Les pays tablent sur des partenariats public-privé pour accélérer les investissements dans les infrastructures. Ces gros projets sont cependant peu pourvoyeurs d’emplois.
Jamais la volonté politique n’a été aussi affirmée, mais jamais les investisseurs n’ont été aussi frileux. Si le G8 a promis la semaine dernière à Deauville 20 milliards d’euros pour l’Égypte et la Tunisie, révolution rime plutôt pour l’instant avec punition.
Les annonces d’investissements directs étrangers (IDE) ont chuté de 50 % dans ces deux pays au premier trimestre 2011 par rapport au premier trimestre 2010, de 27 % pour le reste des pays méditerranéens non européens, selon l’Observatoire des investissements et partenariats en Méditerranée.
« La transition démocratique se traduit par un effet récessif, mais nous sommes très optimistes », affirme tout sourire Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI) dont le bras financier en Méditerranée, la Femip, tenait conférence lundi à Casablanca au Maroc.
Pas d'alternative au partenariat public-privé
Évaluant à 200 milliards d’euros les besoins d’investissements alors que « les nances publiques sont contraintes », il défend ardemment les vertus des partenariats public-privé (PPP) (Mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des capitaux privés pour financer et gérer un équipement assurant un service public).
« Nous n’avons pas d’alternative aux PPP pour accélérer la réalisation des projets dans l’énergie, les transports, l’assainissement, l’agriculture, la santé ou l’éducation, con rme Salaheddine Mezouar, ministre marocain de l’économie et des finances. On peut ainsi par exemple améliorer l’offre de santé sans tomber dans le travers des cliniques privées hors de prix. Cela permet de mutualiser les ressources et de partager les risques entre le public et le privé.»
Et la BEI d’évoquer quelquesuns des derniers chantiers emblématiques de la Méditerranée auxquels elle a donné de gros coups de pouce, tels le port Tanger Med au Maroc (957 millions d’euros), l’adduction d’eau pour alimenter la capitale jordanienne (780 millions d’euros) ou l’usine de dessalement de l’eau de mer de Sorek en Israël (324 millions d’euros).
De fortes exigences pour l'administration
Les divergences idéologiques font partie du passé, selon la BEI. Les neuf pays méditerranéens partenaires (hors Turquie et Libye) sont tous favorables à l’effet de levier permis par les PPP. L’État engage moins d’argent et les entreprises y trouvent leur compte en réalisant des marges modestes mais garanties à long terme.
Maroc, Tunisie, Égypte et Jordanie se sont proposés à Casablanca pour être pays pilotes et pourraient ainsi bénéficier d’un soutien logistique européen, qui devra être entériné lors de la réunion des ministres des nances le 12 juillet.
Car les PPP sont d’abord des montages d’une extrême complexité pour veiller au bon équilibre entre le public et le privé, gérer le risque d’inflation et de variations de taux de change, harmoniser les législations et recourir, en cas de litige, aux arbitrages internationaux plutôt qu’à la justice locale qui fait fuir les investisseurs. « Cela suppose une administration forte capable de négocier et une tolérance zéro en matière de corruption », admet Philippe de Fontaine Vive.
Parfois un manque de résultat
Or les PPP ne sont pas exempts de ratés. Telle la délégation de service public de distribution d’eau de Casablanca confiée à Lydec (Lyonnaise des eaux de Casablanca) vertement épinglée par la cour des comptes marocaine ; le complexe touristique marocain de Saïdia, station balnéaire en partie fantôme, ou encore l’aéroport tunisien d’Enfhida, qui tourne à vide.
« De plus, les investissements directs étrangers sont très capitalistiques et très peu créateurs d’emplois. Le paradoxe est que l’on ne prête pas aux moyennes et petites, voire très petites, entreprises, là où se situent les gisements d’emploi », déplore Benedict de SaintLaurent, conseiller scientifique d’ Anima, le réseau euro-méditerranéen d’acteurs du développement économique.
