Échéances :
31 janvier 2014 : publication de l’appel à communication
15 avril 2014 : réception des résumés de communication et sélection (10-15 contributions)
15 septembre 2014 : réception des contributions et début du processus d’évaluation
15 février 2015 : réception de la version définitive des articles
15 mai 2015 : Envoi du numéro à l’éditeur
15 juin 2015: parution du numéro XII de L’Année du Maghreb (avec des varia)
2Ce dossier a pour ambition de faire le point sur les savoirs nouveaux apportés par la recherche et d’explorer différents champs et approches liées à la question urbaine dans les sociétés maghrébines. Cela passe par certains déplacements de l’analyse. Alors que la question des processus de fabrication de la ville a longtemps été centrale, l’analyse des pratiques urbaines en constitue une alternative en même temps qu’un prolongement et une interface dont on cherchera à déployer et mettre en perspective différentes dimensions : « La ville est sans cesse fabriquée, détruite et recomposée » (Roncayolo).
3Mais, plus qu’un changement d’angle de vue, le nouveau contexte ouvert par « les printemps arabes » a été, outre que politique, un fort révélateur de transformations socio-économiques et culturelles majeurs dans les sociétés maghrébines. Il nous interroge aussi bien sur le lien social (solidarités et sociabilités urbaines versus fragmentation, communautarisme) que sur les mobilisations habitantes dans des contextes d’ouverture de l’espace public, et ce en relation avec un certain ébranlement de systèmes politiques marqués jusque là par l’autoritarisme.
4Dans l’idée de proposer un état de la question, les approches novatrices, expérimentales, ou celles qui reprenant les approches plus classiques, les renouvellent ou les prolongent auront leur place dans ce dossier. Celui-ci sera attentif à prendre en considération différentes modalités et objets pour étudier les villes du Maghreb dans leurs diversités, leurs complexités, leurs mutations en cours et leurs contradictions.
Le contexte : l’actualité de la question urbaine au Maghreb
5Le fait urbain est au cœur des mutations que vit le Maghreb. Espace de vie de près de 65% de la population au Maroc, en Algérie et en Tunisie, de 80% en Lybie et de 42% en Mauritanie, les villes ont connu un essor considérable. En quelques décennies le phénomène d’urbanisation a été massif, rapide et parfois brutal tant les bouleversements dans les modes de vie et les structures sociales ont été profonds.
6Ce nouveau cadre, toujours en transformation, est le lieu de nouveaux liens sociaux, de nouvelles urbanités – mais aussi de tensions qui tiennent tant aux contextes locaux qu’à celui de la globalisation : les enjeux pouvant aller de la question du logement à celui de l’accès inégal aux biens matériels et symboliques, en passant par toutes les formes et degrés de l’appropriation de l’espace.
7Produit des transformations de la société, la ville est elle-même génératrice de profondes mutations sociales. Son caractère dynamique expression de sociétés urbaines en formation, les tensions diverses qui la caractérisent interpellent tant les mutations sont importantes ; ces dernières œuvrant aussi bien au niveau de l’ordre spatial, de l’organisation sociale, des modes de vie et des relations avec « l’ailleurs ». Autant de défis communs à relever pour les sociétés maghrébines.
8Cette complexité du fait urbain maghrébin est renforcée par une impression d’inachèvement, expression de sociétés urbaines en recomposition, sinon en formation. Les villes apparaissent souvent comme des ensembles où se juxtaposent plusieurs tissus, sans articulations congrues, et formant une « totalité fragmentée ou désordonnée ». La discontinuité entre les différents tissus de la trame urbaine et la dimension hybride de ces villes « toujours en chantier » attestent de la ville en devenir.
9Les années 2000 ont été plus particulièrement marquées par un renforcement des métropoles, accompagné par un fort étalement urbain. Un contexte qui se singularise par une avancée dans la demande de logement (pression du droit au logement des populations les plus pauvres) et l’offre qui s’en est suivie (réglementaire par d’ambitieux projets de relogement et « non réglementaire » par l’explosion qu’il a connu durant les périodes de relâchement des autorités), surtout dans les périphéries ou dans de nouvelles agglomérations qualifiées de villes nouvelles. Ainsi, de nouvelles urbanités apparaissent dans ces nouveaux espaces de la marginalité.
