10 jours de reportage en immersion à Marrakech pendant la Cop 22 pour 15 jeunes reporters venus du Maroc, Tunisie, Algérie et France. Ils travaillent, vivent et débattent ensemble. Et c’est quelque fois intense…
Du 7 au 18 novembre 2016, des jeunes reporters citoyens de France et du Maghreb se sont retrouvés à Marrakech pour couvrir la Conférence internationale sur le climat. Au-delà de l’expérience journalistique, une série d’échanges et de rencontres qui les marqueront durablement.
Novembre 2016, le Royaume du Maroc accueuillait la Conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP22. Un an après le Sommet de Paris, unanimement salué comme un évènement historique, la communauté internationale – Etats, entreprises, organisations de la société civile, journalistes – s’était donnée rendez-vous au Maroc pour un « sommet de l’action ». 20000 personnes venues de 197 pays, et parmi elles des jeunes reporters citoyens : 6 jeunes de quartier populaire d’Île-de-France, 6 jeunes marocains, 3 jeunes algériens et 3 jeunes tunisiens.
Comme l’explique Philippe Rio, maire de Grigny en Essonne, partenaire de Reporter-Citoyen depuis 5 ans : « Souvent les inégalités sociales et écologiques vont de pair. Réduire la fracture énergétique et la fracture sociale, c’est un même combat ». Le changement climatique est donc une affaire qui ne doit pas laisser indifférents les quartiers populaires : « Leurs habitants sont les premiers concernés par les pollutions », poursuit-il. Les médias citoyens sont aussi le reflet d’une époque où Internet a bouleversé la donne en permettant aux citoyens, hier cantonnés au rôle de récepteurs, de devenir producteurs d’informations. C’est le sens du travail engagé par Reporter Citoyen (France), Jaridaty (Tunisie), Algérie Focus(Algérie) et Anfass (Maroc) dans leur pays. Et c’est aussi le sens du projet Reporters Transméditerranée qui leur donne régulièrement l’occasion de collaborer pour couvrir des événements internationaux comme la COP22.
« On est au Maroc. On découvre, on vit et on kiffe », résume en quelques mots francs Ndeye Samb M’Boro de Paris. Pendant une dizaine de jours, les reporters citoyens ont sillonné les rues de Marrakech, se sont emparés de la problématique du développement durable pour rédiger des articles ou filmer des reportages, et surtout ont fait de mémorables rencontres. Alexandre n’oubliera pas de si tôt François Paulette, chef amérindien, et Rufino Lim, prêtre sud-coréen, venus défendre la cause du climat. Senem se souviendra longtemps du temps passé avec Abdelkebir, paysan du village de Douar Skoura, à 30 kilomètres de Marrakech, qui l’a initiée aux principes de l’agroécologie.
Mais la rencontre qui les a le plus remués est sûrement celle avec les reporters de l’autre rive de la Méditerranée (Cf. reportage vidéo). Que ce soit dans les moments de joie ou dans des moments plus introspectifs. « Vous avez comme une armure. Ca vous empêche d’être vous-mêmes, leur a plusieurs fois asséné Abdou Semmar, rédacteur en chef d’Algérie Focus. Nous qui venons de pays très compliqués, on ne se dit pas que c’est impossible. Vous avez du talent. Utilisez-le ! » Ou quand la jeunesse maghrébine vient en renfort de la jeunesse de quartier francilienne.
En 2013, déjà dans le cadre de Reporters Transméditerranée, Engueran Dubroca, jeune reporter citoyen de Saint-Denis, avait vécu une expérience similaire avec la Tunisie. Il la résumait ainsi : « En découvrant les cultures différentes, on fait tomber les murs de crainte qui nous cloisonnent. Et en comprenant le monde, on finit par se connaître pleinement ». Quatre ans plus tard, l’énergie est intacte.
Par David Eloy (Co-Coordinateur de Reporter Citoyen)
Source de l'article La Telelibre
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