orientations qui tendent vers une valorisation du potentiel national, je suis convaincue que les années à venir seront celles des animaux rustiques, où une promotion de camelin, du caprin et de l'ovin de souche sera palpable et génératrice de richesses et d'emplois pour nos pays. Il y a deux mois, la Fao avait organisé une rencontre en Tunisie sur «le développement des races locales» et les pays du Maghreb étaient très intéressés.
C'est un point de vue qui veut assurer la productivité et l'autosuffisance avec les moyens du bord en valorisant des ressources qui ont toujours été là à attendre leur tour, surtout que maintenant les produits de terroir sont une mode mondiale. On recherche certaines viandes ; en Tunisie, par exemple, c'est le mouton noir de Tiba qui est très prisé pour son manque de cholestérol, même si c'est plus cher. C'est comme les produits bio en Europe, et le produit est labellisé, c'est une valeur ajoutée et notre consommateur en est conscient, il est à la recherche de produits ayant des caractéristiques gustatives, diététiques, mais aussi des produits de terroir qui lui rappellent son appartenance à une région, à un pays.
Source de l'aticle El Watan & Medafco
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