10La population des villes est de plus en plus hétérogène. Ses besoins et ses revendications de plus en plus forts prennent des formes diversifiées que la recherche urbaine s’efforce de comprendre. De nouvelles urbanités émergent, issues des pratiques quotidiennes des différents groupes sociaux qui font et vivent la ville. Comprendre ces nouvelles urbanités, c’est rentrer de plain-pied dans l’étude des vécus urbains, des tensions et des territorialités qu’expriment les sociétés, les groupes et les individus qui habitent et transitent dans les villes, qui font la ville « par le bas ».
Thématiques et domaines. Regards croisés
11Pour saisir cette complexité, les portes d’entrée sont nombreuses. Les processus de production de l’urbain, du bâti et des espaces constituent, parmi d’autres, des cadres d’analyse.
12La réflexion, jusqu’au début des années 2000, a longtemps porté sur les processus de fabrication de ces villes s’interrogeant notamment sur la question des dualités spatiales opposant les tissus européens ou coloniaux et les tissus « traditionnels », les espaces programmés et les tissus informels. Depuis plusieurs années, les travaux s’intéressent de plus en plus aux vécus urbains et tendent à sortir de cette vision duale de la ville, en considérant les compromis qui résultent des pratiques d’appropriation et de réappropriation de l’espace urbain. L’intégration des tissus spontanés à la structure urbaine, le brouillage permanent qui existe entre formel et informel, licite et illicite, rendent souvent inopérante ce type d’approche.
13Ces sociétés urbaines en formation conduisent aujourd’hui à un déplacement de l’analyse privilégiant l’entrée « par le bas », vers les pratiques urbaines et les territorialités, les impacts sur les modes de vie, la construction des identités sociales, l’émergence de nouvelles cultures urbaines et urbanités.
14Les villes se transforment en se développant. Ainsi pourront être appréhendés les nouveaux et les anciens tissus, la paupérisation et/ou la gentrification de certains quartiers ou marges urbaines, les processus de réhabilitation et de rénovation, la reconfiguration des grands ensembles et des quartiers pavillonnaires, les espaces bidonvillois, les périphéries, les centres ou les lieux de nouvelles centralités, la création de nouveaux services urbains.
15Cette analyse des spatialités et de la construction des territoires urbains appelle à être enrichie au regard d’autres perspectives. Les modes de vie, les pratiques et les temporalités urbaines, les territorialités, les représentations sociales et les imaginaires induits ou générés par la ville y compris les formes d’art urbains, les mobilités et les ancrages dans la ville, l’avancée des mouvements sociaux, les formes de manifestation et de contestation (du pouvoir), le rapport entre l’espace conçu ou voulu (celui des concepteurs, des décideurs, des promoteurs, des auto-constructeurs et des différents usagers de la ville) et l’espace vécu, les appropriations et les requalification des espaces publics, la question de la gestion quotidienne des cadres de vie, les recomposition socio-spatiales induites par les effets des nouvelles migrations (notamment subsahariennes, mais non seulement) vers les villes du Maghreb, sont autant de thèmes qui pourront s’inscrire dans le dossier. Les articles pourront ainsi porter sur une grande diversité d’objets.
16C’est à travers une double perspective, à la fois pluridisciplinaire et comparative, et tout en étant particulièrement attentif à inscrire la réflexion dans l’actualité brûlante des enjeux que la question urbaine constitue pour les sociétés maghrébines que nous proposons ce dossier. Notre ambition est de favoriser les approches transversales aux sciences humaines, de proposer une réflexion sur l’état des savoirs et des lieux et ainsi stimuler de nouvelles pistes de recherche.
17L’histoire, l’anthropologie, la sociologie, la géographie, l’architecture, l’urbanisme, l’économie, les sciences politiques, mais aussi les études culturelles, seront convoquées pour permettre une présentation, une confrontation, un croisement des différentes approches, qui tentent de saisir la ville en tant que processus.
18Divers domaines d’investigation seront présentés. Échanges de positions théoriques et méthodologiques, analyse de résultats de terrain sont attendus des contributions. Tout en estimant et en voulant montrer que la recherche urbaine au Maghreb est plurielle, le point commun sera d’apporter de nouveaux regards et savoirs en privilégiant quatre entrées.
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merci de renseigner le formulaire en ligne avant le 15 avril 2014
merci de renseigner le formulaire en ligne avant le 15 avril 2014
Par Saïd Belguidoum, Raffaele Cattedra et Aziz Iraki, « Dossier de recherche XII | 2015 :
Villes et urbanités au Maghreb » : http://anneemaghreb.revues.org/1985 ;
Source de l'information l'Année du Maghreb
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