Par Marie VERDIER - LaCroix.com
Source http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Economie/Les-pays-mediterraneens-cherchent-des-investisseurs-_EP_-2011-06-01-620952
Jamais la volonté politique n’a été aussi affirmée, mais jamais les investisseurs n’ont été aussi frileux. Si le G8 a promis la semaine dernière à Deauville 20 milliards d’euros pour l’Égypte et la Tunisie, révolution rime plutôt pour l’instant avec punition.
Les annonces d’investissements directs étrangers (IDE) ont chuté de 50 % dans ces deux pays au premier trimestre 2011 par rapport au premier trimestre 2010, de 27 % pour le reste des pays méditerranéens non européens, selon l’Observatoire des investissements et partenariats en Méditerranée.
« La transition démocratique se traduit par un effet récessif, mais nous sommes très optimistes », affirme tout sourire Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI) dont le bras financier en Méditerranée, la Femip, tenait conférence lundi à Casablanca au Maroc.
Pas d'alternative au partenariat public-privé
Évaluant à 200 milliards d’euros les besoins d’investissements alors que « les nances publiques sont contraintes », il défend ardemment les vertus des partenariats public-privé (PPP) (Mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des capitaux privés pour financer et gérer un équipement assurant un service public).
« Nous n’avons pas d’alternative aux PPP pour accélérer la réalisation des projets dans l’énergie, les transports, l’assainissement, l’agriculture, la santé ou l’éducation, con rme Salaheddine Mezouar, ministre marocain de l’économie et des finances. On peut ainsi par exemple améliorer l’offre de santé sans tomber dans le travers des cliniques privées hors de prix. Cela permet de mutualiser les ressources et de partager les risques entre le public et le privé.»
Et la BEI d’évoquer quelquesuns des derniers chantiers emblématiques de la Méditerranée auxquels elle a donné de gros coups de pouce, tels le port Tanger Med au Maroc (957 millions d’euros), l’adduction d’eau pour alimenter la capitale jordanienne (780 millions d’euros) ou l’usine de dessalement de l’eau de mer de Sorek en Israël (324 millions d’euros).
De fortes exigences pour l'administration
Les divergences idéologiques font partie du passé, selon la BEI. Les neuf pays méditerranéens partenaires (hors Turquie et Libye) sont tous favorables à l’effet de levier permis par les PPP. L’État engage moins d’argent et les entreprises y trouvent leur compte en réalisant des marges modestes mais garanties à long terme.
Maroc, Tunisie, Égypte et Jordanie se sont proposés à Casablanca pour être pays pilotes et pourraient ainsi bénéficier d’un soutien logistique européen, qui devra être entériné lors de la réunion des ministres des nances le 12 juillet.
Car les PPP sont d’abord des montages d’une extrême complexité pour veiller au bon équilibre entre le public et le privé, gérer le risque d’inflation et de variations de taux de change, harmoniser les législations et recourir, en cas de litige, aux arbitrages internationaux plutôt qu’à la justice locale qui fait fuir les investisseurs. « Cela suppose une administration forte capable de négocier et une tolérance zéro en matière de corruption », admet Philippe de Fontaine Vive.
Parfois un manque de résultat
Or les PPP ne sont pas exempts de ratés. Telle la délégation de service public de distribution d’eau de Casablanca confiée à Lydec (Lyonnaise des eaux de Casablanca) vertement épinglée par la cour des comptes marocaine ; le complexe touristique marocain de Saïdia, station balnéaire en partie fantôme, ou encore l’aéroport tunisien d’Enfhida, qui tourne à vide.
« De plus, les investissements directs étrangers sont très capitalistiques et très peu créateurs d’emplois. Le paradoxe est que l’on ne prête pas aux moyennes et petites, voire très petites, entreprises, là où se situent les gisements d’emploi », déplore Benedict de SaintLaurent, conseiller scientifique d’ Anima, le réseau euro-méditerranéen d’acteurs du développement économique.
Par Marie VERDIER - LaCroix.com
Source http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Economie/Les-pays-mediterraneens-cherchent-des-investisseurs-_EP_-2011-06-01-620952
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