Fondation DUCCI - Des réflexions pour une nouvelle Méditerranée

La Fondation italienne Ducci, engagée dans la promotion du dialogue des cultures, avec une référence particulière à la rencontre des communautés intellectuelles du monde arabo–méditerranéen avec les pays européens, a organisé les 22 et 23 octobre à Fès, la première édition des «Incontri Fes», dont le but est de lancer le débat sur la nécessité du dialogue culturel entre les deux rives de la Méditerranée, dans cette conjoncture spéciale marquée par de profondes mutations politiques et économiques.
Un an après avoir inauguré à Fès son premier siège hors d'Italie, la fondation Ducci choisit encore la capitale spirituelle du Royaume pour abriter cet événement. «Le choix de Fès pour la tenue de la première édition des «Incontri Fes» dans le contexte actuel, où le monde arabe et l'Islam sont au centre de l'attention, souvent méfiante, de l'opinion publique n'est pas fortuit, parce que c'est une ville impériale qui détient l'une des cultures les plus anciennes et les plus sophistiquées du monde islamique», explique Ruggero Vimercati Sanseverino, islamologue, membre de la Fondation Ducci.

Cette manifestation a été marquée par l'organisation d'un symposium sur le rôle du dialogue interculturel dans la mise en place d'une nouvelle approche de coopération euro-méditerranéenne.
Paolo Ducci, ancien diplomate et président de la Fondation, a indiqué que l'importance de cette Fondation dans le dialogue interculturel entre les religions et les cultures se reflète à travers sa volonté de renforcer et d'approfondir la coopération et les relations de partenariat entre les pays du nord et du sud de la Méditerranée.
Présent à ce symposium, Fathallah Oualalou, ancien ministre des Finances et de la Privatisation, a tenu en sa qualité d'économiste à analyser la situation actuelle des pays du nord et du sud de la Méditerranée et à exprimer sa vision des perspectives de partenariat entre les pays des deux rives. «2011 a été une année très particulière pour la Méditerranée.
D'un côté, l'Europe méditerranéenne qui gère des difficultés de l'après-crise financière mondiale; et de l'autre côté, les pays sud-méditerranéens qui se retrouvent face à une revendication du peuple et notamment des jeunes de plus de démocratie et d'une amélioration de la gouvernance politique et économique.
Cette situation représente une belle opportunité pour rapprocher les pays de la Méditerranée, afin de construire ensemble une nouvelle Méditerranée volontariste, démocratique, autour des valeurs démocratiques et en même temps une Méditerranée capable de créer des conditions de rayonnement économique et social pour l'ensemble des pays», a-t-il précisé.
« Les changements enregistrés dans plusieurs pays du Sud de la Méditerranée, comme le Maroc dont la nouvelle Constitution est un exemple de civilisation et de démocratie, vont constituer une grande chance pour l'Europe, avec les nouvelles lois de développement économique qui vont être créées dans les deux rives de la Méditerranée», a-t-il ajouté.

M. Oualalou a toutefois déploré le fait que pendant les 40 dernières années, l'Europe a tourné le dos à la Méditerranée et ne s'est pas intéressé aux questions politiques, notamment la question palestinienne. «Nous avons le sentiment que le partenariat euro-méditerranéen n'a pas avancé comme il le fallait. L'Europe s'est retrouvée dans une mauvaise situation économique parce qu'elle ne s'est pas réellement investie en Méditerranée. Pour preuve, lors des 5 dernières années, le taux de croissance des pays du Sud de la Méditerranée est devenu supérieur à celui des pays nord», a-t-il expliqué.

Et d'ajouter : « Face aux limites du partenariat euro-méditerranéen défini à Barcelone en 1995 et au manque de visibilité de l'Union pour la Méditerranée mise en place en 2008 et avec le nouveau rôle que commencent à jouer certaines puissances émergentes, la Méditerranée a besoin de créer un pôle fort et homogène autour d'une logique méditerranéenne. L'Europe a ainsi besoin de la Méditerranée pour dépasser ses fragilités structurelles et le Sud de la Méditerranée a besoin de l'Europe pour se réformer, se moderniser, se démocratiser, sortir de la logique de l'économie de rente et diversifier son tissu industriel afin de réussir l'intégration dans le monde d'aujourd'hui.»

Par ailleurs, consciente dans le rôle de l'art dans la promotion du dialogue des cultures, la Fondation Ducci a réservé le deuxième jour des «Incontri Fes» à une programmation artistique de choix. Outre l'exposition d'art intitulée «Venise en bleu» par la Princesse Nike Borghese, le public fassi a eu rendez-vous dans les jardins du Palais Jamais avec le concert musical «De Parthenias à Naples» interprété par l'ensemble italien «Pentamerone» .
«Kassr Annoujoum», un espace culturel italien à Fès
La Fondation Ducci a inauguré en octobre 2010 à Fès son premier siège hors d'Italie. Il s'agit d'un Riad intitulé «Kassr Annoujoum», situé à l'ancienne Médina et aménagé pour devenir un espace culturel destiné à abriter des tables rondes, des conférences et des symposiums mais aussi à accueillir les chercheurs provenant des différents pays européens qui effectuent des séjours d'études au Maroc et qui ne ménageront aucun effort pour promouvoir un dialogue de la paix permettant la naissance de véritables synergies.

Par Afaf Razouki - LeMatin.ma
Source - http://www.lematin.ma/journal/Rencontre_Des-reflexions-pour-une-nouvelle-Mediterranee/158120.html
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Repères
- La Fondation Ducci est une initiative de Paolo Ducci, un ancien diplomate italien
- L'objectif de la Fondation est l'organisation des événements culturels dans le domaine des arts, de la musique et du théâtre.
- La Fondation s'active dans les domaines économique, social, culturel et à l'établissement des liens entre les différents courants philosophiques et religieux en Europe et dans d'autres régions du monde, en particulier dans la région du Proche-Orient et du monde arabe.

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