Le Maroc peu compétitif sur l’offshoring informatique - Le secteur s’installe jour après jour dans la crise

Alors que l’on se félicite de la part du ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies des performances «au-dessous des objectifs fixés» du secteur de l’offshoring, les professionnels du secteur de l’offshoring informatique tirent la sonnette d’alarme sur l’avenir de leur secteur. Qui, selon eux, commence à s’installer dans la crise. 

En effet, le ministère de tutelle qui espère multiplier le chiffre d’affaires de cette branche par trois reste les bras croisés devant ce secteur qui fait face à une concurrence acharnée de la part de plusieurs pays européens. 
C’est en fait l’un des secteurs qui a souffert de la crise en Europe où les coûts de la main d’œuvre se sont réduits sous l’effet de la récession. En fait, les coûts des ingénieurs ont été pratiquement divisés par deux dans des pays comme l’Espagne et le Portugal, qui concurrencent directement le Royaume sur ce segment. Ce qui a, évidemment, rendu le Maroc moins compétitif qu’avant dans le secteur de l’offshoring informatique. 
Face à cette situation alarmante, ledit ministère a publié dernièrement un communiqué dans lequel il s’est félicité des résultats actuels du secteur, entre autres, la réalisation d’un chiffre d'affaires de 7,3 milliards de dirhams et la création de 57.000 emplois (loin de l’objectif de 70.000 emplois), qui ne sont que le fruit du travail de son prédécesseur. 
Et pourtant, il devait repenser ou réorienter ce volet de la stratégie de développement industriel étant donné que ce secteur demeure l’un des secteurs clés de l’économie du Maroc. 
Le ministère de tutelle, qui a déclaré vouloir faire du Maroc un hub de l’offshoring en Afrique, reste impuissant face à des opérateurs qui se séparent de leurs partenaires et d’autres en difficulté. 
Il se trouve actuellement dans l’obligation de s’adapter avec les nouvelles donnes du marché en capitalisant sur des atouts autres que l’abondance de la main-d’œuvre qui ne constitue plus un avantage comparatif devant la concurrence ibérique. 
«On ne peut pas rester sur le même package de 2007, il est temps de revoir l’offre offshoring», s’est insurgé dernièrement Saloua Karkri Belkziz, directrice d’une entreprise pionnière dans ce domaine au Maroc. 
Et d’ajouter que les défis et les problèmes ne sont pas les mêmes. «Au départ, il n’y avait pas de ressources humaines qualifiés, ce qui n’est pas le cas actuellement. Un changement de stratégie s’impose donc plus que jamais», a-t-elle précisé. 
Le ministère, optant pour la facilité, a initié un plan national de formation. Pour exemple, le programme «Call Academy», destiné à répondre aux besoins des centres d'appels en matière de formation en langue française. Et ce, afin d'accompagner l’évolution du secteur des centres d’appels sans compromettre celui du développement informatique dont les retombées peuvent être bénéfiques. 
Rappelons que la stratégie nationale en la matière vise un chiffre d'affaires à l'export de 20 milliards de dirhams d'ici 2015 et la création de 70.000 emplois sur la période 2009-2015, et ce pour atteindre près de 100.000 emplois à terme. 
Dans ce sillage, le département de M. Amara a, tardivement, réagi en lançant une étude sur l'évaluation de la mise en œuvre de la stratégie offshoring en vue d'apporter un ajustement des ciblages métiers et marchés et de la proposition de valeur Maroc. Pendant ce temps, les opérateurs nationaux, en difficulté, doivent compter sur leurs propres capacités pour éviter la crise.

Par Mohammed Taleb - Source de l'article Libération Maroc

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